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La conjoncture économique pour les PME wallonnes

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 293 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 16/01/2023
    • de FONTAINE Eddy
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Les résultats d'une étude SD Worx auprès des PME sont préoccupants, en particulier en ce qui concerne les sociétés actives dans les secteurs de l'HORECA, la construction ou l'industrie.

    Il apparait que près d'une PME sur six envisage de procéder à des licenciements au sein de son personnel dans le courant du premier trimestre 2023, tandis qu'une PME sur trois seulement envisage de recruter - et encore, la moitié de ces recrutements seraient pour pallier à des départs.

    De manière générale, les sociétés qui pensent à se séparer de leur personnel emploient majoritairement des ouvriers, et ont des marges bénéficiaires plus basses que celles qui travaillent avec beaucoup d'employés.

    Les chiffres avancés sont similaires à ceux du premier trimestre 2020, lorsque la crise sanitaire frappait de plein fouet notre société.

    On constate également en Wallonie beaucoup plus de faillites que les années précédentes, mais cela reste à nuancer, car celles-ci restent inférieures aux chiffres pré-Covid. Néanmoins, une tendance semble émerger : la cessation d'activités. De nombreuses sociétés, plutôt que de se déclarer en faillite, choisissent de s'arrêter.

    Comment Monsieur le Ministre analyse-t-il ces données dans le cadre de cette étude ? Quelle incidence réelle peut-on déceler chez les PME wallonnes actives dans ces trois secteurs ?

    Face à ces tendances, quelles sont ses marges de manoeuvre, en collaboration avec la Ministre de l'Emploi, afin de maintenir les efforts pour accompagner les demandeurs d'emploi vers les filières prometteuses, mais également vers les filières en pénurie, notamment au travers de la formation, y compris en IFAPME ?

    La tendance à la cessation d'activités est-elle bien présente dans notre Région, et doit-on s'en inquiéter de manière plus vive pour le bien-être économique de la Wallonie, de ses villes et villages ?
  • Réponse du 26/01/2023
    • de BORSUS Willy
    Ces 3 dernières années ont été bien évidemment très éprouvantes pour les entreprises qui forment le tissu économique wallon. D’abord frappées par les différentes conséquences de la pandémie de Covid-19, elles ont dû faire face aux conséquences de la guerre de la Russie en Ukraine et de l’explosion des prix de l’énergie et des matières premières. Je voudrais d’abord exprimer ma solidarité envers toutes ces entreprises, dont la résilience depuis de longs mois ne cesse d’impressionner.

    La récente étude que l’honorable membre évoque indique qu’à peu près 15 % des PME wallonnes envisagent de licencier du personnel au premier trimestre 2023, soit une diminution de 2 % sur un trimestre. Bien que ce pourcentage reste malheureusement trop élevé, il est néanmoins plus faible qu’en Flandre ou à Bruxelles où les perspectives sont moins réjouissantes. Néanmoins j’aimerais d’abord mettre en avant d’autres chiffres plus encourageants : non seulement 85 % des PME ne prévoient pas de licencier, mais 34 % d’entre elles prévoient même d’amplifier leurs recrutements au premier trimestre 2023.

    De plus, les experts du secteur de l’emploi expliquent qu’aujourd’hui, les PME font surtout preuve de prudence, ce qui est tout à fait compréhensible au vu des 3 dernières années que nous avons vécues. Au cours du dernier semestre, elles ont vu moins de personnes quitter leur entreprise que d’habitude, mais ne savent pas ce que l’avenir proche leur réserve. Par conséquent, elles placent surtout le maintien des collaborateurs actuels en tête de leur liste de priorités. Je m’en réjouis.

    Concrètement, ce qui inquiète les employeurs c’est leur capacité à engager ou maintenir du personnel suite à la forte indexation des salaires. Bien sûr, l’indexation automatique des salaires - que je soutiens - permet de défendre le pouvoir d'achat et le bien-être des travailleurs, mais elle représente aussi un coût important pour l'État et les entreprises.

    En Wallonie, de nombreux leviers sont mis en place pour accompagner les entreprises, que ce soit via l’investissement, la formation ou encore le soutien à la croissance.

    Ainsi, la formation des talents est essentielle. Si des pertes d’emploi sont à craindre dans certaines entreprises, nous restons malgré tout confrontés à des milliers d’emplois non pourvus. Les demandeurs d’emploi devront donc être accompagnés selon les procédures renouvelées ou adaptées, mises en place par ma collègue, Mme Christie Morreale via notamment le contrat de gestion du FOREm. Dans le cadre de la mise en œuvre de ce nouvel accompagnement des demandeurs d’emploi, le bilan de compétences (numériques, métiers de base, langues) sera une première étape essentielle. Il permettra soit d’adresser aux entreprises les demandeurs d’emploi ayant le profil le plus adapté à l’offre d’embauche proposée ou, si des lacunes en termes de compétences des demandeurs d’emploi sont constatées, de former ceux-ci adéquatement et sans délai.

    Je soutiens donc le renforcement et le resserrement en cours de l’accompagnement des demandeurs d’emploi vers les filières de formation qui débouchent sur un emploi et j’encourage le FOREm à travailler en ce sens pour inverser rapidement la tendance.

    Si des lacunes en compétences numériques sont constatées, nous disposons de 5 Centres de compétence spécialisés sur les formations TIC. Si le travailleur qui vient de perdre son travail veut se réorienter, il conviendra de faire un bilan de compétences et en fonction soit de suivre une formation de courte durée, soit une formation plus longue qui lui assure une possibilité de réinsertion durable.

    À ce titre, la formation en alternance doit être plus que jamais valorisée comme un premier choix. En effet, il convient de rappeler ici que le taux d’insertion des apprenants de l’IFAPME est très élevé et se maintient à un niveau de 85 %, malgré le contexte de crises sanitaires et économiques que nous connaissons.

    Pour faciliter l’inscription du demandeur d’emploi dans une formation de l’IFAPME, la procédure visant à octroyer la dispense de disponibilité sur le marché du travail doit être simplifiée. La lourdeur administrative constitue un frein certain à la formation des demandeurs d’emploi. J’encourage ma collègue en charge de l’Emploi à travailler dans ce sens.

    En conclusion, les temps sont durs pour les petites et moyennes entreprises qui vont, une fois de plus, devoir décupler leurs efforts de résilience, mais j’ai pleine confiance en leurs capacités.