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Politiques de limitation de la dépendance à la voiture en Wallonie.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2009
  • N° : 296 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 03/03/2009
    • de DETHIER-NEUMANN Monika
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    La lutte contre les émissions de gaz à effet de serre est une priorité pour tous. Une des difficultés majeures auxquelles est confrontée la Région wallonne est de mener une action efficace contre les sources diffuses, parmi Iesquelles les émissions dues à la mobilité.

    Rappelons que, si l'objectif européen des " 3 x 20 " (- 20 % d'émissions de gaz à effet de serre, + 20 % de production d'énergie renouvelable, + 20 % d'efficacité énergétique) semble à la portée de certains secteurs, il semble encore très lointain dans le domaine du transport puisque rien ne semble arrêter l'augmentation globale des kilométrages parcourus en voiture par les Wallons.

    Ainsi, c'est en Région wallonne que le kilométrage parcouru par chaque véhicule est le plus élevé (16.720 km/an en 2007 en Wallonie contre 15.050 en Flandre) et, surtout, que le taux d'augmentation annuelle des kilomètres parcourus est également le plus élevé: + 6,3 % entre 2003 et 2007.

    Bien sûr, Monsieur le Ministre m'objectera que dans le même temps, la clientèle des TEC a explosé, puisqu'elle a augmenté de 42 % entre 2003 et 2007. Il s'agit là d'une évolution intéressante, mais qui n'entrave pas l'augmentation des kilomètres automobiles parcourus et qui s'inscrit du reste dans une tendance générale, puisque sur la même période, la STIB a vu sa clientèle augmenter de 52 % à Bruxelles et De Lijn de 63 % en Flandre.

    Rappelons que de 1990 à 2005, malgré les perfectionnements des moteurs, les émissions de CO2 dues au transport ont augmenté de 53 %, tandis que les émissions du secteur industriel diminuaient de 22 %.

    S'il peut être utile d'encourager l'acquisition de véhicules moins polluants (écobonus / écomalus) mener une politique structurelle qui diminue la dépendance des Wallons à la voiture serait de loin bien plus efficace, tout en étant générateur d'économie pour tous.

    Or, le taux d'augmentation annuel des kilométrages parcourus en Wallonie (deux fois plus élevé qu'en Flandre), montre que la d'indépendance des Wallons à la voiture augmente. Ceci montre aussi que l'augmentation de l'utilisation des transports publics n'arrive pas, loin s'en faut, à stabiliser l'utilisation de la voiture.

    Monsieur le Ministre peut-il me dire quelles politiques structurelles de limitation de la dépendance de la Wallonie à la voiture il a mis en place durant cette législature afin de contribuer - entre autres effets bénéfiques - à garder le contrôle sur les émissions sans cesse en hausse de gaz à effet de serre de la mobilité routière?

    Peut-il me dire également selon quelles techniques l'efficacité desdites politiques est mesurée ?
  • Réponse du 13/05/2009
    • de ANTOINE André

    La réduction des consommations d'énergie et des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur des transports est relativement complexe. Face aux défis des objectifs ambitieux d'économies d'énergie annoncés dans le Paquet Energie européen à 2020 et surtout ceux recommandés à l'horizon 2050, les progrès technologiques risquent d'être insuffisants, d'autant plus que jusqu'à présent, la croissance de la mobilité a généralement annulé les gains en efficacité énergétique que le progrès technique permettait de réaliser.

    Il convient donc également d'orienter les choix des citoyens vers des modes de transport plus respectueux de l'environnement, voire remettre en cause certains de leurs déplacements.

    En ce qui concerne le transport de personnes, la lutte active contre la surconsommation énergétique et les émissions polluantes repose sur le développement d'alternatives à l'utilisation de la voiture individuelle, moins coûteuses, efficaces et adaptées aux besoins de déplacements. Une priorité doit donc être accordée à deux principaux axes d'action : le développement du transport public et l'amélioration de l'intermodalité entre les différents moyens de transport.

    L'autobus et le train présentent un bilan énergétique favorable. Un recours accru au transport public, tant par autobus que par chemin de fer, permet donc d'économiser la consommation globale de carburant et de réduire les rejets de polluants et, par conséquent, participe à l'amélioration du cadre de vie dans la perspective d'un développement durable. Pour l'autobus par exemple, la consommation par passager est nettement inférieure à la moitié de celle d'une voiture individuelle, ceci en raison de son taux d'occupation moyen supérieur. Par conséquent, l'amélioration de l'attractivité du transport public et son développement, par rapport aux autres déplacements motorisés, s'accompagneront d'une diminution de la consommation énergétique et des émissions polluantes liées à l'ensemble du secteur des transports.

    La politique de mobilité que j'ai mise en œuvre vise aussi à favoriser l'intermodalité entre les différents moyens de transport, ainsi que le développement des modes de transport alternatifs à la voiture tels que la marche et le vélo, modes doux et non consommateurs d'énergie, particulièrement adaptés aux déplacements plus courts. En matière de réduction de l'usage de la voiture, un potentiel important réside certainement dans un transfert modal vers les déplacements en train, solution la plus adaptée aux trajets plus longs.

    L'offre de transport doit donc répondre à des critères quantitatifs et qualitatifs et doit s'inscrire dans un contexte global où l'efficacité de la chaîne complète du déplacement est maximisée. Il convient notamment d'assurer l'articulation et l'intégration des différents outils de mobilité afin d'optimiser le déplacement des citoyens du point d'origine au point de destination et leur fournir un service complet du départ à l'arrivée. C'est dans cette optique que j'ai décidé de transformer le TEC, organisateur et prestataire de service classique d'autobus, en un manager de la mobilité et de lui attribuer une mission élargie allant de la diffusion de l'information sur la mobilité sans contrainte à la présentation de toute une palette de produits «mobilité» complémentaires destinés à rencontrer les besoins individuels de déplacements. C'est au travers du contrat de gestion du groupe TEC que le transport en commun est replacé au centre de la réflexion, tandis que les autres acteurs de la mobilité viennent se raccorder à cet élément central et fédérateur.

    En Région wallonne, plusieurs mesures sont prises qui permettent de favoriser les modes de transport alternatif à la voiture individuelle et ainsi contribuer à réduire la consommation énergétique et les émissions des transports, parmi lesquelles :

    - le renforcement de l'offre de transport public, du parc d'autobus et modernisation des infrastructures ;
    - la modernisation progressive des parcs de véhicules des transports en commun et des pouvoirs publics ;
    - l'interopérabilité de divers titres de transports entre opérateurs de transport public ;
    - des campagnes d'information et de sensibilisation à l'usage des modes doux ;
    - l'éducation des enfants à l'usage du vélo avec, notamment, le Brevet du cycliste ;
    - l'aménagement d'infrastructures de déplacement adaptées et sécurisées pour les modes doux (piétons, cyclistes, personnes à mobilité réduite) ;
    - la réalisation d'un réseau de pistes cyclables (réseau RAVel) ;
    - le soutien aux plans de mobilité communaux et aux plans de déplacement d'entreprises et d'administrations publiques ;
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