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Le coût de la modernisation du réseau d’énergie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 465 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 20/01/2023
    • de HERMANT Antoine
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Avec le développement de la production d'énergie verte, nous passons d'une production centralisée (à partir de différentes centrales) à une production décentralisée (éolienne, panneaux photovoltaïques, géothermie, chauffage urbain…).

    De plus, la production d'énergie verte dépend des conditions météorologiques et est donc irrégulière. Parfois, la production est inférieure à la consommation. Parfois, elle est supérieure, mais à ce moment-là, le réseau ne peut intégrer toute l'énergie produite.

    Par ailleurs, nous allons voir apparaître de plus en plus de bornes de recharge pour véhicules électriques et de pompes à chaleur. Ce sont 2 équipements qui consomment beaucoup d'électricité.

    Dès lors, une modernisation du réseau s'impose.

    Quelle est l'estimation de Monsieur le Ministre la plus basse du coût de la modernisation du réseau d'énergie pour avoir un réseau qui est en adéquation avec les objectifs, d'ici 2030, de production et de consommation d'énergie renouvelable ?
  • Réponse du 27/02/2023
    • de HENRY Philippe
    Comme l’honorable membre le souligne, afin de faire face à la décarbonation non seulement des industries, mais de l’ensemble de la société, les gestionnaires de réseau de distribution vont devoir investir dans leurs réseaux afin, notamment, d’augmenter la capacité d’accueil du renouvelable.

    Selon une étude récente réalisée par Climact pour le compte d’Ores, les engagements wallons en matière de transition énergétique devraient conduire à l’horizon 2030 à une augmentation de 30 % de la consommation d’électricité sur le réseau de distribution (par rapport à 2020) et à une multiplication par 2,1 de la puissance renouvelable installée (par rapport à 2021). A l’horizon 2050, ces mêmes chiffres s’élèveraient respectivement à une hausse de la consommation de 64 % (par rapport à 2020) et 4,7 fois plus de renouvelables (qu’en 2021).

    Ce constat justifie évidemment des investissements supplémentaires. Mais ces suppléments devraient rester inférieurs à l’augmentation des consommations et ne devraient donc pas correspondre à un renchérissement du kWh consommé pour le client final.

    Face à ce constat, ORES évalue les besoins minimas d’investissements complémentaires pour permettre la transition énergétique à plus d’un milliard d’euros, dont 800 millions d’ici à 2030.

    Ces montants sont des montants optimisés d’investissements qui prévoient entre autres le renforcement des réseaux et leur évolution vers des réseaux plus intelligents et résilients, ainsi que le déploiement des compteurs communicants à hauteur de 80 % des clients à l’horizon 2030.

    Sous réserve que des moyens complémentaires lui soient octroyés (via les tarifs ou via des subventions), la volonté d’ORES serait d’accélérer certains de ces investissements et notamment le déploiement des compteurs communicants afin que l’ensemble des clients puissent avoir accès aux mécanismes de partage d’énergie et éviter une fracture numérique dans ce domaine.

    En permettant l’augmentation de la part d’énergie renouvelable locale, les investissements considérés permettront également de renforcer notre indépendance énergétique et donc de réduire l’exposition de la Région wallonne à la volatilité de la partie « énergie » (« commodity ») de la facture, qui a explosé avec la crise énergétique en raison de sa forte dépendance aux marchés internationaux de l’énergie. Ces investissements ont donc une dimension socio-économique importante.

    De son côté, RESA a défini un plan de transition énergétique qui vise à doubler la capacité d’accueil (cabines, postes aériens, nouveaux câbles, et cetera) qui équivaut à un doublement des investissements actuellement réalisés soit 820 millions d’euros indexés d’ici 2050 pour le seul réseau d’électricité.

    Les budgets d’investissements d’ici à 2030 sont en cours de planification dans le cadre des plans d’adaptations/plans d’investissements qu’ils doivent rendre à la CWaPE. Dès lors, les chiffres définitifs ne pourront être communiqués que dans les prochains mois.

    Pour RESA, ce plan d’investissement tient compte qu’une partie importante des usages restent sur la « molécule ». Il y a un potentiel important de biométhane, de méthane de synthèse ou d’H2 en Région wallonne qui doit permettre, via notamment le couplage entre le réseau gaz et le réseau d’électricité, de ne pas devoir surinvestir dans ce dernier. Par ailleurs, certains process industriels nécessitent de la « molécule » que ce soit au niveau du processus ou des températures à atteindre, rendant le réseau gaz indispensable.

    Enfin, comme j’ai déjà pu le faire remarquer lors de précédentes réponses à des questions écrites et orales, cette dynamique dépasse largement le cadre wallon.

    En effet, au niveau européen, une étude de Deloitte-E.DSO-Eurelectric évalue les investissements nécessaires à entre 375 et 425 milliards d’euros entre 2020 et 2030, soit un effort annuel supérieur de 50-70 % à l’historique. Les investissements dans les réseaux sont cependant moins importants que dans le secteur énergétique dans son ensemble (+100 %) grâce aux mesures de flexibilité.

    Au Luxembourg, Creos prévoit un renforcement de 70 % de son réseau basse tension d’ici 2030 et un doublement de capacité d’ici 2040. Le renforcement de capacité du réseau moyenne tension est lui d’environ 45 % dans la prochaine décennie et de 65 % d’ici 2040.

    En Flandre, Fluvius prévoit 4 milliards d’euros d’investissements supplémentaires sur 10 ans : 50 % d’énergie électrique distribuée en plus dans les 10 ans, 27 000 transformateurs à remplacer sur 65 000. À l’horizon 2050, c’est un montant de 6 milliards d’euros d’investissements.