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Le charbon et son utilisation dans l'industrie ou chez les particuliers

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 163 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 21/01/2010
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Le charbon qui fut dans l'histoire de notre pays à la base de la richesse de la Wallonie, de la création de sa sidérurgie, ne connaît plus pour l'heure l'aura qui fut la sienne au XIXème siècle et pendant une partie du Xème siècle. Les charbonnages wallons, pour des raisons de rentabilité, ont fermé les uns après les autres.

    Nos paysages de Wallonie conservent des traces d'archéologie industrielle de ce qui fut une industrie florissante au travers de nos terrils auxquels d'aucuns, de façon légitime, sont attachés en souhaitant les préserver comme le témoignage du labeur de nos courageux ouvriers qui ont fait au XIXème siècle de la Wallonie la 10ème puissance industrielle du Monde.

    Il suffit de découvrir les propos de M. Victor Hugo lorsqu'il parcourt en calèche la région de Namur à Liège pour se rendre compte de l'extraordinaire expansion que la Wallonie a pu connaître au travers de toute une série d'hommes d'exception, qui ont assuré durant des générations et des générations un travail et un revenu aux Wallons. Depuis, le charbon a vu son importance décliner dans la vie économique de la Wallonie et la vie journalière de nos citoyens.

    Cependant, les réserves de charbon seraient sur le plan planétaire tout à fait considérables.
    Si l'énergie demain devait croître dans ses prix, nos ressources minières inexploitées par défaut de rentabilité pourraient peut-être retrouver un intérêt économique ?

    Monsieur le Ministre considère-t-il que la Wallonie a définitivement abandonné le charbon ?

    Certains pays européens qui n'ont pas de centrales nucléaires ont fait le choix du charbon. Ils utilisent le charbon dans leurs centrales de production d'électricité, en Autriche notamment, à Gratz en particulier, où le charbon polonais permet de produire l'énergie dont une partie de l'industrie autrichienne et les foyers ont besoin.

    Doit-on considérer le charbon en Wallonie comme faisant définitivement partie de notre passé ou pourra t-il, avec les inconvénients qu'on peut lui connaître en matière de C02, retrouver une marge d'utilisation dès lors que l'on devrait en Wallonie fermer les trois réacteurs nucléaires de Tihange ?
  • Réponse du 10/02/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    Je tiens à remercier l'honorable Membre pour le rappel historique empreint de nostalgie sur le passé glorieux de la Wallonie lié à l'exploitation du charbon et le développement sidérurgique. Cette époque est cependant révolue, il est temps que la Wallonie confirme son engagement à aller vers les nouvelles sources d'énergie inépuisables que sont les énergies renouvelables. C'est d'ailleurs ce qu'il ressort clairement de la Déclaration de Politique Régionale qui stipule que : « L'Union européenne a fixé à 13% la part d'énergies renouvelables dans la consommation finale d'énergie en Belgique d'ici 2020. Même si la répartition entre Régions n'a pas encore été établie, le Gouvernement entend bien que la Région wallonne joue un rôle de premier plan dans la production pour atteindre et si possible dépasser cet objectif ».

    Ces dernières décennies en Région wallonne, le charbon a fortement diminué dans l'ensemble de ses applications :
    - dans le secteur industriel, les consommations de charbon et de gaz dérivés sont passées de 32,6 TWh en 1990 à 15,1 TWh en 2007, soit une baisse d'environ 50%;
    - dans le secteur résidentiel, la part du charbon dans le total de la consommation, qui représentait encore 16,1% en 1985, ne s'élève plus qu'à 1,2% en 2007;
    - enfin, dans la production d'électricité, le charbon ne représente plus que 1,2% en 2007, contre 12% en 1990 (sur la base des entrées en transformation dans les centrales électriques).


    Les raisons expliquant cette tendance baissière sont multiples (confort, propreté du combustible, transport, émissions de polluants, etc.), mais il est clair que l'impulsion donnée par la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), et sa mise en œuvre via le protocole de Kyoto ont exercé une influence importante dans la diminution de l'utilisation de ce combustible dans les pays industrialisés, dont la Région wallonne fait partie. Je tiens en effet à rappeler que le charbon est le combustible fossile dont l'intensité en carbone est la plus élevée; pour produire un kWh d'électricité, une centrale au charbon émettra en moyenne 800 g de CO2, alors qu'une turbine gaz-vapeur en émet environ la moitié, et les sources d'énergie renouvelable présentent un bilan neutre. Au niveau européen, l'industrie et les producteurs d'électricité sont soumis à un régime de quotas de CO2, ce qui pénalise l'utilisation du charbon comme combustible ou comme matière première. Pour ce qui est de la consommation résidentielle de charbon, elle est également susceptible de peser dans le bilan régional en matière d'émissions de gaz à effet de serre; or la Région wallonne est tenue de respecter ses objectifs issus du protocole de Kyoto jusqu'en 2012, et ceux issus du Paquet énergie-climat européen au-delà.

    Bref, le charbon ne semble pas constituer une voie d'avenir pour la Wallonie. D'autant plus que le coût d'exploitation du charbon qui reste dans le sous-sol wallon est nettement plus élevé que celui du charbon provenant de pays tiers tels que l'Australie qui dispose encore de grands sites à ciel ouvert. En Région wallonne, malgré les potentialités de mécanisation et d'automatisation de l'exploitation, les conditions géologiques sont de plus en plus difficiles au fur et à mesure de l'épuisement des veines les plus accessibles et la profondeur des gisements ne permettent pas d'atteindre un prix de revient comparable avec le charbon importé.

    L'espoir de la technologie de capture et de stockage de carbone, permettant de séquestrer 80 à 90% du CO2 émis des centrales au charbon, doit encore se matérialiser au niveau industriel. Or, les obstacles suivants doivent notamment encore être surmontés :
    - diminution du rendement global de la chaîne de production d'énergie et augmentation de son coût;
    - incertitudes sur la fiabilité à très long terme du stockage du carbone;
    - possibilité de trouver des zones de stockage propices près (ou en tous cas pas trop loin) des lieux de production (les grosses entreprises, les centrales électriques);
    - développement d'un réseau de transport avant exportation du gaz carbonique sous forme liquéfiée vers des grandes zones de stockage (par exemple dans les sous-sols marins)


    Enfin, une piste à approfondir pour les sites charbonniers est la technique "coal bed methane". Celle-ci consiste à récupérer le méthane ou grisou (CH4) présent dans les veines de charbon, en injectant dans ces dernières du CO2. En effet, l'absorption du gaz carbonique sur le charbon est supérieure à celle du méthane. Cette méthode condamne cependant l'exploitation ultérieure du charbon, suite à la libération concomitante du CO2 capturé. Le potentiel de récupération du méthane serait de 13 à 20 milliards de Nm3 (normaux mètres cubes).