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L'aide à plus long terme à apporter à Haïti

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 38 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 09/02/2010
    • de TARGNION Muriel
    • à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    On le sait, 1,2 million d'euros ont été débloqués par la Région et la Communauté pour venir en aide à la population de Haïti. Il s'agit ici d'une somme dédiée aux actions de court et de moyen terme, car l'urgence de la catastrophe nous a obligés à réagir de la manière la plus rapide.

    Les besoins sur place sont énormes. Et il est bien évident que la somme déboursée ne sera pas suffisante. Néanmoins, elle participe à l'effort global de l'ensemble de la Communauté internationale. Et la Wallonie, dans cet élan d'aide comparable à celui que nous avons connu pour le tsunami, se devait d'y participer.

    Du fait de l'ampleur du désastre, l'ensemble des membres des deux Gouvernements se sont attelés à identifier de nouveaux moyens budgétaires qui pourraient être mobilisés dans leurs différents départements.

    Au terme de cette analyse, les Gouvernements wallon et communautaire ont donc décidé de débloquer 800.000 euros qui s'ajoutent aux 400.000 euros mobilisés le 13 janvier 2010 par le Ministre-Président. L'aide wallonne et communautaire s'élève donc désormais à 1,2 million d'euros.

    Afin d'optimaliser ces fonds, il a été demandé aux structures présentes sur place comme l'UNICEF, Médecins du Monde ou la Croix-Rouge, de faire état des projets qu'elles comptent réaliser dans un court terme dans les domaines de l'hygiène et la prévention des épidémies, la santé, la nutrition et l'éducation.

    Par ailleurs, après analyse de la situation sur le terrain, Wallonie Bruxelles International (WBI) devrait proposer au Ministre-Président des projets de coopération avec ses partenaires haïtiens privilégiés.

    Le soutien à l'action des ONG fait l'objet, pour chacune d'entre elles, d'arrêtés de subvention conformes à la réglementation en vigueur en la matière. Pour optimaliser l'organisation de l'aide, la cohérence et la rapidité dans ce contexte d'urgence, la Région wallonne et la Communauté française ont mis en place un Comité d'accompagnement et de suivi composé des ONG retenues, de WBI et des Ministres ayant contribué à l'aide francophone et/ou à toutes initiatives en faveur des sinistrés.

    Ce comité, dont le pilotage est confié à Monsieur le Ministre-Président, précise les principes, modalités et affectations des différentes aides financières ainsi que leur mise en œuvre. C'est WBI qui est chargé d'assurer la gestion de ce comité qui fera, trimestriellement, rapport de l'état d'avancement dans la mise en œuvre sur le terrain des projets retenus.

    Après analyse de la situation sur le terrain, WBI a-t-il déjà fait part à Monsieur le Ministre-Président de projets de coopération avec les partenaires haïtiens? Peut-il déjà nous faire part de l'évolution du travail de ce comité?

    La deuxième partie de ma question concerne l'aide à plus long terme que nous pouvons apporter. Car la population haïtienne, si elle a eu besoin d'une mobilisation d'ampleur internationale pour affronter les conséquences immédiates du séisme, aura encore besoin de cette mobilisation pour se relever, lentement, et recommencer à vivre.

    Car, disons-le franchement : aujourd'hui, les Haïtiens ne vivent plus, ils tentent de survivre dans le chaos le plus total, sans écoles, sans administration, sans toit.

    Même les prisons ont été détruites, et de nombreux détenus ont profité de la catastrophe pour s'enfuir, ce qui augmente encore l'insécurité et le désordre.

    Bref, il s'agit ici de reconstruire entièrement l'architecture d'un pays. Monsieur le Ministre-Présidente l'a déclaré il a y quinze jours, dans cette même commission : « la sécurisation et la remise en place d'une infrastructure, c'est la troisième phase ».

    Concernant cette phase de reconstruction, nous avions parlé du fait que nous pourrions apporter notre aide dans ce qui concerne la reconstruction des écoles. Un certain nombre d'outils pourraient également être établis avec l'Université d'Haïti dont les besoins en rééquipement pourraient être importants et l'Université de Quiskeya qui est partenaire de l'APEFE et de WBI.

    Si nous voulons apporter notre aide dans la reconstruction du pays, il faut très vite que l'on ait des contacts avec des outils de ce type, comme les centres de formation de Port-au-Prince ou encore l'Agence universitaire de la Francophonie, dont les bureaux se sont totalement écroulés.

    Depuis 15 jours, de nouveaux contacts ont-ils pu être pris avec nos partenaires haïtiens? Où en sommes-nous actuellement?

    Il est évident que la priorité reste l'aide d'urgence et les premiers soins, et d'autant plus encore après les nouvelles secousses qu'a connues l'île.

    Mais l'urgence de la situation ne doit pas nous faire oublier les objectifs à plus long terme, afin que nous puissions mettre en place un processus de reconstruction le plus rapide possible quand les décombres auront été balayés et que Haïti retrouvera un certain calme.

    C'est aujourd'hui que nous devons y penser, pour aussi redonner une lueur d'espoir à toutes ces personnes qui sont aujourd'hui dévastées, et qui nous donnent des leçons de vie chaque jour en affichant des sourires sortis de nulle part. Pour elles, nous avons le devoir de nous impliquer, avec les moyens qui sont les nôtres, et en les mobilisant au maximum.

    Je pose alors cette question : avons-nous déjà pu, avec l'ensemble de nos partenaires sur place et ici, définir des priorités et cibler les domaines dans lesquels nous pourrions apporter notre aide et notre savoir-faire quant à la reconstruction d'Haïti ?
  • Réponse du 04/03/2010
    • de DEMOTTE Rudy

    En réponse à la question de l'honorable Membre j'apporterai les éléments suivants.
    Comme elle l'indique elle-même dans sa question, c'est vrai qu'il existe une réelle mobilisation des Gouvernements wallon et de la Communauté française en faveur des victimes du séisme en Haïti.

    Il s'agit certes d'un soutien modeste, particulièrement au regard des besoins de cette population. Mais nous avons aussi la volonté de cibler cette aide de la manière la plus précise possible, afin qu'elle ne soit vraiment pas négligeable.

    Il est, bien sûr, trop tôt pour dresser un premier bilan dans une situation qui est évidement catastrophique.

    On estime à environ 75% Ia destruction du bâti de la ville de Port-au-Prince et les informations sur les autres villes touchées n'arrivent qu'au compte-gouttes. La quasi-totalité de la population survivante de Port-au-Prince et de ces villes - y compris, bien entendu, de nombreux responsables politiques ou administratifs - se trouve aujourd'hui dans une démarche de survie. Les banques viennent seulement de rouvrir, l'approvisionnement est rare et cher, le logement salubre presque introuvable ...

    En fait, le quotidien est si difficile qu'il est impossible pour ces populations de planifier, fût-ce dans le long terme, la remise en route des activités et des institutions.

    Même les grandes ONG humanitaires que nous soutenons - la Croix-Rouge, Médecins du Monde et l'UNICEF - pourtant présentes sur le terrain depuis de nombreuses années, peinent encore à établir précisément les modalités et le calendrier de leur action à moyenne échéance.

    La difficulté de mise en route de la coordination internationale de l'aide tient notamment au fait que le Gouvernement d'Haïti, son administration mais aussi la présence des Nations Unies ont été dramatiquement touchés alors que leur rôle aurait été fondamental.

    Néanmoins, cette coordination est maintenant en place.

    Les projets que nous soutenons sont les suivants :
    - via l'UNICEF, un projet de reprise immédiate de la scolarisation des enfants au niveau primaire et maternel. Selon les possibilités de chaque lieu, cette scolarisation se fait sous tentes ou dans les locaux non touchés ou stabilisés. La priorité est donnée aux enfants les plus vulnérables (enfants des rues, orphelins ... ).
    Le Programme alimentaire mondial (PAM) fournit, pour sa part, les cantines scolaires;
    - avec la Croix-Rouge, qui a acquis une compétence particulière en la matière, nous intervenons dans un programme de reconstruction/réhabilitation de petites structures de santé ou de maisons, selon les nécessités;
    - avec Médecins du Monde, nous participons à la réhabilitation et au rééquipement de l'hôpital CHOSCAL situé dans le bidonville de « Cité Soleil» et de l'hôpital général; deux institutions de Port-au-Prince où l'ONG travaille depuis plusieurs années.


    Wallonie-Bruxelles International est en lien permanent avec ces ONG pour définir notre soutien de la manière la plus précise possible. Et, comme prévu, le comité d'accompagnement sera réuni dans un délai maximum de trois mois, afin d'établir une première évaluation.

    Nous avons également soutenu dans les jours qui ont immédiatement suivi le séisme le départ de la 1ère mission Be-Fast.

    Nous participerons également à la réhabilitation d'une maison d'accueil d'enfants de Port­au-Prince, la maison « Enfant haïtien, mon frère », partenaire du service «adoption» du Ministère de la Communauté française et de deux organismes d'adoption depuis plus de vingt ans.

    Concernant le soutien apporté aux partenaires de notre coopération bilatérale, WBI tente, depuis le lendemain du séisme, d'établir le bilan humain et physique de la destruction.

    Pour rappel, ces partenaires sont, pour les principaux :
    - l'université d'Etat d'Haïti et l'université Quisqueya;
    - l'Institut de la Francophonie pour la gestion dans la Caraïbe de l'Agence universitaire de la Francophonie;
    - l'Institut national de formation professionnelle et des centres de formation professionnelle;
    - un centre d'accueil et de scolarisation des enfants des rues;
    - des institutions et associations culturelles;
    - ainsi que tous les artistes haïtiens déjà inscrits dans la dynamique de la manifestation « Ewa » aujourd'hui reportée dans sa forme finale.


    Dans un premier temps, notre souci a été de reprendre contact avec eux ce qui, dans le contexte, n'a pas été chose facile. En effet, pendant des jours, les téléphones et les connexions internet étaient hors service.

    Dans ces conditions il a déjà fallu près d'une semaine à notre administration pour renouer le contact avec les trois agents locaux qui travaillent à notre bureau. Tous trois sont heureusement en vie mais ont quitté Port-au-Prince pour mettre leurs familles à l'abri. Nous sommes en contact avec chacun d'eux et nous les aidons dans la mesure du possible mais ils ne peuvent guère nous aider dans le travail de recherche de nos partenaires.

    Néanmoins, WBI a pu obtenir des nouvelles de la quasi-totalité de ces institutions et associations, même s'il est encore impossible de dresser un bilan humain et physique fiable. Il est encore particulièrement difficile de préciser les choses aujourd'hui mais le travail est en cours et quasiment tous nos partenaires savent que nous sommes à leur disposition pour les aider. De même, des coordinations ont été lancées avec d'autres institutions qui collaborent avec les mêmes partenaires. Par exemple avec la Commission universitaire pour le Développement (CUD) ou l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) en ce qui concerne les universités et instituts de formation supérieure.

    Pour les artistes de la manifestation « Ewa », un fonds de soutien a été créé à l'initiative du comité de pilotage « Ewa » et avec le soutien de WBI. Il a déjà été alimenté par une journée de solidarité et de récolte de fonds qui a eu lieu ce dimanche 21 février au Botanique et qui a connu un très franc succès. D'autres activités se poursuivent dont la vente d'un cd des musiques d'Haïti mis en vente en divers lieux, notamment avec l'aide de la direction développement de la Commission européenne. Le fonds sera cogéré avec l'ONG haïtienne FOKAL, partenaire désigné de la manifestation « Ewa » qui assure d'ores et déjà un relevé de la situation et des besoins des artistes.

    Les Gouvernements wallon et de la Communauté française, avec l'appui des fonctionnaires de WBI exercent donc bien un suivi permanent des programmes de soutien à Haïti et ce en parfaite intelligence avec les autorités haïtiennes.