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La filière 30 heures en auto-école

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 138 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 20/12/2022
    • de AGACHE Laurent
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    À l'origine en 2018, la filière d'apprentissage 30h était destinée aux demandeurs d'emploi qui devaient décrocher leur permis de conduire dans l'urgence pour obtenir un job.

    Cet accès direct semble avoir séduit un public beaucoup plus large. Selon la dernière enquête de l'Institut Vias, il apparaît que 11 % des Wallons âgés de 18 à 30 ans ont opté pour cette filière de 30 heures en auto-école suivies immédiatement de l'examen pratique.

    Il s'avère que l'Institut Vias est opposé à une telle généralisation de cet accès direct, car sur ces 30 heures, six sont réservées à l'apprentissage des manœuvres. Le candidat ne serait donc sur la route que 24 heures.

    De plus, les heures prestées avec l'instructeur le sont en journée pendant la semaine, ce qui ne permet pas de faire face à toutes les conditions de conduite. Un jeune qui a décroché son permis cet été de cette manière risque d'avoir des difficultés avec les conditions actuelles de circulation : pluie, chaussées glissantes, luminosité faible, conduite de nuit, et cetera.

    Toujours d'après Vias, si l'on peut comprendre la démarche à la base d'une filière destinée aux demandeurs d'emploi, elle est aujourd'hui utilisée par des gens qui ont les moyens financiers de payer 30 heures de cours pratiques sur la route. Après l'avoir envisagé, la Région flamande a décidé de ne pas instaurer l'accès direct en 30 heures.

    Quelle est l’analyse de Madame la Ministre de cette situation ?

    Partage-t-elle l'analyse de Vias qui considère que cette filière risque de mettre sur la route des conducteurs pas assez aguerris et formés ?

    Partage-t-elle l'option choisie par la Flandre de ne pas instaurer ce programme en 30 heures ?

    Sinon, que met-elle en place pour que ce programme ne soit pas dévié de son objectif initial, à savoir permettre à des demandeurs d'emploi de pouvoir obtenir rapidement un permis de conduire pour les aider dans leur recherche d'emploi ?

    Compte-t-elle suivre la décision de nos voisins flamands ?
  • Réponse du 16/01/2023
    • de DE BUE Valérie
    La formation a pour vocation d'accompagner les candidats dans leur apprentissage à la conduite d'un véhicule. Cette formation se déroule afin que les apprentis acquièrent progressivement les compétences de maîtrise du véhicule, d'intégration harmonieuse dans la circulation comprenant différents types d'usagers et d'autonomie nécessaire pour des déplacements en toute sécurité.

    La réforme de 2018 a notamment élargi le champ des possibilités de formation.

    En effet, les jeunes entament de plus en plus tard la formation à la conduite. Il s'agit d'une tendance générale également constatée dans d'autres régions et d'autres pays. Si cela présente l'avantage que les candidats plus âgés sont plus responsables ou plus mûrs, cela présente l'inconvénient que certains candidats se voient parfois dans l'obligation d'obtenir le permis de conduire dans un délai assez court notamment pour des raisons d'activités professionnelles.

    La création d'une filière permettant de se former et d'obtenir rapidement le permis de conduire répond à cette nouvelle demande tout en garantissant une formation complète et de qualité.

    La filière "accès direct" prend également en compte les jeunes qui ne disposent pas de voiture personnelle ni d'accompagnateur. Par ailleurs, dans certaines circonstances, il n'est pas possible d'obtenir un permis de conduire provisoire. Dans cette situation, ces candidats étaient dans l'impossibilité de se former et de se présenter à l'examen pratique. La filière "accès direct" permet de toujours offrir une possibilité de se former et de se présenter à l'examen pratique même sans permis de conduire provisoire.

    Le suivi de minimum 30 heures de cours en auto-école agréée assure une expérience minimum qui permet au candidat de se présenter à l'examen de conduite sans autre délai.

    Les enquêtes menées par l'administration et les centres d'examen nous indiquent les éléments suivants : 35 % des apprentis ont combiné un apprentissage en filière libre avec quelques heures d'apprentissage en auto-école, 28 % des apprentis se sont formés en filière libre sans heure d'auto-école, 26 % des apprentis ont choisi la filière "accès direct" et 11 % des apprentis ont choisi la filière "auto-école" c'est-à-dire 20 heures d'auto-école suivies d'un stage de 3 mois.

    Manifestement, la filière "accès direct" répond à une réelle demande et un réel besoin des Wallons.

    Les mêmes enquêtes nous indiquent que les apprentis ont majoritairement choisi la filière "accès direct" parce qu'ils ne disposaient pas d'un guide ou d'un véhicule.

    En général, les 30 heures de formation sont dispensées en deux mois, ce qui permet de conduire dans différentes situations et de parcourir environ 1 500 km.

    L’examen pratique permet de s'assurer que l'apprenti a atteint le niveau requis pour le permis de conduire indifféremment du processus de formation, en sachant bien qu'il ne s'agit que d'une étape dans un processus de formation continue tout au long de la vie du conducteur.

    Vu les éléments exposés ci-dessus, je ne partage pas l'analyse de l'institut Vias, qui considère que cette filière risque de mettre sur la route des conducteurs pas assez aguerris et formés, et je n'envisage pas de réformer ou de supprimer la filière "accès direct".