Le calendrier de sortie du chauffage au mazout dans les bâtiments résidentiels
Session : 2022-2023
Année : 2023
N° : 1009 (2022-2023) 1
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Question écrite du 16/05/2023
de MAUEL Christine
à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
La Wallonie va allouer un budget de 90 millions d'euros par an afin d'inciter les habitants de bâtiments résidentiels à rénover. Le principal changement porte sur l'augmentation de la plupart des montants de base des primes pour mieux correspondre à la réalité d'augmentation des coûts à laquelle le citoyen fait face, notamment les prix des matériaux et de main-d'œuvre. Le but est aussi d'inciter le citoyen à entreprendre des travaux de rénovation qui feront diminuer structurellement la facture d'énergie. Dans le cadre de la première lecture du texte en Gouvernement, une feuille de route concernant la sortie du chauffage au mazout et au charbon a été fixée pour le 1er mars 2025 pour les bâtiments neufs, et le 1er janvier 2026 pour les bâtiments existants en cas de remplacement.
Monsieur le Ministre peut-il exposer dès lors quelles seront les alternatives réalistes pour les nouveaux constructeurs de bâtiments résidentiels à partir du 1er mars 2025 et pour les personnes qui rénovent un bien au niveau de son système de chauffage à partir 1er janvier 2026, dans le cas où le gaz de ville n'est pas accessible ?
Le sud de la Communauté germanophone est indiqué comme une zone blanche, dans laquelle le gaz naturel est indisponible.
Compte-t-il dès lors étendre le réseau de gaz en Wallonie ?
Réponse du 26/07/2023
de HENRY Philippe
Il est vrai que le PACE 2030 approuvé par le Gouvernement wallon prévoit une sortie progressive du chauffage au mazout et au charbon, à partir du 1er mars 2025 pour les nouveaux bâtiments résidentiels, et à partir du 1er janvier 2026 pour les installations des immeubles existants.
Dans les bâtiments neufs, le placement de chaudières au mazout a tendance à se raréfier, avec une part de seulement quelques pour cent des bâtiments construits en respectant les exigences PEB récentes (exigences PEB 2017 et exigences PEB « qZEN » 2021).
En effet, un bâtiment neuf très bien isolé voit ses besoins thermiques baisser drastiquement. Le placement d’une chaudière gaz ou mazout d’une puissance « habituelle » de 25 ou 30 kW ne se justifie plus.
Comme alternative, la pompe à chaleur électrique, les poêles biomasse ainsi que les chaudières biomasse de puissance modérée apparaissent comme les premiers choix. La réduction des besoins en énergie des bâtiments neufs rend l’usage de ces technologies particulièrement performant.
Il existe aussi la possibilité de mutualiser la production de chaleur en se raccordant à un réseau de chaleur quand l’un de ceux-ci existe à proximité.
Pour les bâtiments existants, certaines des solutions préconisées ne seront pas toujours optimales ou suffisantes si l’enveloppe du bâtiment en question n’a pas été suffisamment isolée. Le remplacement de l’installation de chauffage doit se faire dans le cadre d’une réflexion globale de rénovation, en cohérence avec d’autres travaux visant avant tout à diminuer les besoins énergétiques, comme c’est le cas dans l’audit Logement.
Il faut garder à l’esprit qu’en milieu rural, remplacer sa chaudière mazout par une chaudière biomasse sera possible dans certains cas.
De l’espace est généralement disponible pour placer la chaudière et pour stocker la biomasse (bûches/pellets). Avec le pellet en vrac, on retrouve même un schéma de livraison de combustible identique à celui du mazout.
Une chaudière biomasse de bonne puissance permet de continuer à chauffer le bâtiment de façon similaire au mazout, même un bâtiment non isolé qui aurait encore de gros besoins thermiques.
Pour répondre sur l’usage du gaz, l’honorable membre n’est certainement pas sans savoir que le PACE 2030 prévoit également une sortie du chauffage au gaz non renouvelable. La différence avec le mazout et le charbon est qu’aucune date n’est encore arrêtée. Selon le PACE 2030, le Gouvernement wallon s’est engagé à établir, pour le 30 juin 2023, une stratégie de sortie du gaz fossile à l’horizon 2050, avec des objectifs de réduction progressive d’ici 2030 et 2040.
Le PACE 2030 (§ 3.1.2) envisage un maintien du réseau de gaz ainsi que des extensions ponctuelles « là où ça a du sens », avec référence aux zones densément peuplées. La future utilisation de notre réseau de gaz dépendra de différents facteurs dont, notamment, des quantités effectivement disponibles de gaz renouvelables qui pourraient être transportés par ce réseau et, surtout, de l’usage qui devrait être logiquement fait de ces gaz renouvelables.
En effet, certains domaines d’activité industrielle peuvent difficilement se passer de processus à haute température. Ces secteurs rencontreront des difficultés à se décarboner et, pour eux, le recours à ces gaz renouvelables sera difficilement évitable. Ceci alors que, pour le chauffage des bâtiments, toute une série d’alternatives existe déjà.
Dans ce contexte, elle comprendra bien que la Wallonie n’envisage pas de s’appuyer durablement sur le gaz naturel comme solution de remplacement du mazout ou du charbon pour le chauffage des bâtiments.
Là où le gaz de ville est accessible, cette solution pourrait provisoirement encore être utilisée ; même si ce n’est clairement pas celle à privilégier.
Il n’apparaît pas très opportun d’engager les deniers publics dans des extensions de grande ampleur du réseau de gaz.