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Les effets indésirables du recyclage

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 231 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 14/12/2022
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La Wallonie pourrait devenir la capitale européenne du recyclage à en croire l'avis positif du CEO du Groupe Comet, mais aussi les perspectives du Projet Win4C déposé dans le cadre de la stratégie de spécialisation intelligente de la Région wallonne, selon un article paru dans le journal l'Echo de ce mercredi 07 décembre 2022.

    En effet, d'une part la Wallonie dispose d'une fameuse longueur d'avance sur ses voisins européens, par ailleurs, les moyens sont mis pour attirer dans notre région les flux des déchets de l'Europe. Aujourd'hui, pas moins de 136 projets sont en cours d'élaboration avec déjà des avancées significatives pour certains, notamment dans le cadre d'une entreprise de recyclage de l'aluminium.

    C'est à priori une bonne nouvelle tant pour la Wallonie d'un point de vue économique, mais aussi pour l'environnement et les défis auxquels, aujourd'hui, nous devons faire face pour assurer une planète viable aux futures générations.

    Pourtant, gouverner, c'est prévoir et l'histoire nous a parfois appris qu'une solution pouvait aussi amener son lot de problèmes. En effet, récemment, nous pouvions prendre connaissance des travaux du Professeur Coulembier de l'UMons qui dans le cadre d'un projet d'analyse sur les effets du recyclage des plastiques, semble démontrer que d'une part, il est plus coûteux de le recycler, mais que les impacts sur l'environnement sont loin d'être négligeables, tel que rejet massif de CO2, émission de particules toxiques lorsqu'il est mélangé à certains additifs, dégradation progressive de la matière première… Ainsi donc, le recyclage du plastique, dans l'état actuel, n'est pas la solution miracle que l'on peut penser, toujours selon le chercheur, la procédure entraîne une longue série d'effets indésirables, souvent inconnus du grand public.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance des travaux de recherche du Professeur Coulembier et le cas échéant, quelle est son analyse sur cette question ?

    Ces travaux s'inscrivent-ils aussi dans le cadre du projet Win4C et sont-ils aussi soutenus par la Région wallonne ?

    A-t-elle été informée des éventuels effets indésirables du recyclage et le cas échant, quelles mesures sont envisagées en vue de lutter contre ?
  • Réponse du 26/01/2023
    • de TELLIER Céline
    Le plastique, ou plutôt devrait-on dire les plastiques (il en existe une centaine de types différents), sont des matières constituées de polymères composites. Par conséquent, il existe plusieurs filières de recyclage et de valorisation des plastiques, qui sont plus ou moins développées, selon la composition des plastiques et les secteurs d’activité concernés.

    Les impacts environnementaux des activités de recyclage du plastique en Wallonie (et en Europe plus globalement) sont bien maîtrisés du fait notamment de l’application des réglementations relatives au permis d’environnement. Ces impacts peuvent varier en fonction de la nature des plastiques à traiter et des procédés de recyclage utilisés. Ils peuvent être estimés et simulés via des analyses de cycle de vie, dont les résultats permettent aussi d’optimiser les technologies de recyclage, en vue d’augmenter leur efficience environnementale.

    Afin de respecter les principes de l’échelle de hiérarchisation des modes de gestion des déchets de Lansink, qui sont repris dans la réglementation, il convient d’abord de réduire les quantités de plastiques utilisés (en quantités absolues, mais aussi en termes de diversité de polymères). Ainsi, en matière de prévention, il est possible d’appliquer des mesures de prévention dites quantitatives ou qualitatives. Une mesure qualitative complémentaire à celles existantes serait de limiter (ou d’harmoniser) les types de plastiques utilisés par secteurs, afin de faciliter la circularité des matières. Ce type d’approche est en cours de développement dans le secteur automobile, qui a choisi par exemple de limiter à moins de 20 les différents types de plastiques utilisés.

    Ces initiatives préventives et d’éco-conception/construction ne doivent pas empêcher les producteurs et recycleurs de poursuivre leurs efforts d’amélioration des processus de valorisation des déchets plastiques, en vue de limiter au maximum leurs impacts directs ou indirects indésirables. Le professeur Coulembier et ses équipes semblent s’inscrire dans cette démarche d’amélioration continue, qui vise à trouver de nouvelles voies de recyclage et de traitement des plastiques en vue de limiter ou d’éliminer les externalités négatives constatées aujourd’hui dans certaines filières de retraitement.

    Ses travaux sont par ailleurs financés par une chaire privée au sein de l’Université de Mons. Quant aux projets WIN4C, ils bénéficient, de par leur appartenance et leur regroupement en Initiative d’innovation stratégique (IIS) d’une labellisation et d’un accompagnement qui leur facilite l’accès à des financements wallons ou européens, sans toutefois les garantir.