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L’énergie éolienne et l’emploi

  • Session : se2009
  • Année : 2009
  • N° : 8 (se2009) 1

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  • Question écrite du 20/08/2009
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Peu à peu et à l’initiative notamment de M. Antoine, sous le précédent Gouvernement wallon, l’éolien se développe en Wallonie.

    De façon souvent anarchique, faut-il aussi préciser.

    Il doit être tenu compte par le Gouvernement wallon d’une opposition légitime de riverains ou d’autorités communales.

    En clair, si tout le monde peut être d’accord sur le principe de l’implantation d’éoliennes, encore faut-il choisir des lieux judicieusement approuvés de façon à ne pas léser les intérêts légitimes des habitants et propriétaires riverains.

    Pour quelles raisons n’a-t-on pas prévu en Région wallonne l’indemnisation des riverains quant au préjudice qu’ils peuvent subir de par la présence d’éoliennes, que cela soit une dépréciation immobilière ou un trouble de jouissance durant la vie d’une éolienne.

    D’autre part, force est de constater qu’à l’exception des entreprises assurant les travaux de génie civil, l’éolien a développé peu ou pas d’emplois en Wallonie dans la mesure où les éoliennes sont fabriquées dans des pays étrangers, un peu comme les panneaux photovoltaïques.

    L’un des leaders dans le secteur est l’entreprise allemande Enercon.

    Existe-t-il à ce jour ou à bref délai une entreprise susceptible de fabriquer en Wallonie des éoliennes plutôt que de les importer ?

    Au Portugal, par exemple, l’énergie éolienne fait recette et crée de l’emploi dans la fabrication industrielle des éoliennes.

    C’est ainsi que l’un des leaders mondiaux, l’entreprise allemande Enercon a investi au Portugal sur deux sites, Viana do Castello et Lanheses.

    Il semble donc que les autorités portugaises aient conditionné le développement des éoliennes à l’obligation pour les installateurs de fabriquer les machines au Portugal.

    Le Portugal a donc ainsi créé des milliers d’emplois et devrait rapidement devenir exportateur d’éoliennes.

    Au Portugal, la production d’éoliennes devrait passer à 5.000 MW fin 2010, ce qui permettrait d’assurer 20 % de la consommation d’énergie du pays.

    En y incluant l’hydraulique, les énergies renouvelables représenteront près de 40 % de l’énergie consommée au Portugal.

    A l’horizon 2015, ce pays vise à intégrer 8.000 MW d’éoliens.

    Au Portugal, il est constaté qu’il y a quelques années, l’essentiel des éoliennes installées clans le pays était importé. À l’horizon 2011-2013, les éoliennes qui sont installées au Portugal seront fabriquées au Portugal et 60 % des éoliennes fabriquées seront exportées.

    Pour quelles raisons, la Région wallonne ne s’inspire-t-elle pas du modèle portugais dans le respect bien entendu des règles juridiques en vigueur au niveau européen, belge et wallon ?

    Des contacts ont-ils été noués à ce jour avec des investisseurs étrangers en vue d’obtenir que la fabrication des éoliennes installées en Belgique soient fabriquées chez nous à un prix, pour les installateurs, plus compétitif et plus intéressant que la simple importation qui ne crée pas d’emplois en Wallonie ?
  • Réponse du 10/09/2009
    • de NOLLET Jean-Marc

    Pour quelles raisons n'a-t-on pas prévu en Région wallonne l'Indemnisation des riverains quant au préjudice qu'ils peuvent subir de par la présence d’éoliennes, que cela soit une dépréciation immobilière ou un trouble de jouissance durant la vie d'une éolienne ?

    L'annonce d'un projet éolien peut avoir un effet dépréciateur à court terme sur la valeur immobilière locale. Cet effet est constaté lors de projets d'infrastructure publique (autoroute, antenne de télécommunication, …) et reste limité dans le temps. Lorsque le parc éolien est en fonction, on remarque que l’immobilier reprend le cours du marché. C'est notamment ce que laisse entendre une étude prospective ordonnée par la Région wallonne (Devadder 2005). Ce résultat confirme les tendances remarquées dans d'autres pays tels que les Etats-Unis où une étude menée sur un échantillon de plus de 24.000 transactions immobilières (dont 14.000 avec vue sur parc éolien) a montré que l'implantation de parcs éoliens n'a aucun impact significatif sur le marché immobilier (REPP 2003).

    La valeur d'un bien immobilier est constituée d'éléments objectifs (localisation, surface habitable, nombre de chambres, isolation, type de chauffage, ... ) et subjectifs (beauté du paysage, impression personnelle, coup de cœur, argumentation commerciale). L'implantation d'un parc éolien, telle que réalisée actuellement, n'a aucun impact sur les critères de valorisation objectifs d'un bien. Elle ne joue que sur les éléments subjectifs, qui peuvent varier d'une personne à l'autre.

    Par ailleurs, les études internationales disponibles en la matière ne mettent pas en évidence un trouble de jouissance subi par les riverains sur le long terme. Il semblerait que les riverains s'adaptent à leur nouveau paysage et, dans certains cas, considèrent que les éoliennes font partie intégrante de celui-ci. En Région wallonne, une étude locale sur l'acceptation sociale de l'éolien (Aérograph 2005) a ainsi montré que la majorité des riverains interrogés (plus de 230 riverains de 3 parcs éoliens à différents stades d'évolution) considèrent que l'éolien n'a pas eu d'impact sur leur quotidien.

    Finalement, la décision d'octroyer ou non une indemnisation devra prendre en considération les conséquences jurisprudentielles liées à l'installation d'autres infrastructures ayant un impact sur le paysage et l'environnement.

    Notons finalement que cette problématique relève plus de l'aménagement du territoire, compétence du Ministre Philippe Henry, que de l'énergie.

    Références :

    - Devadder, « Etude sur l'impact immobilier des éoliennes », Bruxelles, 2004 (http://energie,wallonie,be > Thème Energies renouvelables> Energie éolienne) ;
    - REPP. « The effect of wind development on local property values », Washington, 2003, (http://www.repp.org/articles/static/1/binaries/wind_onlineJmal.pdf) ;
    - Aérograph, al Etude sur l'acceptation sociale de l'éolien., Bruxelles, 2005 (http://energie,wallonle.be > Thème Energies renouvelables> Energie éolienne

    Existe-t-il à ce jour ou à bref délai une entreprise susceptible de fabriquer en Wallonie des éoliennes plutôt que de les importer ?

    Des contacts ont-ils été noués à ce jour avec des investisseurs étrangers en vue d'obtenir que la fabrication des éoliennes installées en Belgique soient fabriquées chez nous à un prix, pour les installateurs, plus compétitif et plus intéressant que la simple importation qui ne crée pas d'emplois en Wallonie ?

    Pour quelles raisons, la Région wallonne ne s'inspire-t-elle pas du modèle portugais dans le respect bien entendu des règles juridiques en vigueur au niveau européen, belge et wallon ?

    Le marché de l'éolien peut être divisé en quatre catégories: l'éolien on-shore de grande puissance (plus de 1.500 kW de puissance installée), l'éolien on-shore de moyenne puissance (entre 100 et 1500 kW), l'éolien on-shore de petite puissance (entre 0,1 et 100 kW) et l'éolien off-shore (qui peut lui aussi être subdivisé en plusieurs catégories).

    A ce jour, aucune entreprise du secteur mondial de l'éolien de puissance on-shore et/ou offshore n'a manifesté un intérêt pour la fabrication d'éoliennes on-shore en Région wallonne. Toutefois, il existe un assembleur belge pour des éoliennes de moyenne puissance. Il s'agit de la société Turbowinds basée en Flandre, qui développe des modèles situés dans la gamme de 350 à 750 kW.

    Pour ce qui concerne les petites puissances (entre 1 et 100 kW) les sociétés Fairwind et Typhoon Master Liège, toutes deux basées en Wallonie, produisent et commercialisent des modèles d'éoliennes comprises entre 5 et 40 kW.

    Disposer d'une usine d'assemblage d'éoliennes en Région wallonne pourrait très certainement créer de l'emploi et de la richesse locale. Cette possibilité a été creusée à plusieurs reprises à travers des contacts directs du facilitateur éolien avec les entreprises leader du marché ainsi que lors de la visite du Ministre Daras (2002) chez Enercon, ainsi que, quelques années plus tard, lors de la visite du Ministre Antoine (2006) chez le même fabricant (un des leaders du marché mondial, et majoritaire sur le marché Belge).

    Il en résulte que la situation géostratégique de la Belgique, proche des usines d'assemblage allemandes et hollandaises, est actuellement défavorable à une telle implantation. A contrario, il est économiquement intéressant pour un assembleur d'installer ses usines dans les pays plus éloignés tels que le Portugal ou l'Inde, lesquelles implantations sont des portes ouvertes sur les marchés méditerranéen et indien.

    La possibilité de créer une nouvelle usine d'assemblage en Région wallonne a par ailleurs aussi été envisagée. Sous l’impulsion des membres industriels qui les composent, le cluster Tweed et l'Union wallonne des entreprises ont récemment initiés des groupes de travail sur le sujet. Leurs conclusions sont convergentes:

    - le gap technologique entre les constructeurs actuels el d'éventuels nouveaux entrants est difficilement rattrapable à court terme. La construction d'une usine d'assemblage est estimée à au moins 5 ans ;
    - le marché belge est relativement petit. Une des réflexions en cours consiste à offrir une technologie privilégiant la main d'œuvre locale, par exemple par la réalisation in situ de mâts en béton ;
    - il est plus Intéressant de se spécialiser dans la chaîne de valeur de l'éolien, plutôt que de créer une usine d'assemblage,

    Sur ce dernier point, rappelons que plusieurs entreprises belges et/ou wallonnes sont spécialisées dans la fourniture de composants éoliens. Certaines sont même leaders du marché mondial. Parmi celles-ci, en Wallonie:

    - CFR: fourniture d'éléments en acier pour les éoliennes. 113 des éoliennes dans le monde contient des produits de CFR ;
    - Samtech : modélisation des écoulements, génie civil et étude de stabilité ;
    - Cemea : modélisation de pales ;
    - Owens Corning : production de fibre de verre pour les pales.

    Et en Flandre:

    - Hanssen Transmission: production d'engrenage et boites de transmission pour éoliennes ;
    - Pauwels: production de transformateurs et de génératrices pour éoliennes.

    Par ailleurs, plusieurs industriels wallons sont impliqués dans des programmes de développement liés à l'éolien off-shore, La société CMI par exemple met en place un service de maintenance spécifique tandis qu'un consortium d'universités francophones (UlB, ULG, FPMS) et d'industriels locaux (Megatech) et internationaux (Blue H) réalise un projet d'optimisation des techniques de gestion des éoliennes offshore flottantes,

    Mentionnons finalement que, en vue du potentiel de développement éolien en Wallonie, certains assembleurs envisagent sérieusement la possibilité d'établir un centre de stockage et de maintenance permanent en Belgique. Enercon quant à lui a déjà installé son hub à Gosselies, avec des perspectives d'embauche de 20 personnes par an.

    Eolienne et emploi

    Bien que la Belgique ne dispose pas d'assembleur d'éoliennes, plusieurs entreprises wallonnes et flamandes fournissent du matériel de haute qualité. Certaines ont même développé des composants utilisés dans le monde entier et peuvent se vanter d'être leaders mondiaux (voir plus haut).

    Par ailleurs, le développement de chaque projet éolien implique près d'une quinzaine d'entreprises locales, indispensables pour réaliser les études, mener les travaux d'installation et d'aménagement de voiries, raccorder le parc au réseau, financer le projet et assurer la maintenance des éoliennes sur vingt ans. Ces activités économiques représentent 15 à 20 % de l'investissement global et permettent ainsi l’emploi de nombreuses personnes: ingénieurs, architectes, logisticiens, ouvriers, techniciens, ...

    En Europe, 150.000 personnes travaillent dans une activité liée à l'éolien. Vu la forte croissance du secteur, 368.000 nouveaux emplois devront être créés en Europe d'ici 2020 et seront occupés par une main-d'oeuvre locale (projection réalisée par le programme européen MITRE).

    En Belgique, le rapport d'EWEA « Wind at Work » estime à 2000 le nombre de personnes directement employées dans notre pays.

    En Région Wallonne, le mémorandum de EDORA, Fédération des producteurs d'énergie renouvelable, estime à 1360 le nombre d'emplois (directs et indirects) créés en région wallonne en 2008.

    Pour plus d'info:

    - Rapport de ENEA, European Wind Energy Association, ce « Wind at work » , téléchargeable à l'adresse http://www.ewea.org/fileadmin/ewea documents/documents/publications/Wind at wodt FINA L.pdf;

    - Memorandum Edora : http://www.edora.org/open doc.php?ext=pdf&path=doc/news 15/&f=090623%20Memorandum RW.pdf.