/

Les capacités de recyclage des batteries en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 257 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 21/12/2022
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Le lithium, le nickel et le graphite sont rares, mais ce sont des matériaux indispensables à la fabrication des batteries. En outre, ils ne proviennent que de quelques pays, principalement asiatiques. Dans le contexte actuel où le recours aux batteries est grandissant, leur recyclage s'avère incontournable, tant d'un point de vue de l'approvisionnement que d'un point de vue environnemental.

    Selon George Gilkinet, le Ministre fédéral de la Mobilité, l'étude de GreenImpact qui a été présentée le 13 décembre montre que notre pays possède tout le savoir-faire nécessaire pour être un leader mondial du recyclage et de la réutilisation des batteries des véhicules électriques. Bref, selon lui, il ne faut plus voir les batteries usagées comme des déchets.

    L'étude a été présentée sur le site de l'entreprise de technologie des matériaux Umicore à Hoboken en Province d'Anvers. D'ici 2026, Umicore prévoit de construire une nouvelle usine sur le Vieux Continent d'une capacité de 150 000 tonnes de batteries, soit un investissement de quelque 500 millions d'euros.

    La Wallonie dispose-t-elle de sociétés possédant l'expertise nécessaire au recyclage des batteries ?

    Pourrions-nous accueillir cette nouvelle unité sur notre territoire ?

    Comment pourrions-nous en attirer d'autres ?

    « Mon ambition est de réunir autour de la table tous les ministres compétents de notre pays pour se pencher sur ces questions », a déclaré M. Gilkinet.

    Monsieur le Ministre a-t-il eu des contacts à ce propos ? Des réunions sont-elles programmées ? A-t-il déjà un échéancier ?
  • Réponse du 18/01/2023
    • de BORSUS Willy
    Nous portons une attention particulière à développer et à consolider la filière circulaire dans le domaine des batteries, notamment à travers Circular Wallonia. Le renforcement des pratiques circulaires innovantes dans le secteur des batteries est au cœur des actions qui seront menées par la Taskforce Métallurgie au sein de Circular Wallonia. Cette taskforce, coordonnée par Mecatech, regroupe les acteurs clés et pionniers et vise à renforcer ou initier des projets et identifier les mesures à développer et les leviers financiers (publics et privés) à mobiliser.

    Ainsi, la Wallonie possède déjà quelques acteurs et atouts dans le domaine. Nous pouvons citer le centre de recyclage de voitures électriques du groupe Comet Traitements, installé à Châtelet et Obourg. C’est un maillon important dans la chaîne du recyclage des batteries et véhicules électriques. Il s’agit du premier centre de ce type en Belgique. Concrètement, depuis 2019, l’entreprise dispose de toutes les capacités nécessaires pour l’extraction des batteries. Une fois extraite, la batterie est renvoyée à la marque, qui lui trouvera une seconde vie. La société se charge du recyclage du reste du véhicule et parvient même à atteindre des résultats pratiquement aussi bons que pour les voitures classiques. D’ici cinq à six ans, Comet pourrait extraire les batteries de 5.000 à 10.000 véhicules par an. Lorsque le marché prendra de l’ampleur, l’entreprise pourrait d’ailleurs élargir ses activités et emprunter la piste du traitement de batteries. En effet, depuis 2019, la fin de vie des véhicules hybrides et électriques s’organise, notamment à travers l’engagement des importateurs de 42 marques, en collaboration et avec le soutien de Febelauto, en organisant la reprise de leurs véhicules hybrides ou électriques complets, en ce inclus les batteries de traction.

    Par ailleurs, pour compléter la filière, depuis juin 2020, Watt4ever, un consortium belge de cinq entreprises, dont une wallonne, ré-utilise des batteries usagées de voitures électriques et les re-conditionne en capacité de stockage, afin de stocker des surplus de productions photovoltaïques ou éoliennes et de contribuer ainsi à l’équilibrage du réseau.

    Le développement de cette filière circulaire s’appuie également sur l’initiative Reverse Metallurgy, une plateforme wallonne d'excellence industrielle, technologique et scientifique en recyclage des métaux dans une logique d’économie circulaire.

    Nous sommes attentifs à préserver et développer le continuum entre la R&DI et l’industrie. Les prévisions du marché du recyclage montrent que les recycleurs vont devoir accroître leurs capacités de recyclage pour affronter l’augmentation des besoins de traitement des batteries au lithium arrivant en fin de vie à partir de 2027 : la R&DI du recyclage est donc à renforcer pour optimiser l’éco-conception, les produits finis et les coûts opératoires. La révision de la Stratégie de Spécialisation Intelligente (S3) pour une meilleure politique d’innovation régionale confirme le soutien au développement d’une telle filière en Wallonie, particulièrement à travers deux des 5 Domaines d’Innovation stratégiques : « matériaux circulaires » et « solutions nouvelles pour la transition énergétique verte et l’habitat du futur ».

    La Wallonie poursuit aussi son positionnement sur des leviers européens sur la base de ses forces et de ses potentiels en s’appuyant sur la Stratégie régionale de spécialisation intelligente, à travers une coordination étroite entre, notamment, le SPW EER, les Pôles de compétitivité, les clusters et le NCP Wallonie. Ainsi, la Wallonie est engagée au sein de l’Alliance européenne des matières premières (ERMA) dont l’objectif est de garantir l’accès aux matières premières critiques et stratégiques (notamment liés aux batteries et à la transition énergétique), aux matériaux avancés et au savoir-faire en matière de transformation pour les écosystèmes industriels de l’UE. L’alliance implique toutes les parties prenantes concernées, y compris les acteurs industriels tout au long de la chaîne de valeur, les États membres et les régions, les syndicats, la société civile, les organisations de recherche et de technologie, les investisseurs et les ONG.

    Par ailleurs, la Wallonie est engagée au sein du PIEEC (Projet important d’intérêt européen commun ou IPCEI en anglais) relatif aux batteries, afin d’anticiper les investissements industriels et « dérisquer » la croissance de la filière. À travers ce projet, l’ambition de l’Union européenne est de devenir un leader stratégique de la fabrication et de l’innovation des batteries. Notre participation à cette initiative permet de positionner des acteurs wallons au sein de la chaîne de valeur pour les cellules de batteries en Europe – du traitement des matières premières au recyclage en passant par la production de cellules de batteries. En Belgique, un appel à manifestation d’intérêt publié par les institutions fédérales en février 2019 a permis de sélectionner des projets novateurs dont certains ont obtenu une autorisation d’aide d’état auprès de la Commission européenne. Parmi ces projets, 2 entreprises wallonnes sont en cours de réalisation de leurs projets : Nanocyl (matériaux avancés pour les batteries basées sur les nanotechnologies) et Hydrometal (recyclage des batteries par hydrométallurgie).

    Autre exemple majeur, Comet Traitements a rejoint le projet européen CROCODILE et lui a apporté une technologie destinée initialement à l’aluminium, afin de réduire considérablement le risque d'approvisionnement en cobalt pour les industries européennes en améliorant et en optimisant l'efficacité des processus d’exploitation des déchets locaux et de récupération de cobalt, sachant que chaque batterie de voiture électrique nécessite entre 10 et 20 kg de cet élément.

    Un autre maillon important de cette chaîne de valeur est la confirmation, fin novembre 2022, d’un projet d'usine de recyclage de batteries au plomb qui pourrait voir le jour à Ghlin. Le groupe Envirolead est déjà actif dans le recyclage et la revalorisation de batteries au Pays de Galles, où il traite 80 000 tonnes de batteries par an, pour en retirer près de 40.000 tonnes de plomb. L'objectif est d'implanter en Belgique une usine de 20 000 m2 capable d'absorber le recyclage et le traitement de 120 000 tonnes de batteries usagées par an. À partir de batteries collectées en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas et en France, l'unité de Ghlin effectuera différentes opérations de recyclage pour séparer et récupérer les plastiques des coques de batteries, les acides et le plomb. L'usine emploiera 140 personnes. Le projet, qui nécessitera un investissement de près de 60 millions d'euros, devrait voir le jour dans le courant de 2025. L'objectif de la Région en octroyant ce permis est aussi de créer une usine modèle dans le genre.

    Une étape supplémentaire dans un objectif de développement de la chaîne de valeur « Batteries » sur le territoire wallon, est l’annonce d’ABEE (Avesta Battery and Energy Engineering) début novembre 2022 quant à son intention de développer un important projet en Wallonie.

    Comme l’honorable membre peut le constater, la chaine de valeur du recyclage des batteries est un point d’attention important du Gouvernement qui continuera de soutenir l’innovation auprès des acteurs wallons de la filière pour en assurer le développement.

    Quant au projet d’Umicore et de l’intention de Collègue fédéral, M. G. Gilkinet, de réunir les différents ministres compétents, je n’ai pas été informé ni contacté à ce jour, mais je reste bien évidemment ouvert au dialogue dans ce dossier, dans le respect des compétences institutionnelles de chacun.