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Les balises pour concilier énergies renouvelables et agriculture

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 385 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 20/12/2022
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Accroître notre indépendance énergétique est devenu un enjeu socio-économique majeur pour notre Région, dans le contexte actuel d'inflation et de dépendance à l'international. Face au dérèglement climatique, la sortie des énergies fossiles, et le développement des énergies renouvelables ne sont pas une option : c'est une nécessité.

    Certains agriculteurs peuvent contribuer à cette indépendance énergétique. La FUGEA s'est positionnée sur la question du développement des énergies renouvelables dans le cadre d'une agriculture durable.

    Parmi les possibilités de production énergétique étudiées, on retrouve : la biométhanisation, la production d'agrocarburants, l'agri-voltaïsme, ainsi que la pose de photovoltaïques sur les toitures agricoles.

    En bref, la FUGEA demande la mise en place d'une série de balises pour rendre compatibles production alimentaire durable et production énergétique verte. Elle est soucieuse de la concurrence avec la production nourricière, de l'augmentation des prix, et spécifiquement que les questions du prix des terrains agricoles et de l'accès à la terre soient prioritairement prises en compte.

    En Région wallonne, quelles sont les formules possibles alliant énergie et agriculture ? Les différentes pistes possibles sont-elles à l'étude ?

    Comment atteindre un seuil de production intéressant pour favoriser l'indépendance énergétique ?

    Quels objectifs se donne le Gouvernement en termes de gaz issu de la biométhanisation dans le réseau ?

    Sous quelles balises le développement de l'agri-voltaïsme pourrait-il être envisagé ?

    De plus, la production d'énergies renouvelables, et sa mise en place sont techniques, et représentent une charge mentale additionnelle pour les agriculteurs. Le conseil et l'accompagnement de ceux-ci me paraissent donc cruciaux.

    La création d'un guichet énergie, à destination des agriculteurs, est-elle à l'étude ? Par exemple au sein des guichets énergie existants, ou via le SPW agriculture. Si oui, sous quel calendrier ?
  • Réponse du 18/01/2023
    • de HENRY Philippe
    Je remercie l’honorable membre pour sa question et nous sommes bien alignés sur son introduction : développer des énergies renouvelables n’est plus une option, mais une nécessité.

    De plus, je comprends bien sûr les préoccupations du monde agricole : le développement des énergies renouvelables doit se faire d’une façon bien cadrée, aboutissant non pas à une concurrence, mais à un win-win entre production alimentaire locale et production d’énergie locale. Nous y travaillons, dans l’écoute et dans la concertation avec tous les acteurs, et tout particulièrement avec le secteur agricole.

    Si elle est bien réfléchie et bien encadrée, la production d’énergie par et avec le secteur agricole peut être une source durable de revenus complémentaire pour ce dernier.

    Ainsi, concernant les applications du photovoltaïque dans le monde agricole, mon cabinet a tenu une réunion de réflexion approfondie avec la FWA, FJA, UNAB, FUGEA, Canopea et Edora le vendredi 9 décembre dernier. L’échange a mis en évidence des préoccupations communes, dont l’important sujet de l’impact de l’agri-voltaïsme sur le prix des terrains agricoles, dans un contexte général de spéculation financière.

    Par contre, le placement des PV sur les toitures de hangars agricoles est un sujet soutenu par tous, mais sur lequel un appui est demandé : de nombreux agriculteurs, par défaut d’information sur les possibilités et conditions, estiment que l’installation de PV sur leur hangar n’est pas envisageable financièrement.

    Mettre en place un facilitateur spécifique est une solution que nous sommes en train d’envisager.

    Dans les pays environnants, l’agri-voltaïsme est encadrée assez strictement, notamment sur l’obligation d’obtenir une production agricole égale, voire supérieure avec l’introduction de PV. Il s’agit de bases d’inspiration utile, que nous sommes en train d’étudier.

    À condition d’avoir évité l’écueil de l’impact sur le prix du foncier, en fixant un bon cadre sur les projets agri-voltaïsme, comme fournir un projet concret sur plusieurs dizaines d’années, ces projets pourraient d’être bénéfiques pour le secteur agricole, car le porteur de projet sera contraint d’assurer sa production agricole sur une longue durée.

    Concernant la biométhanisation c’est évidemment une filière pleine de promesses. La capitalisation du potentiel que constitue le lisier, les fumiers ou les déchets agricoles doivent permettre, dans une certaine mesure, de nous affranchir du gaz naturel en offrant de nouvelles perspectives de valorisation pour le secteur. Le tout, bien évidemment, en respectant la hiérarchie des usages et le potentiel que constitue, aussi ces effluents et déchets pour l’enrichissement des sols.

    Une étude réalisée par VALBIOM montre l’énorme potentiel et nous étudions actuellement les meilleures pistes pour le valoriser, soit en usage direct, soit en usage local, soit au travers d’injection sur le réseau de gaz naturel.