/

Le suivi de la grippe aviaire en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 239 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 16/12/2022
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La Province de Liège a été particulièrement touchée par des cas de grippes aviaires chez des faisans il y a quelques semaines. Une crainte de la propagation de la maladie était redoutée.
    Depuis d'autres foyers, au sein d'autres provinces ont été détectées.

    Ces cas de grippe aviaire ont sans nul doute été provoqués par des lâchers en vue de la chasse.
    En Flandre, cette pratique est interdite.

    Une étude a-t-elle été réalisée sur l'impact du lâcher de faisan sur la biodiversité en Wallonie ?

    Où en est-on concernant l'évolution des cas de grippe aviaire sur notre territoire ?

    Existe-t-il une cartographie des lieux touchés ?
  • Réponse du 25/04/2023
    • de TELLIER Céline
    Le suivi de la grippe aviaire est de compétence fédérale pour les oiseaux domestiques et régionale pour les espèces sauvages, en ce compris les faisans de Colchide une fois lâchés dans la nature.

    Le laboratoire national de référence est Sciensano qui centralise les analyses aussi bien sur les animaux sauvages que domestiques. La carte de distribution des cas diagnostiqués positifs au virus est accessible sur le site Internet de Sciensano. La situation en décembre 2022, par rapport à 2021, montre un nombre beaucoup plus élevé de cas en Wallonie.

    La situation semble s’être stabilisée au niveau des trois gros foyers de grippe aviaire détectés chez des faisans issus de lâchers cet automne à Clavier, Frasnes-lez-Anvaing et Soignies, lesquels avaient conduit à une interdiction temporaire de la chasse pour limiter l’expansion du virus. Cependant, la situation épidémiologique au niveau européen et belge continue à nécessiter une vigilance et surveillance accrue par rapport à l’apparition éventuelle de nouveaux foyers.

    Il convient de préciser que l’origine des foyers de grippe aviaire détectés dans les groupes de faisans lâchés pour la chasse reste incertaine et pourrait provenir de l’avifaune sauvage. Néanmoins, les densités artificiellement élevées de faisans ont sans nul doute facilité la propagation de la maladie au point d’avoir un impact probablement non négligeable sur la faune sauvage (rapaces et autres espèces).

    Outre différentes références à l’étranger sur le sujet, l’impact en Wallonie des densités importantes de faisans sur les reptiles a été documenté dans un article paru en 2022 dans le Bulletin de la Société herpétologique française. Cette étude met en évidence un risque d’impact significatif des lâchers de faisans sur des populations d’espèces de reptiles. En effet, les résultats suggèrent que les lézards et les serpents ont disparu des zones soumises à des lâchers massifs

    de faisans de Colchide et indiquent que la disparition des faisans sur un site est suivie après quelques années du retour d’une espèce répandue de lézard.

    Le nombre et la densité de faisans lâchés pour la chasse, la taille et l’environnement de la zone où ces animaux sont lâchés, ainsi que les méthodes utilisées pour les lâchers sont autant de facteurs pouvant influencer leur impact.

    Si ces lâchers s’accompagnent parfois d’impacts positifs liés aux éventuels aménagements de l’habitat entrepris ou encouragés par le chasseur, les lâchers massifs de faisans génèrent différents impacts négatifs.

    Outre les impacts directs de prédation de la faune indigène et les risques sanitaires, d’autres impacts négatifs des lâchers massifs de faisans sont soit directement imputables aux oiseaux lâchés (réduction de la flore au sol, eutrophisation du sol ou des eaux de surface, compétition avec d’autres espèces, risques sanitaires…), soit imputables à l’activité cynégétique (impact de la grenaille de plomb sur l’environnement, et cetera)

    De plus, les lâchers d’oiseaux gibiers issus d’élevage présentent des risques pour les populations sauvages de ces espèces : ils peuvent entraîner une augmentation de la pression de chasse sur les populations sauvages et/ou une pollution génétique des populations sauvages par l’apport de souches d’origine étrangère.