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L’impact de l’invasion du frelon asiatique sur l’entomofaune et la sécurité publique

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 438 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 20/03/2023
    • de NIKOLIC Diana
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La Wallonie a dépensé 250 000 euros en 2022 pour neutraliser les nids de frelons asiatiques. Ce service était gratuit pour la population.

    Malheureusement, nous assistons à une explosion du nombre de nids. C'est ainsi que, fin 2022, le cabinet de Madame la Ministre a confirmé dans la presse qu'un nouveau système était en cours de réflexion, qu'il devenait peu réaliste d'éradiquer complètement le frelon asiatique en Wallonie et qu'il faudra donc cibler les enjeux de sécurité publique ainsi que les problématiques spécifiques liées aux apiculteurs.

    En effet, les nids de frelons asiatiques représentent une menace notamment pour le secteur apicole, mais également pour l'entomofaune (le peuple des insectes) et la sécurité publique.

    En ce qui concerne l'entomofaune, le frelon asiatique est un prédateur généraliste qui s'attaque à une très grande variété de proies. Outre les abeilles, il s'attaque aux insectes de très nombreux ordres.

    En ce qui concerne la sécurité publique. Les nids de frelons asiatiques peuvent se loger dans les haies, dans les massifs d'arbustes, dans les abris extérieurs, dans les toits. Une fois dérangée, si la colonie de frelons se sent menacée, elle attaque ! 

    Madame la Ministre peut-elle nous éclairer sur l'évolution des mesures de neutralisation des nids de frelons asiatiques en Wallonie ?

    A-t-elle évalué le risque associé à la sécurité publique eu égard à l'augmentation attendue de la présence du frelon asiatique en Région wallonne ?

    A-t-elle des données sur l'impact attendu de la prédation du frelon asiatique sur l'entomofaune, sur les services de pollinisation rendus par l'entomofaune et sur la biodiversité ?

    Ne pense-t-elle pas nécessaire de poursuivre la lutte contre l'invasion du frelon asiatique et plus particulièrement le financement de la destruction des nids ?
  • Réponse du 23/06/2023
    • de TELLIER Céline
    Je comprends l’inquiétude, légitime, suscitée par le frelon asiatique. Cet insecte est régulièrement pointé du doigt, notamment pour son agressivité vis-à-vis des abeilles. Comme je l’ai déjà expliqué, à son arrivée sur notre territoire en 2016, la Région wallonne a mis en place des actions pour tenter de freiner sa progression, notamment la neutralisation systématique des nids. Cette technique n’a malheureusement pas donné les résultats espérés, puisque le nombre de nids détruits est en constante augmentation. Malgré une lutte intense, nous sommes passés de 204 nids en 2021, à 1 850 nids en 2022. Nous devons donc adapter notre stratégie de lutte en fonction de cette nouvelle réalité.

    Cette espèce est désormais largement répandue en Europe occidentale et devenue quasi impossible à éradiquer, comme malheureusement d’autres espèces exotiques envahissantes.

    Malgré sa réputation sulfureuse et sa taille impressionnante, cette espèce n’a cependant qu’un faible impact sur la biodiversité. En effet, la pression qu’il exerce sur l’entomofaune est bien documentée. Si son régime alimentaire est constitué en majorité d’abeilles domestiques, il chasse également des guêpes sociales et des diptères. Actuellement, aucune des études n’a montré un impact négatif significatif du frelon asiatique sur les populations d’insectes indigènes sauvages. Par ailleurs, par rapport à la santé humaine, cette espèce ne pose qu’une faible menace supplémentaire par rapport à nos insectes indigènes. Dès lors, les impacts du frelon asiatique sont majoritairement d’ordre apicole.

    Néanmoins, face à l’échec de la destruction systématique des nids, nous avons basculé vers des stratégies de gestion raisonnées, adaptées en fonction de la dangerosité, et en bonne collaboration avec mon collègue Willy Borsus.

    Ainsi, pour les apiculteurs, un projet d’« Appui à la filière apicole pour la mise en place d’une gestion durable du frelon asiatique » a été établi. Ce projet bénéficie du budget de 267 000 euros que l’honorable membre mentionne. Il s’agit d’installer une action durable dans le temps basée sur la prévention, la protection et la neutralisation des nids quand nécessaire. L’objectif est d’accompagner le secteur dans sa cohabitation avec le frelon asiatique. Les actions sont menées par trois parties prenantes : le CARI, le CRA-W et le secteur apicole.

    La semaine de l’abeille a déjà été une opportunité de sensibiliser ce public. Pour plus de détails concernant le soutien du secteur apicole, je l’invite à questionner mon collègue Willy Borsus, en charge de la compétence.

    En ce qui concerne les pouvoirs locaux, le 8 mai dernier, mon administration a adressé un courrier aux communes pour les informer de l’évolution de notre stratégie. L’UVCW a également été informée.

    Par ailleurs, un soutien est octroyé aux communes, via la formation organisée par le CRA-W, à destination d’intervenants pouvant agir dans les zones de secours ou les communes pour neutraliser les nids problématiques. Pour les domaines du SPW, cette neutralisation sera assurée par mon administration, au travers d’un marché de service. Avant de développer de nouvelles politiques, nous souhaitons d’abord mettre en œuvre et tester cette stratégie. Une évaluation aura lieu à la fin de la saison.

    En conclusion, comme elle le constatera, de nombreuses mesures sont déjà mises en place pour accompagner les apiculteurs et les pouvoirs locaux dans cette nouvelle stratégie. Je rappelle aussi que je soutiens déjà très largement les communes pour leurs actions en matière de Nature, par exemple à travers le programme Yes We Plant ou BiodiverCité. Je poursuis également des actions pour gérer la problématique plus générale des espèces exotiques envahissantes. Mon objectif est bien d’anticiper au mieux, pour éviter que la situation du frelon asiatique ne se répète avec d’autres espèces. Car s’il est important de ne pas laisser les acteurs de première ligne démunis, comme les communes ou les apiculteurs, l’idéal est évidemment de leur épargner la présence d’espèces exotiques envahissantes.