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L’exportation de poires vers la Russie et la Biélorussie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 303 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 18/01/2023
    • de LENZINI Mauro
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Depuis 2014, après des sanctions occidentales imposées à la suite de l'invasion de la Crimée par la Russie, Moscou a, en représailles, décrété un embargo sur les fruits et légumes en provenance de l'Union européenne.

    Cela avait été un coup dur pour les producteurs wallons de poires pour qui la Russie était un important marché. Une partie des exportations avait toutefois pu être redirigée vers le Bélarus.

    Monsieur le Ministre peut-il faire le point sur la situation actuelle ?

    Qu'en est-il des exportations de fruits vers la Russie et la Biélorussie depuis le début de la guerre en Ukraine ?

    Des solutions ont-elles pu être trouvées pour aider le secteur de la fruiticulture, et plus particulièrement celui des poires, à diversifier ses exportations ?
  • Réponse du 08/02/2023
    • de BORSUS Willy
    Dans son newsflash février 2023, l’AFSCA informe que l’embargo instauré par la Biélorussie le 1er janvier 2022 sur une liste de produits provenant de l’Union européenne sera prolongé jusqu’au 30 juin 2023.

    Depuis janvier 2019, les statistiques officielles de la Banque Nationale de Belgique (BNB) ne présentent aucun chiffre pour le produit poires (codes d’exportation 08083010 et 08083090), ce qui signifie qu’aucune exportation officielle de poire n’a eu lieu au départ de la Wallonie vers ces deux pays depuis janvier 2019. Depuis février 2022 et le début de la guerre menée par la Russie en Ukraine, la situation n’a pas évolué.

    La diversification des exportations de poires passe essentiellement par l’ouverture de nouveaux marchés à la grande exportation. Ceci passe obligatoirement par un accord sanitaire, que l’AFSCA doit trouver avec l’agence sanitaire locale. Par exemple, l’AFSCA négocie depuis de nombreuses années (dossier initié en 2011) avec le Japon pour trouver un accord. Des réunions régulières avec les parties belges et japonaises ont lieu, mais l’accord n’est pas encore trouvé. Des accords avec une dizaine d’autres pays tant en Asie, qu’en Amérique ou en Afrique sont également toujours en cours.

    Toutefois, plusieurs marchés à la grande exportation ont déjà été ouverts par l’AFSCA grâce à l’accord sur des exigences sanitaires spécifiques, notamment avec le Brésil, la Colombie, le Mexique, le Pérou, les États-Unis, le Canada, la Thaïlande, le Vietnam et Israël.

    De nouveaux marchés peuvent également être explorés en Europe, pour lesquels les procédures sanitaires sont beaucoup plus simples. Cependant, ces marchés sont accessibles à tous les autres pays européens avec la même facilité que les producteurs wallons. La concurrence y est donc accrue, d’autant que les pays européens tendent à favoriser d’abord la consommation de produits locaux avant de se tourner vers les importations.

    La Wallonie est en outre confrontée à un nombre extrêmement réduit d’opérateurs en mesure de prospecter et d’assurer la commercialisation des fruits produits en Wallonie et bon nombre de producteurs font ainsi appel aux criés flamandes pour écouler leurs fruits.

    Le secteur de la pomme est dans une situation extrêmement difficile. La production wallonne a été normale en 2022, mais le prix des pommes est très faible, notamment en raison d’une grosse production au niveau européen. Parallèlement, le prix des intrants a augmenté d’au moins 15 %. Ces deux phénomènes entrainent une marge brute qui atteint à peine 20 % de la moyenne des marges brutes 2017-2021. En dépit d’adaptations de comportement en 2022 suite à la guerre en Ukraine (beaucoup de producteurs ont écoulé leur production en décembre), de nombreuses exploitations n’ont pas les moyens de subvenir à leurs frais fixes. Notons que 35 % des charges affectées sont liées à la main-d’œuvre et 15 % à l’énergie. Les prix de marché ne couvrent pas les coûts de production. Le plus préoccupant réside dans le fait que les producteurs sont en perte nette en production de pommes depuis plusieurs années engendrant d’importants arrachages.

    Le secteur de la poire est dans une situation moins difficile malgré des petits calibres, un rendement inférieur de 20 % par rapport à la normale et des prix inférieurs à ceux de 2021 en raison d’une grosse production européenne. Comme pour les pommes, le prix des intrants a aussi augmenté et l’ensemble ne permet pas aux producteurs de couvrir les frais de production. La commercialisation semble néanmoins se passer normalement, avec un déstockage légèrement supérieur à 2021, car les producteurs ont écoulé leur production le plus tôt possible dans la saison.

    Globalement, avec des prix du marché en dessous des coûts de production et l’absence de perspective d’amélioration de cette situation au regard des augmentations de coûts de production de 2023 le secteur de la fruiticulture est en grande difficulté. Malheureusement les acteurs économiques de la filière ne proposent pas d’adapter les prix aux producteurs à la hausse.

    Il faut rappeler que l’embargo russe date de 2014 et que le marché a depuis lors dû s’adapter. En revanche, l’embargo biélorusse sur les fruits et légumes perturbe l’exportation.

    Les pommes ne sont traditionnellement pas exportées vers la Russie. Actuellement, elles se destinent aux pays voisins (Pays-Bas, Allemagne, France, Luxembourg), au Royaume-Uni et à l’Inde. En revanche, les poires ont perdu ce grand marché d’exportation, mais les statistiques montrent que les poires wallonnes ont trouvé d’autres débouchés principalement au sein de l’UE (France, Pays-Bas, Allemagne, Estonie et Espagne) et vers le Royaume-Uni. De plus, selon certaines sources, 20 à 50 % des poires belges arriveraient néanmoins en Russie.

    En 2022, il n’a pas été possible d’aider le secteur de l’arboriculture, car la conjoncture de début 2022 et les données de la campagne 2021 ne le justifiaient pas par rapport à d’autres secteurs. En revanche, les données de la saison 2022, maintenant disponibles, montrent les grandes difficultés économiques du secteur. Par conséquent, j’ai insisté afin de mobiliser la réserve de crise au niveau européen pour ce secteur.

    J’ai rencontré le secteur afin de discuter de cette situation grave avec ses représentants. Je souhaite en effet aider ce secteur pour faire face aux difficultés qu’il rencontre.