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Le statut de la laitue d’eau

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 240 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 16/12/2022
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La laitue d'eau, longtemps considérée comme néfaste, serait finalement bénéfique pour l'environnement. Après de longues années de recherche, une méthode a été mise au point afin de décontaminer des eaux polluées grâce à ces plantes qui ont la particularité d'absorber les composés métalliques des plans d'eau.

    La laitue d'eau était pourtant reprise dans la liste d'espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l'Union européenne.

    Et pourtant, depuis 2011, nombreux sont les Wallons qui cherchent à se procurer cette plante.

    Quel est le statut de cette plante en Wallonie ?

    Est-elle la seule plante en voie d'être reconsidérée et peut-être intégrée ?

    Cette plante est-elle testée en Wallonie dans le cadre de la lutte contre certaines pollutions ?

    Quelle est la stratégie de la Cellule interdépartementale sur les Espèces invasives face à la laitue d'eau ?
  • Réponse du 31/05/2023
    • de TELLIER Céline
    Le Règlement d’exécution (UE) 2022/1203 de la Commission européenne du 12 juillet 2022 relatif à la mise à jour la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union prévoit d’inclure la laitue d’eau (Pistia stratiotes) dans cette liste. Cette décision se fonde sur une analyse de risque détaillée réalisée par l’Organisation européenne de protection des plantes qui établit que cette plante native d’Amérique du Sud représente un risque phytosanitaire et un risque environnemental élevé dans toute la région méditerranéenne avec un niveau de certitude élevé.

    À la suite du dérèglement climatique, ce risque est appelé à s’étendre également à la zone atlantique. Les tapis denses qu’elle forme à la surface de l’eau éliminent les autres plantes aquatiques, asphyxient les milieux aquatiques, gênent la navigation et constituent des sites de reproduction privilégiés pour plusieurs espèces de moustiques vectrices de virus pathogènes. À ce jour, le risque environnemental pour la Wallonie est limité dans la mesure où la plante ne peut y établir de populations pérennes, car elle est sensible au froid hivernal.

    Dès que la laitue d’eau sera intégrée à la liste des espèces préoccupantes pour l’Union, elle ne pourra plus être importée en Europe, commercialisée, mise en situation de se reproduire, ni introduite dans l’environnement naturel. Elle ne pourra donc plus être distribuée par les jardineries qui la vendent aujourd’hui ni introduite dans le cadre de projets de phytoremédiation. Elle devra aussi être éliminée là où elle se développe.

    Plusieurs études attestent effectivement que la laitue d’eau est une plante intéressante pour la phytoremédiation en zone subtropicale dans la mesure où elle accumule fortement l’arsenic et les métaux lourds comme le zinc, le cuivre et le cadmium. Cette fonction est cependant beaucoup plus faible dans nos régions à cause du caractère gélif de la plante. Plusieurs plantes aquatiques indigènes comme les lentilles d’eau (Lemna spp.), le myriophylle en épis (Myriophyllum spicatum), le potamot à feuilles pectinées (Potamogeton pectinatus) ou la massette à larges feuilles (Typha latifolia) présentent toutefois des propriétés similaires et peuvent être utilisées pour bioaccumuler les métaux lourds en Wallonie. L’utilisation de ces plantes indigènes est donc à privilégier.