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La transformation des huiles usagées en biocarburants et le secteur de l'aviation

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 134 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 18/01/2023
    • de LENZINI Mauro
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Depuis quelques mois maintenant, plusieurs projets permettant la disponibilité de biokérosène sur les sites aéroportuaires voient le jour.

    L'objectif du secteur de l'aviation d'atteindre la neutralité carbone n'est pas une mince affaire. Il y a évidemment l'avion propre, propulsé à l'hydrogène, mais son développement prendra du temps et il faudra compter au moins une décennie avant de le voir voler.

    D'aucuns sont convaincus que l'utilisation des SAF (carburant d'aviation durable : bio-carburants ou agro-carburants), pourrait permettre au secteur d'accélérer sa transition énergétique en attendant l'avion à hydrogène.

    Ainsi, des projets de récupération des huiles de cuisson usagées pour les transformer en biocarburants voient le jour.

    Monsieur le Ministre peut-il nous en dire un peu plus sur ces projets appliqués à l'aviation ?

    L'usage de ce type de carburant est-il technologiquement envisageable ?

    Quelle quantité d'huile devrait être récupérée et transformée pour fournir assez de carburant pour un avion de fret qui devrait effectuer un vol commercial aller-retour de l'ordre de 8 000 kilomètres ?

    Quel est le potentiel réel de ce type de carburant ?

    Y a-t-il des facteurs favorisant ou freinant le développement de son utilisation ?
  • Réponse du 10/02/2023
    • de DOLIMONT Adrien
    Cette conscientisation croissante relative à la protection de l’environnement a eu pour conséquence, dans le chef des industriels aéronautique et pétroliers, d’accélérer le développement de la technologie des SAF (Sustainable Aviation Fuel).

    Les compagnies aériennes l’ont bien compris et sont ouvertes à utiliser du SAF.

    Aussi, étant en charge des infrastructures aéroportuaires, ma réponse portera essentiellement sur la capacité de nos aéroports à accueillir ces changements. Je renvoie l’honorable membre pour les aspects recherche et développement auprès de mes collègues du Gouvernement en charge de la matière.

    Je lui confirme ainsi que les installations de nos aéroports wallons sont ou seront prêtes à accueillir du kérosène mélangé à du SAF et que toutes les équipes y travaillent.

    L’une des solutions phares à la décarbonation du secteur est ainsi l’implémentation des SAF. En Europe, la Roadmap Destination 2050 avance que les SAF diminueront les émissions du secteur de 34 %.

    Dans l'Union européenne, les institutions travaillent sur une proposition visant à instaurer une égalité des conditions de concurrence pour un secteur du transport aérien durable (initiative ReFuelEU Aviation).

    La proposition vise à accroître à la fois la demande et l'offre de carburants durables d'aviation (SAF), y compris de carburants de synthèse pour l'aviation, tout en assurant des conditions de concurrence équitables sur l'ensemble du marché du transport aérien de l'UE.

    À l'heure actuelle, il est prévu qu'à partir de 2025, le carburant d'aviation devra contenir 2 % de SAF, puis entre 63 % et 85 % d'ici 2050 (avec des sous-mandats en carburants de synthèse allant de 28% à 50% pour 2050), en fonction du résultat des négociations au niveau européen. La Commission souhaite que tous les aéroports européens fournissent des SAF.

    La Wallonie soutient bien évidemment ce projet porté à l’échelle européenne.

    Le secteur aéroportuaire wallon a par ailleurs bien compris l’enjeu et se prépare activement à l’arrivée de ce Règlement.

    Cette thématique a ainsi été abordée au sein du Comité stratégique de la SOWAER en décembre 2022 et via les CEM respectifs des deux aéroports wallons.

    Lors de ce Comité, la SOWAER a joué un rôle de facilitateur pour l’émergence de solutions durables en soulignant les défis de l’implémentation du SAF et les différentes possibilités de fourniture de SAF.

    L’un des défis identifiés lors de ces discussions concerne les infrastructures et les mélanges de SAF.

    En 2022, lors de leurs CEM respectifs, les deux aéroports ont ouvert cette discussion et ont demandé aux compagnies aériennes de fournir un planning d'utilisation des SAF pour l'avitaillement de leurs avions. Les discussions sont donc en cours.

    BSCA a d’ores et déjà proposé aux compagnies aériennes d’accepter d'utiliser 1% de SAF au sein de leur infrastructure d'ici mi-2023. Ses infrastructures actuelles seront utilisées.

    Liege Airport est fier de confirmer, en tant que premier aéroport belge, que ses installations de carburant d'aviation, ainsi que son personnel d’avitaillement, sont prêts à recevoir, stocker et distribuer du carburant d'aviation durable.

    Au cours des derniers mois, ses installations de stockage de carburant ont été auditées et ses procédures de réception, de stockage et de distribution de carburant ont été revues et adaptées pour permettre l'arrivée du SAF.

    Dans le même temps, le système d'oléoducs de l'OTAN (CEPS) autorisera le transport de carburants d'aviation durables dès ce mois de janvier 2023.

    Les installations de carburant détenues et exploitées par l'aéroport étant connectées à ce réseau de pipelines, tout fournisseur de carburant a désormais la possibilité non seulement de décharger directement et physiquement du SAF via des camions-citernes dans nos installations de carburant, mais également d'injecter de plus grandes quantités de SAF dans l'un des points d'admission du système européen de pipelines.

    Liege Airport confirme que plusieurs de ses compagnies aériennes clientes sont en discussions avec des fournisseurs pour organiser l'approvisionnement et l'utilisation de SAF à court et moyen termes.

    Nos plateformes aéroportuaires wallonnes s’inscrivent donc pleinement dans la Roadmap Destination 2050 européenne visant une diminution des émissions du secteur de l’ordre de 34 % grâce aux SAF.

    Je souhaite évidemment que les sociétés de gestion et la SOWAER continuent à être attentives à cet enjeu.