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Les sols agricoles et l'urgence climatique

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 288 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 16/01/2023
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La livraison de janvier du Sillon apporte une contribution intéressante sur la question des émissions des gaz à effet de serre liés aux sols agricoles. Selon l'article, la réduction des émissions d'origine agricole est à la traîne en comparaison avec les autres secteurs en Wallonie. Ces réductions du secteur agricole n'atteignent que la moitié de celles de l'ensemble des secteurs depuis 1990.

    L'article apporte aussi une surprise inquiétante concernant les prairies permanentes. Historiquement ces dernières ont été considérées comme des puits à carbone. Il apparaît que l'AWAC, comptable des émissions de la Région et se fondant sur les dernières données disponibles, les considère à présent plutôt comme des sources significatives d'émissions, à l'instar des terres arables. Mais bien entendu, ce ne sont pas les sources majeures d'émission de GES agricoles qui restent liées au bétail bovin, et à aux épandages de la fertilisation azotée.

    Pour réduire les émissions liées aux sols, l'article avance des pistes de solution :

    Du côté des terres arables, davantage de matières organiques dans les sols. Pour les prairies permanentes, les retours modérés de matières organiques riches en carbone (fumier/compost plutôt que lisier) seraient à privilégier de même que le pâturage à une intensité faible à modérée plutôt que la fauche.

    Il s'agirait également de stopper, sauf dérogations exceptionnelles, le labour des prairies permanentes.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris de nouveaux engagements en ce qui concerne les GES de l'agriculture dans le cadre du PACE, et lesquels ?

    Comment s'assurer que les prairies permanentes puissent garantir un rôle de puits de carbone plutôt qu'une source d'émissions ? Quelles mesures sont prises pour y parvenir ? Une réduction drastique du labour des prairies permanentes est-elle étudiée ?

    Qu'en est-il des mesures concernant les terres arables ?

    Enfin, la question de la charge sur les prairies permanentes est-elle évaluée dans le PACE ?
  • Réponse du 08/02/2023
    • de BORSUS Willy
    Je tiens à souligner que, entre 2005 et 2019, la réduction des émissions observées pour le secteur agricole est 10 %. Ce qui n’est absolument pas négligeable.

    De plus, la répartition des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) entre les principaux secteurs en Wallonie en 2020 montre que l’agriculture n’est pas du tout le secteur le plus émetteur et ne doit pas toujours être pointée du doigt comme étant le plus pollueur, bien que des difficultés puissent exister. Je tiens également à souligner la proactivité du secteur qui ne cesse d’essayer de s’améliorer et de mettre en place de nouvelles techniques de productions, d’élevages, de cultures, et cetera.

    Concernant l’inventaire des émissions de carbone liées aux prairies, la publication de nouvelles données par l’ASBL Requasud montre une légère diminution de la teneur en carbone des prairies. En conséquence, l’AwAC (Agence wallonne de l'air et du climat) a travaillé en partenariat avec l’UCL pour effectuer dès 2022 une mise à jour de l’évolution des teneurs en carbone dans les sols, sur la base des données Réquasud. À ce stade, cela ne concerne que les prairies.

    C’est la raison pour laquelle de nouvelles campagnes d’analyses restent prévues dans le cadre de la fiche 114 du Plan de relance de la Wallonie, afin d’affiner ces données. Actuellement la comparaison avec la période de référence 2005-2009 amènerait à comptabiliser des émissions nettes, mais il semble prématuré d’avancer des chiffres dans la mesure où le bilan 2021-2025 dépendra non seulement des nouvelles données de mesure du carbone des sols, mais aussi de l’évolution des changements d’affectation des terres. En effet, toute conversion de prairies en culture amène par exemple des émissions significatives. En conclusion, on ne pourra se positionner sur les capacités de stockage du carbone des prairies qu’à la suite des résultats des études en cours.

    Concernant le Plan Air Climat Énergie 2030, la contribution du secteur agricole à la réduction des émissions non ETS a été évaluée au regard de l’évolution des objectifs climatiques du secteur non ETS pour la Belgique et donc pour la Wallonie.

    De ce fait, les principales hypothèses de réduction permettant de tendre vers un nouvel objectif avec réduction de 27 % des émissions agricoles en 2030 par rapport à 2005 tel que repris dans le projet de PACE sont les suivantes :
    - l’objectif de 30 % de superficies en BIO en 2030 déjà adopté par le Gouvernement wallon ;
    - favoriser des modes d’agriculture moins consommateurs d’intrants par la mise en œuvre, prévue dans la PAC 2023-2027, de nouveaux éco-régimes et d’une nouvelle aide couplée pour les protéagineux ;
    - développer les filières et l'offre circulaire et locale dans le secteur agricole et réglementer l’épandage et/ou le stockage des effluents d’élevage ;
    - diminuer les émissions de méthane entérique par animal grâce à un développement accru de la recherche et de la diffusion de ses résultats.

    Une série de ces mesures découlent de politiques déjà décidées ou mises en place les mesures liées à la nouvelle PAC.

    Le projet de PACE a fait l’objet d’une large consultation, notamment des syndicats agricoles. Leurs remarques pertinentes devront être prises en compte.