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La fin progressive des chaudières au mazout en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 452 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 18/01/2023
    • de LENZINI Mauro
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    On se dirige vers la fin progressive des chaudières au mazout en Wallonie.

    En Région wallonne, dans les bâtiments neufs, l'installation de ces systèmes de chauffage sera interdite à partir de la fin de l'année 2024. Et dans les bâtiments déjà existants, lors du remplacement d'une ancienne installation, mazout et charbon seront aussi proscrits. La date reste encore à définir, ce sera entre 2025 et 2027.

    Paradoxalement, le gaz, également énergie fossile, reste pour le moment autorisé.

    À cet égard, il est à noter qu'en Flandre (où l'installation de chaudière à mazout est déjà interdite depuis le 1er janvier 2022), une exception est prévue en cas d'absence de raccordement au gaz dans la rue.

    Monsieur le Ministre peut-il nous dire si une telle exception est également envisagée en Wallonie ?

    Le cas échéant quelle autre solution serait envisagée pour les particuliers dont l'habitation ne dispose pas d'un raccordement au gaz dans leur rue ?
  • Réponse du 27/02/2023
    • de HENRY Philippe
    Il serait incorrect de purement et simplement affirmer que le gaz est autorisé en Wallonie. Le PACE 2030, adopté en 1re lecture, mentionne l’obligation de définir une stratégie de sortie du gaz fossile d’ici juin 2023, date de la remise de la stratégie globale belge en matière énergétique, établie sur base des inputs régionaux et fédéraux. L’idée est bien d’en finir avec l’utilisation des énergies fossiles de quelque nature que ce soit. Un message clair sera formulé pour le gaz bien avant l’entrée en vigueur des mesures déjà annoncées pour le mazout.

    La Flandre n’a effectivement pas interdit complètement le placement de nouvelles chaudières (à noter que le placement de poêles au mazout reste autorisé en Flandre) au mazout puisque ce type d’appareil reste encore autorisé dans les bâtiments pour lesquels « le gaz ne passe pas dans la rue » (la possibilité de switch du mazout vers le gaz est motivée en Flandre par la diminution de 25 % de l’émission de CO2 entre ces 2 combustibles). Or, le réseau de gaz est beaucoup plus étendu en Flandre qu’en Wallonie. Ainsi, pour la Flandre, plus de 90 % des bâtiments sont raccordables au gaz. Restent 7 % des bâtiments ne sont pas raccordables au gaz et pourraient encore installer une chaudière au mazout. Parmi ceux-ci, bien entendu, certains utilisent une autre source d’énergie que le mazout.

    Si la même logique devait être appliquée telle quelle en Wallonie, l’effet serait fondamentalement différent. Chez nous, 57 % des bâtiments sont éloignés du réseau de gaz. Si on applique la même législation qu’en Flandre, cela signifie que 57 % des bâtiments pourraient encore se chauffer au mazout. Au final, avec cette même mesure, seul environ 1 pour cent des bâtiments (ce serait le cas, par exemple, de bâtiments se chauffant au mazout et situés dans les centres-villes des principales agglomérations wallonnes disposant du gaz de ville) seraient effectivement forcés d’abandonner le mazout en Wallonie (contre, au moins 15 % en Flandre).

    L’impact de la mesure serait alors presque insignifiant.

    Pour ce qui concerne les alternatives courantes déjà identifiées, on peut citer :
    - le recours à des appareils à la biomasse ;
    - le raccordement à un réseau de chaleur situé à proximité directe du bâtiment ;
    - le recours à une chaudière alimentée via une citerne pour gaz propane, dans la mesure où ce serait encore une option dans le cadre de la stratégie de sortie du fossile ;
    - le recours aux pompes à chaleur électriques dans les bâtiments dont les besoins thermiques ont déjà été réduits. En effet, le placement d’une pompe à chaleur dans un bâtiment non rénové énergétiquement, avec de gros besoins thermiques, constitue un investissement trop important.

    Une autre alternative, qui doit encore faire l’objet d’une analyse approfondie, pourrait être l’utilisation de solutions « hybrides ». Elles consistent à placer une pompe à chaleur électrique de puissance usuelle (de l’ordre de 10 kW thermiques) qui fonctionnerait de manière prioritaire tout en étant associée à une chaudière. Cette dernière pourrait encore être à combustible fossile : gaz ou mazout.

    L’usage de cette solution permet à priori de réduire les émissions de CO2 de 50 % par rapport au placement d’une chaudière mazout à condensation. Un autre avantage substantiel de cette solution est d’être bien adaptée à la rénovation énergétique progressive du bâtiment. Au fur et à mesure de la diminution des besoins thermiques, la part de chaleur fournie par la chaudière se réduit avec, au bout du trajet de rénovation, le but de laisser la pompe à chaleur fonctionner seule et d’abandonner la chaudière associée.