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Implications spécifiquement environnementales et touristiques suscitées par le projet de centre "Nature et sports" à Antoing, en contradiction avec le développement durable.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2009
  • N° : 159 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 16/01/2009
    • de DETHIER-NEUMANN Monika
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme

    Quelques jours avant la séance du Gouvernement wallon du 19 décembre 2008, la presse a annoncé l'imminence de la décision du Gouvernement relative à la modification du plan de secteur afin de permettre l'implantation d'un complexe de loisirs de quelques 350 hectares de part et d'autre du canal Nimy-Blaton avec centre de glisse indoor et piscine tropicale. Fort des avis prétendus favorables du bureau d'étude d'incidences et de la CRAT, le Gouvernement serait fondé à marquer son accord sur le projet de révision de plan de secteur qui lui est soumis, sans devoir se soucier plus avant des impacts négatifs du projet sur les biotopes ou des compensations planologiques.

    Cette annonce a de quoi surprendre, d'une part, sous l'angle de la procédure de consultation des acteurs, en particulier de la CRAT et, d'autre part, sous celui de la prise en compte des charges négatives qu'entraîne le projet sur le développement durable de la Région.

    Le fait que ce centre vise à la fois à construire un centre de glisse "indoor" pour permettre des activités de neige et une piscine tropicale…induit des consommations énergétiques considérables en contradiction totale avec les efforts à fournir par notre Région en termes d'adaptation aux changements climatiques. Le Gouvernement wallon n'a pourtant eu cesse de brandir le développement durable comme moteur de son action, notamment au travers du plan air-climat, … du moins en apparence.

    Monsieur le Ministre peut-il m'expliquer, au regard des objectifs de développement durable, en quoi l'implantation de ce centre qui produira directement 12.000 tonnes de CO2, indirectement, par le trafic, de 5 à 8.000 et consommera 36.700 MWh de gaz et 17.200 MWh d'électricité contribuera-t-elle à la lutte contre les changements climatiques ?

    Sous l'angle de la consultation de la CRAT, je suis surprise de lire, de source bien informée, que la CRAT aurait déjà rendu officiellement son avis le 10 décembre 2008 alors que son Bureau ne s'est réuni que le 18 décembre pour approuver les remarques formulées par sa section Aménagement normatif et, ensuite, les transmettre au Gouvernement wallon.

    La réalité même des répercussions économiques du projet et les concurrences potentielles avec les projets de Comines et de Nœux-les-Mines et futur de Lessines, font douter de l'intérêt général de la révision de plan de secteur. Cela devrait faire rendre Monsieur le Ministre particulièrement précautionneux, en tant que Ministre du Tourisme ! A-t-il étudié les concurrences mises en évidence entre les différents projets ? Quels sont les avis des instances et administrations consultées à ce propos ?

    Sous l'angle des charges du projet sur l'environnement, il ressort des dernières conclusions de l'étude d'incidences que de nombreuses et importantes questions demeurent ouvertes, qu'il s'agisse de la production de CO2 importante, des questions touchant aux pompages d'eau, ou encore à l'impact du projet sur la Forêt de Flines voisine, classée en zone Natura 2000.

    Plus particulièrement, l'on prétend que le projet n'influera pas sur le niveau de la nappe phréatique, parce que la prise d'eau se fait dans les étangs. Or, il appert que les étangs sont plus que vraisemblablement des affleurements de la nappe. Quelles sont alors les conséquences de ce pompage sur les zones humides de la forêt de Flines ?

    Monsieur le Ministre se rappelle sans doute fort bien l'échange que nous avons eu en commission en avril dernier. Il m'avait assuré qu'il prendrait en considération :

    - les impacts sur la conservation de la nature « car le lieu d'implantation constitue un site majeur de la diversité biologique dans la Wallonie picarde » ;
    - des impacts sur l'eau, « tant du point de vue des pompages nécessaires à la production de neige et à l'entretien des pelouses, que du point de vue de l'épuration des eaux usées » ;
    - des impacts sur les déchets et d'autres aspects environnementaux, dont la qualité de vie des riverains.

    Concernant ces différents impacts, Monsieur le Ministre pourrait-il me préciser les conditions qu'il a suggérées à son Collègue en charge de l'Aménagement du territoire ? De même, il disait être soucieux d'un développement harmonieux avec le Parc Naturel des Plaines de l'Escaut, dont il attendait l'avis. Qu'en est-il aujourd'hui ?

    Qui plus est, la proposition d'agrandir le Grand Large ne risque-t-elle pas d'entraîner une diminution significative du site de grand intérêt biologique, géré par le Parc naturel des Plaines de l'Escaut qui sera prochainement repris dans l'inventaire de la Région wallonne (partie B du rapport de l'EIE, p.123) ?

    Que va-t-on faire des déblais générés par l'élargissement du Grand Large ? Il est prévu d'aller les déposer dans la sablière Deviaene. Monsieur le Ministre peut-il me dire si la législation permet de déposer de tels inertes dans les carrières ?
  • Réponse du 20/05/2009
    • de LUTGEN Benoît

    Le dossier évoqué relève à la fois des politiques d'aménagement du territoire, d'environnement et de tourisme bien que la décision du Gouvernement wallon du 19 décembre 2008 relève essentiellement de la compétence de l'aménagement du territoire. Il s'agit en effet de l'adoption provisoire d'une modification du plan de secteur de Tournaiu-Leuze-Péruwelz.

    En ce qui concerne la procédure : suite à l'adoption provisoire, la dossier a été soumis à l'enquête publique. Des réunions de concertation ont également été organisées, la dernière ayant eu lieu le 2 avril dernier.

    Les avis des conseils communaux des différentes communes concernées ainsi que des autorités françaises doivent être transmis pour ce 14 mai. Ce n'est qu'à ce moment que les avis de la CRAT, du CWEDD, du Parc naturel des "Plaines de l'Escaut" et de la DGARNE seront sollicités. Ceux-ci doivent être transmis dans les soixante jours.

    Sur cette base, des résultats de l'enquête publique et des différents avis que le Gouvernement wallon prendra une décision en adoptant définitivement ou non la révision partielle du plan de secteur.