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Crise financière et économique

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 11 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 14/10/2009
    • de EERDEKENS Claude
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    La crise du secteur bancaire et des assurances de septembre 2008 continue à générer des effets particulièrement pervers pour les finances publiques, mais aussi pour l'emploi.

    Tant le secteur des banques et des assurances font l'objet de restructurations en fonction de la situation économique.

    Il est annoncé des réductions d'effectifs dans l'ensemble du secteur.

    A-t-on pu chiffrer de fin septembre 2008 à fin septembre 2009 le relevé des pertes d'emplois enregistrées par banque et par assurance au niveau des sièges d'activités se trouvant en Wallonie ?

    Dans l'affirmative, ces chiffres pourraient-ils être disponibles ?

    D'autre part, d'autres restructurations sont-elles envisagées dans le secteur et quel est le volume d'emplois qui pourraientt être encore affectés à ce propos ?
  • Réponse du 26/11/2009
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Etant donné l'origine de la crise que nous connaissons depuis plusieurs mois, le secteur financier belge, tant les banques que les assurances, est directement touché tant en termes économiques que financiers.

    La Banque nationale de Belgique a publié récemment une analyse statistique du secteur financier belge(1).

    En 2008, le bilan des banques belges avait fondu de 11% (1.578,4 milliards d'euros en 2007 à 1.422,1 milliards d’euros en 2008). Ce recul s'explique essentiellement par la cession de Fortis Bank Nederland et ABN Amro aux Pays-Bas.

    Sur le premier semestre 2009 la taille du bilan des banques belges a de nouveau fondu de 9,9 % pour atteindre 1.281 milliards d'euros. Cette diminution s'explique essentiellement par la diminution des portefeuilles de titres détenus par les banques. La crise a conduit plusieurs établissements à se débarrasser de leurs actifs les plus risqués. C'est le cas de Fortis qui les a transférés dans un véhicule spécial, baptisé Royal Park Investments. BNP Paribas, propriétaire de 75 % de l'ex-Fortis Banque( a pris une participation de 12 % dans ce véhicule et Fortis holding 45 %, le reste revenant à l'Etat belge(2).

    Une autre source de la réduction de la taille du bilan réside dans la chute des prêts et avances que les établissements de crédit se sont accordés les uns envers les autres. Sur les 6 premiers mois de l'année, les prêts et avances aux établissements de crédit se sont réduits de 17 % (213,2 milliards à 176,7 milliards), fragilisés par des tensions persistantes sur le marché interbancaire.

    Au cours du premier semestre 2009, les banques ont récolté 8,3 % de dépôts en moins qu'en 2008. Le montant total atteint désormais 862,2 milliards contre 940 milliards à fin 2008.

    Selon l'analyse de la Banque nationale, les pertes accumulées par les banques belges au premier semestre 2009 se montent à 2,2 milliards d'euros contre un bénéfice de 3,2 milliards en juin 2008, soit un recul de près de 168 %.

    Dans le même temps, les banques ont vu leur rentabilité chuter. Le rendement des capitaux propres des banques s'élève à 8,9 % à fin juin 2009, alors qu'il était de 11 % en 2008.

    L'environnement de marché s'est nettement amélioré pour les établissements bancaires depuis le deuxième trimestre. Les publications au titre du troisième trimestre seront un bon indicateur de la santé des établissements belges toujours convalescents.

    Le secteur de l'assurance a également subi la crise de plein fouet. Les compagnies opérant sur le marché belge ont accumulé 3,9 milliards d'euros de pertes en 2008. Les difficultés d'Ethias sauvé par les pouvoirs publics et celles de P & V ne sont pas étrangères à cette plongée. Ce chiffre se compare à un profit cumulé de 3,7 milliards d'euros pour l'ensemble de l'année 2008(3).

    Ces mauvaises performances financières du secteur financier et des assurances se sont évidement traduites en perte d'emplois et en restructuration dans les grandes institutions financières. Il est à noter que de nombreuses institutions financières exerçant une activité en Belgique (Crédit agricole, Deutsche Bank, etc.) n'ont pas connu les mêmes difficultés.

    Il est difficile de donner une estimation précise des pertes d'emplois pour la Belgique et la Région wallonne puisque les grandes institutions disposent également de sièges à l'étranger. Néanmoins, les trois grandes banques belges, KBC, Dexia et l'ex-Fortis Banque, ont supprimé 6.200 emplois en un an, dont 2.300 en Belgique. Seul ING Belgique a augmenté légèrement ses effectifs (57 emplois). Les 315 postes que compte supprimer cette année la filiale belge du groupe néerlandais n'ont pas été pris en compte dans le chiffre(4).

    Par institution, KBC aurait supprimé 3.200 emplois, l'ancienne Fortis Banque 2.150 emplois. Les suppressions de postes sont deux fois plus élevées dans les filiales étrangères qu'en Belgique. Par contre, Dexia aurait supprimé 907 emplois à travers le monde dont 678 en Belgique.

    De nombreux analystes craignent néanmoins des restructurations profondes en fin d’année.


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    (1)Aperçu statistique du système financier belge, Banque nationale de Belgique, octobre 2009
    (2) Echo du 28 octobre 2009
    (3) Echo du 28 octobre 2009
    (4) Trends du 25 août 2009