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Sommet de Copenhague - Ambitions de la Californie en matière d'énergie renouvelable

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 147 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 13/01/2010
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Au rendez-vous du climat à Copenhague, le Gouverneur de la Californie, qualifiée de 7ème puissance économique du monde, le très médiatique Arnold Schwarzenegger a annoncé qu'en 2020, la Californie produira 35 % de son énergie par des énergies renouvelables contre 20 % aujourd'hui.

    La Wallonie s'est assignée comme objectif d'atteindre 20% des besoins énergétiques par des énergies renouvelables en 2020.

    La Région wallonne a-t-elle décidé ou non de dépêcher des experts de l'administration ou du Cabinet en Californie, à l'effet de comprendre les méthodes utilisées par les Américains, pour être à ce point efficaces en matière d'énergies renouvelables?

    Pour quelles raisons la Wallonie est-elle dans l'impossibilité pour l'instant, mais aussi pour 2020 d'atteindre les performances de la Californie et pour quelles raisons les ambitions de la Wallonie sont-elles, à ce point, à la baisse par rapport à celles annoncées par le Gouverneur « Terminator » bien connu?

    On peut imaginer qu'aux Etats-Unis ou ailleurs, les vedettes de cinéma recyclées dans la politique seraient plus efficaces sur le terrain que les politiques ou les administrations s'occupant des problèmes climatiques.
  • Réponse du 05/02/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    En réponse à l'honorable Membre dont je tiens à souligner le souci constant de positionner la Wallonie sur la scène internationale en matière de développement renouvelable, je tiens à faire part des considérations suivantes.

    Tout d'abord, il semble important de faire remarquer que l'objectif de 20 % de sources renouvelables dans la consommation finale d'énergie est issu du Paquet énergie-climat et s'applique à l'Union des 27. L'objectif wallon n'a pas encore été déterminé; celui-ci devra tenir compte de la Déclaration de Politique Régionale, où le Gouvernement s'est engagé à « se concerter avec le fédéral et les autres Régions afin de répartir au plus vite l'objectif belge en matière d'énergie renouvelable et de tendre à l'horizon 2020 à 20% de la consommation finale d'énergie par des sources renouvelables », sachant que l'objectif assigné à la Belgique est de 13%. La répartition de l'effort entre Régions est en cours de discussion.

    Ensuite, les chiffres qu'il cite concernant la Californie doivent être nuancés. En 2007, 11,8% de l'électricité californienne était de source renouvelable, à savoir, conformément à la définition californienne : l'éolien, le solaire, la géothermie, la biomasse et les petites installations hydro-électriques (les grosses installations hydro­électriques n'étant pas considérées comme une énergie renouvelable en tant que telle en Californie). La Californie s'est fixé un objectif d'augmentation de la part des énergies renouvelables dans son mix électrique de 20% de la production en 2010, et de 33% en 2020. Au vu des chiffres cités précédemment, l'objectif 2010 ne sera probablement pas atteint fin 2010.

    Ces objectifs paraissent ambitieux s'ils sont comparés à l'objectif européen de 20% d'énergie renouvelable dans la consommation énergétique finale à l'horizon 2020. Mais dans ce type de comparaison, il faut être très attentif à ne pas comparer des pommes et des poires; dans le cas d'espèce, il faut éviter la confusion entre la part d'électricité renouvelable et celle d'énergie renouvelable. Plus précisément, les pourcentages mentionnés ne sont pas comparables car ils portent sur des postes bilantaires différents, tant pour le numérateur que le dénominateur :
    - pour le numérateur, la définition de l'énergie renouvelable n'est pas la même : en Californie, on entend par énergie renouvelable l'éolien, le solaire, la géothermie, la biomasse et les petites installations hydro-électriques. Contrairement à la définition européenne, les grosses installations hydro-électriques ne sont pas considérées comme une énergie renouvelable;
    - en ce qui concerne le dénominateur, le chiffre californien utilise la production d'électricité seule alors que le chiffre européen utilise la consommation finale totale d'énergie (électricité, transport, chaleur).


    Toutefois, il faut effectivement noter le caractère volontariste de la politique menée par le Gouverneur californien, désirant faire de son Etat un pionnier aux Etats-Unis dans la lutte contre le changement climatique. Celui-ci a en effet signé un décret qui contraint les compagnies productrices d'électricité de l'État américain à produire au moins un tiers d'énergie renouvelable (soit un objectif de 33%) d'ici 2020. Ce seuil, parmi les plus élevés des Etats-Unis, est largement supérieur aux exigences fédérales. En effet, le projet de loi qu'a voté la Chambre des Représentants fixe une obligation de produire 20% de l'électricité en 2020 à partir d'énergies renouvelables ou via une amélioration de l'efficacité énergétique. Il faut également remarquer que le décret californien est sans contrainte protectionniste et permet l'importation d'énergie renouvelable.

    Afin d'atteindre ces objectifs ambitieux dans la décennie à venir, l'Etat prévoit des subventions à la production renouvelable et des aides au renouvellement des réseaux électriques. Les installations de production renouvelable déjà existantes se verront complétées par la création de 244 nouveaux projets, qui pourraient produire jusqu'à 70 TWh d'électricité verte par an. Ce portefeuille de projets touchera l'ensemble des sources d'énergie renouvelable, dont de gigantesques parcs d'éoliennes et de panneaux solaires dans le désert californien.

    Retenons encore que le système énergétique californien est reconnu pour sa bonne maîtrise de la consommation d'électricité. Outre les conditions démographiques et climatiques et le départ de certaines industries, cette faible consommation d'électricité s'explique par l'adoption de politiques efficaces visant à limiter la croissance de la demande d'électricité. Ce comportement vertueux est probablement généré en partie par un marché de l'électricité fortement régulé, encourageant les acteurs à maîtriser l'offre et la demande. L'atout d'un tel système de régulation, au delà d'une stabilité institutionnelle et juridique appréciée par les investisseurs, est de permettre la mise en œuvre de politiques d'économies d'énergie innovantes, sous l'égide du régulateur, notamment dans le cadre de la fixation des prix. La maîtrise de la demande d'électricité est portée par les 3 sociétés qui se partagent le marché de la distribution et de la commercialisation et le gestionnaire de réseau qui n'a pas d'objectif de profitabilité.

    Enfin, la Californie se distingue par une formidable capacité à l'innovation, avec la mise en place de centres de recherche performants dans les universités, un financement important venant de l'État (le Gouvernement Obama a versé près de 150 milliards de dollars d'aide à la création d'emplois verts) et des entreprises privées. Ces financements permettent notamment aux universités d'avoir une vision à long terme (10 ans) sur leurs programmes. La Silicon Valley est un lieu privilégié des investissements dans les "cleans techs" et les « start-ups » spécialisées dans les nouvelles technologies environnementales.

    La suggestion de l'honorable Membre relative à une possible application du « modèle énergétique californien » à la Wallonie ne me paraît pas évidente de prime abord., Si l'on peut s'inspirer de quelques pistes de soutien évoquées ci-dessus, la Wallonie et la Californie sont beaucoup trop différentes sur de nombreux aspects. En première approche, relevons ainsi :
    - la taille des territoires respectifs ainsi que la densité des populations;
    - la Californie possède de larges étendues désertiques, où les problèmes d'aménagement du territoire sont quasi inexistants;
    - ces étendues désertiques sont inondées d'un légendaire soleil, laissant augurer d'un potentiel comparable à l'Afrique du Nord, qui se trouve sur la même latitude;
    - la Californie est bordée de côtes maritimes qui offrent un potentiel éolien off­shore non négligeable;
    - le territoire californien est traversé par des chaînes montagneuses permettant une exploitation importante d'hydroélectricité.