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Magasins dans le secteur de la distribution à très faible consommation énergétique

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2009
  • N° : 81 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 24/11/2009
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Le groupe Delhaize a développé un nouveau concept de magasin appelé « Red Market ». Récemment, le deuxième magasin de ce type en Wallonie a été inauguré, le premier ayant été installé à Gembloux.

    Il s'agit d'un magasin d'alimentation ou de grande surface comme on en trouve dans toutes les villes et communes de Wallonie, quelles que soient les marques en présence comme Colruyt, Champion, Aldi, Match, etc.

    La particularité de ce magasin est qu'il utilise l'énergie de ses frigos pour assurer le chauffage de l'entièreté du magasin.

    Il a tout simplement été prévu une petite chaudière d'appoint à titre de dépannage de telle sorte que la consommation énergétique de ce bâtiment en matière de chauffage serait dérisoire.

    Ayant découvert à l'occasion de ce nouveau concept de magasin qu'à l'avenir les frigos existants, grands consommateurs d'énergie, pouvaient assurer le chauffage des magasins, n'y a-t-il pas lieu de généraliser ce système pour l'ensemble des futures grandes surfaces, pour autant qu'elles aient bien entendu des frigos en volume suffisant de façon à réduire la note énergétique souvent considérable des grandes surfaces de distribution alimentaire?
  • Réponse du 17/12/2009 | Annexe [PDF]
    • de NOLLET Jean-Marc

    Afin d'évaluer l'impact de la solution adoptée par la chaîne de magasin « Red Market », que l’honorable Membre me permette de faire un bref état de la situation. Actuellement, la consommation énergétique belge pour les commerces se situe aux alentours des 25,30 % de la consommation totale du secteur tertiaire. Les graphiques ci-joints reprennent la ventilation selon les Régions.

    Plus précisément, l'analyse de la consommation d'énergie des supermarchés permet de mettre en évidence la part importante représentée par l'électricité, particulièrement dans les commerces alimentaires. L'électricité est en effet le seul vecteur énergétique utilisable pour certains usages tels que l'éclairage, le froid alimentaire ou la climatisation.

    L'analyse des consommations énergétiques des commerces selon les données reprises dans l'étude réalisée par Olivier Dartevelle(1) de l'UCL, met en évidence les éléments suivants:

    - les deux postes prédominants sont l'éclairage et le froid alimentaire;
    - le froid alimentaire représente 30 à 40% des consommations énergétiques finales d'un commerce alimentaire (de l'ordre de 400 kWh/m2) ;
    - l'éclairage est le poste prédominant pour l'ensemble des commerces, mais représente 30 à 35 % des consommations énergétiques finales d'un commerce alimentaire;
    - le chauffage et la climatisation représentent quant à eux, 10 à 20%.

    Sur base de ces considérations, concentrons-nous sur la piste de la récupération de chaleur des frigos pour chauffer le bâtiment.

    Premièrement, dans un commerce alimentaire, il convient d'améliorer l'efficacité énergétique du froid alimentaire en assurant le confinement du froid soit:

    - d'une manière globale dans un espace isolé (exemple des magasins Colruyt) ;
    - de manière décentralisée en utilisant des meubles frigos fermés par des portes ou des volets. Selon les données reprises dans Energie + (CD réalisé par l'UCL), un meuble frigorifique fermé consommerait 40 à 50 % en moins qu'un meuble ouvert.

    Ensuite, il faut encourager l'utilisation d'appareils performants, ayant un dégivrage efficace, sans éclairage interne, ...

    De même, on envisagera la possibilité de récupérer la chaleur rejetée par les machines frigorifiques en appoint du chauffage ou de la préparation de l'eau chaude sanitaire. Ainsi, la récupération directe de chaleur dans le bâtiment peut être intéressante lorsqu'elle est importante et permet de compenser les déperditions du magasin, en période froide.

    Cependant, en période chaude, cette chaleur doit être évacuée vers l'extérieur du bâtiment. Il n'en reste pas moins que l'essentiel est de veiller à limiter les déperditions du bâtiment en améliorant l'isolation thermique.

    Chaque projet doit être étudié de manière spécifique afin d'envisager l'approche énergétique de manière globale.

    La possibilité de récupération dépend de la puissance de froid installée et du rendement des machines frigorifiques qui peuvent varier fortement d'un commerce à un autre. Il faut considérer ensemble la machine frigorifique et les appareils de production d'eau chaude sanitaire ou de chauffage et le fait que la récupération de l'énergie engendre des investissements supplémentaires par rapport à des machines classiques. Chaque projet doit donc faire l'objet d'une étude de faisabilité technico-économique.

    Une étape importante consisterait à exiger des performances minimales pour les meubles frigos (COP, consommation minimale testée selon une méthode standardisée, …) et d'ensuite étudier la possibilité de récupérer la chaleur en fonction des besoins en énergie de chauffage. Des exigences pourraient être intégrées dans la réglementation PEB (Performance énergétique des bâtiments).

    Finalement, et plus généralement, d'autres actions en faveur des entreprises sont menées en Région wallonne, parmi lesquelles les accords de branche.

    Début des années 2000, le secteur a été approché en vue de créer un accord de branche "grande distribution". La fédération Fedis n'a pas souhaité à l'époque s'engager avec ses entreprises dans une telle démarche. Par contre, le souci de les inscrire dans un processus d'utilisation rationnelle de l'énergie a conduit le SPW à octroyer un subside pour mener des actions d'utilisation rationnelle de l'énergie auprès des membres de la Fedis.

    De plus, certaines entreprises ont pris le train en marche et contribuent à réduire leur impact sur les changements climatiques sans recourir systématiquement et massivement aux aides des pouvoirs publics. Par exemple, les groupes Colruyt et Delhaize en ont fait un outil de marketing. D'autre part, des sociétés telles que SHO (magasins Trafic) et Umodis (magasins Leader One) restent plus discrètes quant aux investissements réalisés et ne s'en servent pas comme image.

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    (1) Olivier Dartevelle, UCL, Architecture et Climat: « Etude pour l'extension de la méthode de calcul de la PEB aux bâtiments commerciaux ».