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Les investissements de la Wallonie dans la cryptomonnaie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 245 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 16/12/2022
    • de LEONARD Laurent
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La Région wallonne aurait investi en 2021, via le fonds d'investissement public WING by digital Wallonia, environ 150 000 euros dans une start-up liégeoise de la cryptomonnaie, Logion, et ce, en échange de « tokens ». Ce n'est pas la première fois que ce fonds investit dans la blockchain, puisque celui-ci a déjà investi dans le fonds Tiago capital en 2020.

    L'objectif affiché était d'accélérer le développement de la blockchain en Wallonie et de dynamiser l'écosystème qui était alors en train d'émerger.

    Suite à la baisse récente des cours de différentes cryptomonnaies comme le Bitcoin ou l'Ether à cause, notamment, de la faillite de FTX, la région, via WING by digital, ajustera-t-elle sa stratégie d'investissement dans la blockchain ?

    Qui plus est, depuis ces investissements, le contexte énergétique a évolué puisqu'une crise sans précédent a secoué notre économie et a mis à rude épreuve les secteurs à forte consommation énergétique.

    Or, Il est communément admis que la technologie nécessaire au fonctionnement de la « blockchain » est particulièrement énergivore. Au regard des difficultés rencontrées par les entreprises énergivores et des questions sur le futur de notre approvisionnement énergétique, est-il toujours opportun pour la région d'investir dans le développement de la blockchain ?

    En outre, investir dans cette technologie à haute consommation énergétique ne serait-il pas dommageable d'un point de vue écologique ?
  • Réponse du 10/01/2023
    • de BORSUS Willy
    Pour rappel, la blockchain est un registre numérique qui permet de stocker et de transmettre de manière sécurisée des données de manière décentralisée. L’un de ses premiers usages a effectivement été l’échange de Bitcoins auquel l’honorable membre fait référence, mais la blockchain est utilisée depuis de nombreuses années dans d’autres usages tels que la gestion de contrats (ou d’actes divers), l’organisation de chaînes d'approvisionnement, la gestion d’identités numériques ou la création de systèmes de votes en ligne. Voici quelques exemples parmi des centaines d’applications courantes et actuelles de la technologie blockchain qui ne se limite plus à l’échange de cryptomonnaies depuis longtemps.

    Cette technologie peut offrir de nombreux avantages en termes de transparence, de sécurité et d’efficacité. Par exemple, elle peut permettre de réduire les coûts liés aux transactions (pas uniquement numéraire, donc) en éliminant la nécessité de tiers de confiance. Elle peut également permettre de rendre les processus de contrôle et de gestion de la chaîne d'approvisionnement plus efficaces et surtout plus transparents et plus sûrs en permettant une meilleure traçabilité et en réduisant les risques de fraude.

    Du point de vue stratégique, la blockchain peut également avoir un impact important sur les entreprises et les pouvoirs publics. Par exemple, elle peut être utilisée pour créer de nouveaux modèles économiques en permettant la création de plateformes décentralisées qui révolutionnent les relations entre les acteurs économiques. Elle peut également être utilisée pour renforcer la sécurité et la transparence des processus de gestion des identités numériques, ce qui peut être particulièrement important dans le domaine de la sécurité. Enfin, elle peut être utilisée pour créer de nouvelles formes de participation citoyenne sécurisée en ligne.

    Puisqu’il aborde l’aspect environnemental de la technologie, je soulignerai que la blockchain peut également participer à la préservation de l’environnement, par exemple, en permettant de suivre et de vérifier les pratiques durables de l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement, de l'extraction de matières premières jusqu'au produit final…

    En ce qui concerne plus spécifiquement les questions liées au fonds W.IN.G by Digital Wallonia, il est important de souligner que sa stratégie porte sur le développement d’applications à valeur ajoutée issue de la technologie blockchain et non pas dans la cryptomonnaie. L’investissement réalisé par le W.IN.G dans la start-up Logion, de même que les investissements réalisés par le fonds Tioga, ne porte pas sur de la spéculation sur des crypto-actifs.

    Il est crucial de différencier la technologie blockchain et de ses nombreuses applications, en l’occurrence les cryptomonnaies auxquelles il fait référence. En ce sens, le recul du cours du Bitcoin ou de l’Ethereum n’a aucune forme d’importance sur la blockchain, car il n’a aucun impact sur la pertinence de la technologie. La blockchain continuera d’être soutenue en Wallonie tant qu’elle représente un avantage technologique pour nos entreprises et nos pouvoirs publics, au même titre que la cybersécurité et l’intelligence artificielle, sans égard à la spéculation des marchés.

    En ce qui concerne la consommation d'énergie, la grande majorité des blockchains utilisent des mécanismes de consensus peu énergivore. Là aussi il est important de dissocier la technologie de certains de ses usages. En indiquant que la blockchain est consommatrice d’énergie, il fait à nouveau référence au Bitcoin et non à la technologie elle-même.

    Or, la Wallonie n’investit pas un centime dans le Bitcoin et nous n’en faisons aucunement la promotion. On notera toutefois à ce propos que l’Ethereum – seconde plus grande cryptomonnaie -, vient d’opérer une transition du protocole proof of work vers le proof of stake, ce qui permet de réduire la consommation énergétique liée aux calculs de l’ordre de 99 %.