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La situation inquiétante des banques alimentaires à l’aube de 2024

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 221 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 12/01/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Cette année, les banques alimentaires font face à une augmentation des demandes de nourritures.

    Le nombre de bénéficiaires de nourriture donnée ne cesse d'augmenter, en raison surtout de l'inflation. Cependant, l'offre de denrées ne suit pas le rythme, notamment à cause des difficultés rencontrées par l'industrie alimentaire. L'on fait face à de particuliers déséquilibres entre l'offre et la demande. Les dons de l'industrie alimentaire sont en régression de 10 à 15 %.

    Selon l'administrateur délégué de la Fédération belge des banques alimentaires FBBA), Jef Mottar, les banques alimentaires ont été témoins d'une hausse de +15,2 % de personnes aidées en juin 2022. « De 177 000 par mois, nous sommes passés à plus de 200 000 ». Les chiffres définitifs pour janvier sont attendus. M. Mottar estime que l'on pourrait se situer en janvier 2022 entre +15 et +20 %.

    Il y aussi la nouvelle compétition avec d'autres opérateurs, notamment Too Good to Go, qui captent et valorisent de la marchandise proche de la péremption pour réduire le gaspillage alimentaire.

    Les dons alimentaires s'en voient alors fortement impactés !

    Selon Jeff Motar, en 2024, l'approvisionnement via le FEAD, qui représente 35 % de ce qu'il est essentiel à distribuer, risque de chuter de 35 % par rapport à 2022 et 2023, à la suite d'une décision belge sur l'utilisation des moyens européens. La FBBA estime que les pouvoirs publics fédéraux et régionaux doivent revenir sur leur choix.

    Quelle est l'analyse de Madame la Ministre face à cette situation ?

    Peut-elle préciser les perspectives pour les banques alimentaires à l'aube de 2024 ?

    Y a-t-il des pistes de réflexion pour mieux gérer l'offre et la demande ?

    Qu'en est-il de la nouvelle compétition notamment avec les opérateurs qui combattent le gaspillage alimentaire ?

    Comment peut-on instaurer une compétition saine ?
  • Réponse du 07/02/2023
    • de MORREALE Christie
    La question des approvisionnements est au cœur des préoccupations de l’ensemble des organisations d’aide alimentaire. Si les sources d’approvisionnement du secteur sont variées, deux des sources les plus importantes des approvisionnements sont le FEAD et la récupération d’invendus alimentaires. Les projections actuelles indiquent effectivement que ces sources vont diminuer dans les prochaines années. Les collectes d’invendus alimentaires connaissent des difficultés en termes de quantité et de qualité. Cette source d’approvisionnement se développe pourtant depuis une dizaine d’années et permet d’améliorer l’offre d’aide alimentaire, en y ajoutant des denrées fraîches comme des fruits et légumes. Le secteur a développé des nouvelles organisations logistiques qui se professionnalisent peu à peu.

    La question des approvisionnements est par ailleurs discutée lors des assemblées plénières, des concertations locales et des groupes de travail menés par la Fédération des Services sociaux (FDSS - Organisme wallon de concertation de l’aide alimentaire). Les réunions de concertation locales et plénières visent une mise en contexte dans les organisations, ainsi qu’une co-construction de pistes à privilégier pour le secteur, afin d’améliorer l’approvisionnement de manière globale. De même, dans le cadre du CWAD (Collège wallon de l’alimentation durable), la FDSS participe à l’élaboration d’un programme d’actions pour l’Alliance Emploi-Environnement en alimentation durable qui vise, quant à lui, à améliorer les approvisionnements de l’aide alimentaire.

    Par ailleurs, la Croix-Rouge de Belgique a mis en place une plateforme d’achats solidaires, une initiative inédite qui a pour but d’approvisionner le secteur de l’aide alimentaire en produits variés et de qualité à des prix préférentiels. Jusqu’ici, le catalogue « SoliFood » reprend essentiellement des produits issus de la grande distribution, secs ou en conserve, mais le projet est en cours d’évolution (test d’une plateforme de produits locaux et bio).

    D’autres actions sont testées pour tenter d’améliorer la qualité et la durabilité de l’approvisionnement de l’aide alimentaire. Parmi elles :
    - au niveau fédéral, dans le cadre du FEAD, le SPPIS a introduit quelques critères de durabilité dans les cahiers des charges et a testé un marché de soupes réservé à l’économie sociale ;
    - certaines épiceries sociales organisent des collaborations avec des producteurs locaux ou la mise en production de légumes sur des terres publiques ;
    - la cellule Manger Demain a lancé des projets pilotes de glanage solidaire avec des personnes en difficulté.

    En ce qui me concerne, dans un contexte particulièrement difficile où les crises se chevauchent, des moyens additionnels ont été libérés depuis le début de cette législature en faveur de l’aide alimentaire, sous la forme d’appels à projets, notamment, à l’attention des banques alimentaires et autres plateformes pour un montant total de 9 245 564 euros.

    Plus précisément, en 2022, deux appels à projets dédiés à l’aide alimentaire ont été lancés : dans le cadre, d’une part, de la guerre en Ukraine et de ses conséquences sur la croissance des besoins et, d’autre part, de l’augmentation des prix de l’énergie. Chacun de ces deux appels étaient assortis d’une enveloppe de 2 000 000 d’euros. Les banques alimentaires et les plateformes bénéficiaires d’une subvention peuvent employer celle-ci jusqu’au 31 décembre 2023.

    Pour la parfaite information, un nouvel appel sera lancé dans le courant du deuxième trimestre 2023, grâce à une nouvelle enveloppe de 8 millions d’euros qui a été dégagée par le Gouvernement wallon à mon initiative.

    Je reste bien entendu attentive aux difficultés rencontrées par le secteur de l’aide alimentaire et soucieuse de soutenir des actions qui permettent de rencontrer les besoins les plus élémentaires de nos concitoyens.