/

Les effets de la sécheresse sur la navigabilité de la Meuse et du Canal Albert

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 453 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 18/01/2023
    • de LENZINI Mauro
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Suite à la période de sécheresse estivale, la presse indiquait fin novembre 2022 que les épisodes de précipitations enregistrés cet automne ont été faibles et que les prévisions de l'Institut royal météorologique indiquaient qu'elles le resteraient. L'article fait également mention du fait que « les niveaux des cours d'eau et des barrages-réservoirs sont relativement bas et pourraient remonter à condition que des précipitations surviennent dans les prochaines semaines ».

    Depuis lors, les fortes précipitations que nous avons connues ces dernières semaines ont contribué à un retour à la normale du niveau de navigabilité sur nos cours d'eau, voir même, en cette mi-janvier à atteindre des niveaux de préalerte.

    Malheureusement, les climatologues prédisent pour les années à venir des périodes de sécheresse à répétition. Et si le manque d'eau peut avoir des effets dramatiques sur bien des aspects de la vie des Wallonnes et des Wallons, celui-ci pourrait avoir comme conséquence un frein voire un blocage du transport fluvial avec le catastrophique corollaire qui consisterait à augmenter le recours au transport routier.

    Comment l'épisode de sécheresse de l'année dernière a-t-il affecté la navigabilité de la Meuse et du Canal Albert en 2022 ?

    Dans le cas particulier du Canal Albert, alimenté par l'eau de la Meuse, quelles sont les réserves disponibles pour réguler en amont le niveau du fleuve ?

    Une modification de la gestion du réservoir est-elle envisagée pour l'avenir ?
     
    Tout le long de son parcours, comment l'utilisation des écluses affecte-t-elle le niveau de la Meuse ?

    Qu'est-il mis en place pour que leur utilisation réduise au possible la diminution du niveau ?

    En aval, comment la Wallonie collabore-t-elle avec la Flandre et les régions hollandaises pour préserver un bon niveau à ces voies d'eau et en assurer la navigabilité ?
  • Réponse du 22/02/2023
    • de HENRY Philippe
    Sur les cours d’eau navigués, un niveau d’eau suffisant doit être maintenu pour permettre la navigation, notamment la navigation marchande qui nécessite des tirants d’eau importants. Ce sont des barrages au fil de l’eau qui permettent de réguler les niveaux, et donc de maintenir les niveaux suffisants pour la navigation. Ces barrages sont fonctionnels pour une gamme de débits donnée. En cas de sécheresse intense, le débit des cours d’eau peut diminuer fortement, et les barrages au fil de l’eau peuvent éprouver des difficultés à maintenir un niveau d’eau compatible avec la navigation.

    L’été ainsi que l’automne 2022 ont été très secs, ce qui a eu un impact notable sur les débits dans les différents cours d’eau navigables, notamment de Wallonie.

    De manière à éviter et retarder autant que possible un impact trop significatif sur la navigation marchande, différentes mesures ont été mises en œuvre du 5 juillet au 19 septembre 2022. L’objectif était de préserver les volumes d’eau dans chaque bief de navigation.

    La principale mesure qui a été activée était de regrouper les bateaux dans les sas d’écluses. Lors de chaque cycle de remplissage et vidange du sas d’écluse, le principe consistait à maximiser le nombre de bateaux dans le sas, de manière à diminuer le nombre de bassinées (cycle de remplissage / vidange du sas) et donc diminuer la consommation d’eau.

    Néanmoins, cela peut entraîner un délai d’attente pour les usagers lorsque le sas n’est pas rempli et que des bateaux en approche sont susceptibles de compléter l’occupation de ce sas. Dans la plupart des cas, le délai d’attente maximal était fixé à 1h00, ce qui reste très raisonnable.

    Par ailleurs, toujours dans la même idée de préserver les ressources en eau, les manœuvres de nuit sur les écluses qui fonctionnent 24h/24 ont été suspendues provisoirement. Cette mesure a été appliquée à partir du 18 juillet pour les sites d’Ampsin-Neuville et d’Yvoz-Ramet et du 04 août pour le site de Lanaye. Ceci évitait de remplir partiellement les sas, le trafic étant très faible pendant cette tranche horaire.

    Un mécanisme supplémentaire a été activé lorsque la situation l’exigeait : des pompes installées sur certains sites stratégiques remontaient en amont une partie de l’eau qui a été déversée en aval. C’est ainsi que les pompes de l’écluse de Lanaye, ainsi que sur les écluses flamandes du Canal Albert, ont été amenées à fonctionner dans certaines plages horaires.

    Finalement, lorsque les conditions hydrologiques sont réellement trop sévères et qu’aucune mesure ne permet de maintenir le niveau d’eau, il devient nécessaire d’imposer une réduction du tirant d’eau pour les bateaux. Cette mesure a été appliquée pendant une semaine sur la Lys mitoyenne (10 cm en moins, du 11/08 au 18/08), ainsi que pendant 2 mois sur la Haute Sambre (trafic plaisance, 80 cm en moins, du 18/07 au 19/09).

    L’ensemble de ces mesures ont été discutées au sein de différentes instances, tant wallonnes que transrégionales. En Wallonie, c’est la cellule sécheresse, pilotée par le Centre régional de crise, qui permet de faire le lien entre les différents acteurs wallons sur le sujet. Par ailleurs, compte tenu des impacts potentiels sur les voies navigables des gestionnaires voisins, flamands comme hollandais, de nombreux contacts spécifiques sur la gestion des eaux de la Meuse et du canal Albert ont été entrepris, afin de concerter les mesures les plus appropriées. L’ensemble de ces coordinations ont permis de limiter l’impact de la sécheresse sur le réseau navigable wallon.

    Je ne peux que me réjouir de voir que la coordination mise en place par le SPW Mobilité & Infrastructures et les investissements réalisés les années précédentes pour moderniser le réseau wallon ont permis à la voie d’eau wallonne de tenir le coup tout au long de ce long épisode de sécheresse.