/

Les panneaux solaires flottants

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 426 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 12/01/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Techniquement possible et économiquement rentable, l'installation de panneaux solaires flottants sur des plans d'eau douce semble réunir toutes les qualités d'efficacité et d'efficience.

    Offrant un rendement meilleur que les équivalents terrestres, l'installation de panneaux solaires flottants permet aussi de tirer parti du foncier sans artificialisation des sols.

    Ce levier doit donc contribuer au mix énergétique qui permet de répondre aux engagements en matière de transition climatique.

    Quel est le cadre législatif spécifique à l'implantation de ces panneaux et où se situe le siège de la matière ?

    Au regard de la consommation électrique, quel est le pourcentage de production d'électricité solaire et d'électricité solaire due aux panneaux flottants ?

    Comment faciliter les procédures d'installation de cette technique et augmenter son attractivité ? Des modifications législatives s'imposent-elles ? Quelles sont-elles ?

    Quelles sont les ambitions de Monsieur le Ministre sur la thématique et quels sont les éventuels freins et difficultés rencontrées ?
  • Réponse du 22/02/2023
    • de HENRY Philippe
    Le PV flottant reprend les centrales solaires installées sur l’eau que ce soit en mer ou à l’intérieur des terres dans des bassins artificiels ou naturels. Ces structures peuvent être fixes ou mobiles. Elles peuvent être constituées de panneaux standards ou de modules immergés.

    La première centrale PV flottante de Belgique a été réalisée à Geer (Province de Liège) en 2017. Il s’agit d’une installation de 1 MW placée sur un bassin industriel de la société Hesbaye Frost spécialisée dans la production de légumes surgelés. L’installation a une puissance de 1 MWc et est composée de 3 120 panneaux photovoltaïques flottants qui permettent d’assurer 2,5 % de la consommation électrique annuelle de l’usine. Un autre projet belge est à l’étude à Soignies sur le lac qui s’est créé à l’endroit d’une ancienne carrière. Originalité du projet : les autorités communales souhaitent associer leurs citoyens au financement du budget estimé à 5 millions d’euros. À cet effet, une coopérative sera créée dans laquelle les habitants pourront prendre des parts.

    Les atouts du PV flottants :

    Le PV flottant combine de nombreux atouts. En effet, les grandes surfaces d’eau rassemblent, par nature, des conditions favorables à l’accueil d’une installation photovoltaïque bénéficiant d’un ensoleillement maximal et d’un environnement bien dégagé (pas d’ombrage). Par ailleurs, l’augmentation de la productivité grâce à l’effet de refroidissement des panneaux par l’eau est fréquemment évoquée pour le PV flottant. Toutefois, cet élément est encore fort débattu dans la communauté scientifique (EUPVSEC 2020, Sessions spécifiques au PV flottant, 2020) et plusieurs expériences ont montré de possibles effets négatifs lorsque l’eau est plus chaude que l’air. Pour l’instant, il est conseillé d’acquérir des mesures des températures de l’air et de l’eau sur une année afin de pouvoir simuler précisément les éventuels gains.

    D’un point de vue économique, il est possible de tirer profit d’une connexion réseau déjà existante dans le cas de combinaison avec des barrages hydrauliques. Le PV flottant permet également de valoriser des surfaces d’eau inexploitées ou peu exploitées (sur terre, mais aussi en mer) et peut ainsi éviter une éventuelle compétition avec l’occupation des sols. Enfin, le PV flottant dispose également d’atouts qui bénéficient à l’environnement dans lequel il s’insère avec notamment une possible réduction du développement des algues (positif ou négatif), ou la réduction de l’évaporation du bassin sur laquelle la centrale est placée.

    Vu son positionnement sur une zone d’eau, le PV flottant pâtit d’une maintenance plus compliquée et par conséquent plus onéreuse. Un système d’ancrage peut être complexe à mettre en œuvre, en particulier en mer. De plus, la corrosion et le vieillissement des systèmes sont des problématiques potentiellement importantes, mais qui doivent encore être étudiées sur le long terme. Il existe un réel impact négatif sur la durabilité des panneaux dû à l’humidité plus élevée, toutefois, les données manquent à l’heure actuelle pour émettre des conclusions à ce sujet, bien que le risque soit faible.

    Le PV flottant va également interagir sur la faune aquatique. Des effets négatifs ont déjà été observés comme des insectes qui s’écrasent sur les surfaces des panneaux. En effet, ces insectes confondent la surface réfléchissante des panneaux avec l’eau.

    D’une manière générale, cette filière est en plein développement et de nombreuses études sont en cours afin d’acquérir une connaissance plus étoffée sur le sujet. De nombreux projets commerciaux existent déjà.

    En novembre dernier, le Gouvernement wallon a adopté la nouvelle méthodologie d’octroi des CV (méthode CPMA) qui offre aux producteurs d’électricité renouvelable un cadre plus stable, plus transparent, prévisible et précis, tout en tenant compte des différentes situations sur le terrain.

    Cette niche du PV est bien soutenue par les CV comme les autres niches du PV. Les demandes de permis restent identiques à celle d’un champ PV sur terre.

    En Wallonie, il existe une seule installation PV flottant, le pourcentage de la production électrique due au PV flottant est très minime par rapport à la production des panneaux en toitures ou en champs PV.

    Vu les objectifs du PWEC et le caractère expérimental du PV flottant, mon administration propose de mettre la priorité aux installations du PV sur les toitures, hangars agricoles et les champs PV en Wallonie où le potentiel brut est encore sous-exploité.