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Bilan des émissions de gaz à effet de serre pour les biocarburants

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 55 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 29/10/2009
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Les biocarburants ont été présentés par certains comme une solution aux problèmes de la crise énergétique.

    BIOWANZE a été créée à cet effet sous la précédente législature régionale.

    Quel bilan peut-on tirer sur le plan écologique pour les biocarburants de la première génération ?
    Quels sont les biocarburants mis en place à ce jour en Wallonie ?

    Selon une étude française demandée par l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) commandée auprès du bureau « Bio Intelligence Service », les émissions de gaz à effet de serre varient selon les produits. Selon cette étude, l'éthanol de canne à sucre provoque 90 % d'émissions de gaz à effet de serre en moins que les carburants fossiles, le taux descendant entre 50 et 80 % pour les bioéthanols issus du blé, du maïs et de la betterave, ainsi que les biodiesels de tournesol, de colza et de soja.

    Pour la filière ETBE (éthanol de betterave, de blé et de maïs), on descendrait à 20 %.

    Qu'en est-il plus précisément au niveau de BIOWANZE ?

    Est-il exact que la filière ETBE ne répondra plus aux exigences de la Commission européenne qui, à l'horizon de 2017, nous réclamera un gain d'au moins 50 % ?

    D'autre part, a-t-on pu encore envisager en Wallonie de réaliser des biocarburants de la seconde génération produits à partir d'herbes et de résidus agricoles et forestiers ?

    Où en est la recherche à ce jour et des initiatives pourraient-elles naître ou être examinées d'ici peu ?
  • Réponse du 24/11/2009
    • de NOLLET Jean-Marc

    En matière de carburants et de biocarburants, il est difficile de distinguer clairement la part des Régions au sein de la Belgique. D'une part, les données relatives aux carburants concernent en général la Belgique dans son entièreté. D'autre part, les mesures déterminantes pour le soutien aux biocarburants (défiscalisation et normes de produits) relèvent des compétences du Fédéral. En Belgique, pour l'année 2008, 115 millions de litres de biodiesel, soit 1,4 %volume ou encore 1,3 %énergetique du diesel, et 24 millions de litres de bioéthanol, soit 1,2 %volume ou encore 0,8 %énergétique de l'essence ont été incorporés aux carburants, ce qui fait un total d'incorporation de 1,2% énergétique.

    La production des biocarburants en Belgique n'en est qu'à ses débuts, il est donc encore trop tôt pour se prononcer définitivement sur leur bilan écologique. Toutefois, selon une étude française demandée par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) auprès du bureau "Bio Intelligence Service", les résultats seraient assez favorables pour les filières développées en Région wallonne, confirmant les bilans de gaz à effet de serre qui sont donnés dans la directive européenne. Typiquement, le biodiesel de colza réduit les émissions de 45% par rapport au diesel et l'éthanol de betterave réduit ces émissions de 53% par rapport à l'essence (lorsque du gaz naturel est utilisé en cogénération).

    L'ensemble des filières biocarburants étudiées dans cette étude présentent des bilans moins émissifs que les carburants fossiles. La grande majorité d'entre eux se situent entre 20 et 40g C02eq/MJ contre 96g et 100g respectivement pour le diesel et l'essence, soit des gains entre 60 et 80%. Les éthanols sous forme d'ETBE (éthyl tertio butyl éther) ont des bilans moins favorables entre 50g et 66g C02eq/MJ, soit des gains compris entre 35 et 56 %. Nous constatons que l'ETBE est effectivement moins performant car, dans cette étude, les émissions liées à la production d'ETBE sont prises en compte alors que la Directive SER ne prévoit pas de chiffre pour la filière ETBE. La Directive ne prend en compte que le taux de réduction de l'éthanol incorporé à l'ETBE, celui-ci étant composé à 37 % d'éthanol (pourcentage énergétique).

    Biowanze produit du biocarburant de première génération à partir de froment et de betteraves. L'économie de C02 atteindra probablement 70 % du champ à la roue par rapport aux carburants fossiles, grâce notamment à la capacité de Biowanze à produire une grande partie de son énergie à l'aide d'un composant du froment (le son) non utilisé dans le processus de production du bioéthanol.

    A l'heure actuelle, la Directive ne prend en compte que le taux d'émission de l'éthanol contenu dans l'ETBE (sans tenir compte des émissions liées à la production d'ETBE). Toutefois, il est possible que les révisions futures prennent en compte les émissions spécifiques liées à la fabrication de l'ETBE et dans ce cas, en effet, il se peut que l'éthanol incorporé directement respecte le seuil minimum, tandis que l'éthanol sous forme d'ETBE pourrait être recalé. Tout dépend des hypothèses retenues.

    Des projets-tests sont en cours en Région wallonne, notamment au niveau des cultures énergétiques. Les ASBL ValBiom et CIPF (Centre Indépendant de Promotion Fourragère) travaillent actuellement sur un projet qui a pour but de développer la culture du miscanthus et ses applications énergétiques. Des progrès importants ont été accomplis pour éliminer la concurrence des adventices, pour obtenir un stade de récolte optimum garantissant une parfaite conservation de la matière. Ces expérimentations devront toutefois être poursuivies pour optimaliser la reprise des rhizomes et la densité finale de la plantation. Les rendements des parcelles implantées ont été déterminés dans différentes régions de Wallonie et montrent qu'il est nécessaire d'attendre la deuxième année pour une récolte significative et rentable. Ces récoltes s'effectuent avec des ensileuses à mars conventionnelles entre la mi-mars et la mi-avril.

    Les biocarburants de deuxième génération tout comme la bioraffinerie végétale, sont toujours à l'état de recherche et développement. Nous ignorons encore quelles filières se développeront en Belgique et quelles quantités seront disponibles. Dans le cadre du SET plan proposé par la Commission européenne, il est notamment prévu une « Initiative industrielle européenne » qui a pour objet de lancer un appel à projet pour une vingtaine d'installations de démonstration, principalement des biocarburants de seconde génération.