La nécessité de garantir une accessibilité équitable à la vaccination contre la grippe en Wallonie
Session : 2025-2026
Année : 2025
N° : 151 (2025-2026) 1
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Question écrite du 08/10/2025
de TILLIEUX Eliane
à COPPIETERS Yves, Ministre de la Santé, de l'Environnement, des Solidarités et de l'Economie sociale
Les données récentes sur la vaccination contre la grippe révèlent de fortes inégalités sociales en Wallonie. Les taux restent largement en deçà des objectifs européens de 75 % : 50,2 % chez les +65 ans, 42,1 % chez les personnes atteintes de maladies chroniques et seulement 16,4 % chez les femmes enceintes.
Ces écarts sont particulièrement marqués selon le statut social : chez les seniors, la couverture atteint 59 % dans les quartiers les plus favorisés contre 43 % dans les quartiers les moins favorisés. Les bénéficiaires de l’intervention majorée, ainsi que les personnes très âgées ou socialement vulnérables, sont eux aussi moins bien protégés. Ces chiffres montrent que l’accès à la vaccination, qui est un droit fondamental en matière de santé publique, n’est pas assuré de manière équitable pour toutes et tous dans notre Région.
Quelles mesures concrètes M. le Ministre prévoit-il pour garantir un accès équitable à la vaccination contre la grippe, notamment pour les populations les plus vulnérables ?
Envisage-t-il de mettre en place des campagnes ciblées et solidaires, adaptées aux besoins des personnes les moins favorisées et à risque ?
Quelle stratégie entend-il déployer pour mobiliser l’ensemble des professionnels de santé et assurer que personne ne soit laissé de côté dans la protection contre la grippe ?
Réponse du 09/10/2025
de COPPIETERS Yves
Je confirme les données récentes figurant dans la question de l’honorable membre et les reprends d’ailleurs ici : 1. La couverture vaccinale contre la grippe reste en deçà des objectifs européens de 75 % pour les groupes à risque, avec : • 50,2 % chez les plus de 65 ans ; • 42,1 % chez les personnes atteintes de maladies chroniques et • seulement 16,4 % chez les femmes enceintes (compétence ONE pour ces dernières). 2. Un gradient social marqué est observé : chez les seniors, la couverture atteint 59 % dans les quartiers les plus favorisés contre 43 % dans les plus défavorisés. Les bénéficiaires de l’intervention majorée, les personnes très âgées et les plus vulnérables sont moins protégés.
Cela ne signifie néanmoins pas que l’accès au vaccin serait restreint.
En Wallonie, le vaccin est disponible dans toutes les pharmacies, sans condition sociale particulière et peut être administré directement en officine.
Pour les personnes qui ne peuvent se déplacer, d’autres professionnels tels que les médecins, les infirmiers ou les sages-femmes assurent la vaccination, notamment dans les maisons de repos et autres institutions.
Sur le plan financier, le coût du vaccin est en outre réduit à 4,08 euros pour les personnes appartenant aux groupes cibles et à 2,45 euros pour celles bénéficiant du statut BIM. L’étude met en évidence des disparités sociales, mais elle ne permet pas de conclure à une inaccessibilité : les écarts tiennent plutôt à des facteurs comme la littératie en santé, la confiance, la hiérarchisation des priorités de vie ou des contraintes organisationnelles.
Une campagne automnale de communication est bien organisée cette année encore. Elle sera lancée à la mi-octobre pour le grand public. Elle concerne la grippe, mais aussi le covid-19, le pneumocoque et le virus respiratoire syncytial.
L’AViQ a choisi de présenter la vaccination comme un geste de protection parmi d’autres gestes hivernaux tels que l’hygiène des mains, l’aération des espaces intérieurs ou le port du masque en cas de symptômes. Cette approche vise à limiter la fatigue vaccinale et à replacer la vaccination dans une logique de protection globale.
Il n’est pas prévu de multiplier les campagnes ciblées pathologie par pathologie, ce qui serait coûteux et risquerait de brouiller les messages, mais l’information est relayée activement par les professionnels de terrain pour atteindre les publics vulnérables. De plus, le site www.vaccination-info.be permet aux citoyens de s’informer sur toutes les vaccinations.
Depuis la fin du mois d’août, des communications pratiques ont été envoyées aux pharmaciens, médecins, infirmiers, coordinateurs en institutions et aux médecins du travail pour rappeler les recommandations du Conseil supérieur de la santé, faciliter l’organisation des séances et assurer la disponibilité des vaccins. Un e-learning a été mis en place pour les médecins coordinateurs en maison de repos, en collaboration avec la Société scientifique de médecine générale, et le Collège de médecine générale diffuse également ces informations auprès de ses membres.
L’AViQ veille à ce que la mobilisation de l’ensemble des professionnels de santé garantisse que personne ne soit laissé de côté. Elle propose aussi, à destination des professionnels, un guide de la vaccination pour l’adulte mis à jour régulièrement sur le site de l’AViQ.
La réduction des inégalités en matière de vaccination passe par des mesures structurelles. L’AViQ a soutenu le lancement de l’étude « VACCIN’ACT » qui doit permettre de mieux comprendre l’hésitation vaccinale et de proposer des actions adaptées. Un projet de prévention par moments de vie est en réflexion afin d’intégrer la prévention dans le parcours quotidien des citoyens. Enfin, le futur déploiement de Vaccicard permettra un suivi renforcé de la couverture vaccinale en Wallonie et une meilleure capacité à identifier et combler les écarts.