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Les menaces à l'égard des populations d'insectes

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2022
  • N° : 274 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 22/12/2022
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Le constat est interpellant, les populations d'insectes chutent de façon alarmante. Des chercheurs de l'UClouvain ont participé avec une septantaine de scientifiques des quatre coins du monde, à une synthèse parue récemment. Selon eux, 80 % des plantes cultivées dépendent des insectes pour se développer.

    Les insectes pollinisent, recyclent la matière organique, régulent les populations de ravageurs agricoles. Sans eux, notre environnement ne serait pas le même. Le problème, c'est que nous assistons, actuellement, à un véritable génocide des insectes de notre planète. Près de la moitié de certaines espèces a d'ores et déjà disparu.

    Or, sans les insectes, nous devrions faire une croix sur de nombreux fruits et légumes : c'est l'ensemble de notre équilibre alimentaire qui en serait modifié.

    Par diverses actions, Madame la Ministre agit en faveur des insectes notamment pollinisateurs.

    Compte-t-elle étudier les impacts de sa politique en matière de biodiversité, que l'on pense au programme « Yes We Plant » ou au Plan Maya, sur les populations d'insectes ?

    Pourrait-elle nous informer quant au nombre de communes wallonnes qui ont adhéré au Plan Maya ?
  • Réponse du 31/05/2023
    • de TELLIER Céline
    Comme je le répète souvent, la biodiversité est notre assurance-vie : l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, ce que nous mangeons aussi. La chute alarmante des populations d’insectes pollinisateurs mise en lumière dans l’étude que l’honorable membre cite est en effet inquiétante, a fortiori parce qu’elle menace la disponibilité des productions alimentaires.

    Les raisons principales de ces diminutions d’effectifs sont l’intensification des pratiques agricoles, le manque d’habitats, l’usage de pesticides et l’augmentation des espèces exotiques envahissantes.

    Afin de définir les objectifs et actions prioritaires pour tenter d’apporter des solutions à cette problématique, j’ai chargé mes services de rédiger un plan d’actions en faveur des pollinisateurs. Un premier projet né d’une réflexion impliquant des experts issus de différentes universités et du secteur associatif et apicole doit à présent faire l’objet d’une concertation avec les services responsables.

    Sans attendre l’adoption de ce plan, j’ai développé plusieurs actions qui doivent contribuer à lutter contre le déclin des pollinisateurs. Le renforcement du réseau d’aires protégées en fait partie, et j’ai porté une attention particulière à certains milieux vulnérables favorables aux insectes, tels que les pelouses calcicoles et certains milieux sableux. La décision du Gouvernement d’approuver la mise en œuvre du renforcement du réseau d’aires protégées (fiches 97 et 111 du PRW) est à ce titre particulièrement positive. L’objectif de 1 000 ha par an de nouvelles réserves naturelles est jusqu’à présent assuré, avec plus de 3 500 ha reconnus depuis le début de la législature.

    Dans le cadre de la stratégie PAC pour la période 2023-2027, j’ai particulièrement insisté pour renforcer le soutien et le cahier des charges des mesures favorables à la biodiversité, entre autres l’écorégime maillage écologique et les mesures agroenvironnementales. Le plan stratégique de développement de l’agriculture biologique vise quant à lui à atteindre 30 % de la surface agricole utile gérée en agriculture biologique d’ici 2030, ce seront donc autant d’hectares préservés des insecticides.

    Dans l’optique également de soutenir la biodiversité agricole, en collaboration avec mes collègues Ministres de l’Agriculture et du Climat, j’ai initié un Plan wallon de transition agroécologique. Ce plan prévoit l’accompagnement de plus de 400 fermes ainsi que des recherches-actions participatives. Une plateforme rassemblant et partageant les expériences et apprentissages sur les pratiques agroécologiques afin de fédérer et de créer une émulation sur le long terme est également prévue. Les pratiques agroécologiques impliquent une réduction des produits phytosanitaires, ce qui sera directement bénéfique aux pollinisateurs. Ce plan de transition comprend également la mise au point d’une méthode d’évaluation de la biodiversité fonctionnelle liée aux différentes pratiques culturales, laquelle sera particulièrement opportune pour étudier les impacts des pratiques agricoles sur les insectes impliqués dans les processus de lutte biologique.

    En collaboration avec mon collègue le Ministre Willy Borsus, le troisième Programme wallon de réduction des pesticides vient également d’être adopté par le Gouvernement. Celui-ci prévoit de déployer 29 actions visant à réduire l’usage des pesticides en Wallonie. Parmi celles-ci, l’une concerne directement la préservation et la restauration de la biodiversité en milieu agricole par l’identification d’itinéraires techniques agricoles favorables à divers groupes biologiques fonctionnels, dont les insectes pollinisateurs et les carabes.

    Afin de rationaliser et de simplifier les démarches administratives, de globaliser les moyens pour un impact plus fort en faveur de la nature et de les rendre accessibles à l’ensemble des communes wallonnes, le Plan Maya, la Semaine de l’Arbre et le PCDN ont été rassemblés en un outil incitatif unique dénommé « BiodiverCité ». Par le biais de ce subside, les communes reçoivent une subvention pour mener des actions favorables à la biodiversité, dont une large part bénéficiera aux insectes, notamment via la reconstitution ou le maintien d'habitats patrimoniaux (pelouse sèche, mégaphorbiaies...), la construction de murs en pierres sèches, la plantation d’arbres et de haies ou encore le semis de prairies et de pelouses fleuries indigènes. Le nombre de communes ayant participé à cet appel à projets s’élève à 225 en 2021 et à 231 en 2022.

    Enfin, au travers du programme « Yes We Plant ! », de nombreux arbres et linéaires de haies sont plantés dans toute la Wallonie. Ces éléments verts, grâce à leur production de fleurs et de fruits, offrent de la nourriture et des habitats très favorables aux insectes pollinisateurs.

    Je suis convaincue que ces nombreuses actions induiront une amélioration progressive, mais durable des pratiques et, corrélativement, de la capacité d’accueil de la biodiversité.

    Le DEMNA (SPW-ARNE) coordonne le suivi de l’état de la biodiversité via différents groupes bio-indicateurs, parmi lesquels plusieurs groupes d’insectes. Étant donné les facteurs multiples qui influencent cet état, il est malheureusement complexe d’individualiser l’impact de l’une ou l’autre action sur les populations d’insectes pollinisateurs.