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L'avenir des voitures hybrides et électriques dépend de l'approvisionnement des constructeurs automobiles en lithium

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 228 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 16/02/2010
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    De façon à réduire les émissions de CO2, qui sont à la base de problèmes de santé publique, d'une part, et peut-être à l'origine du réchauffement climatique, il est prévu de privilégier l'utilisation de véhicules hybrides dans un premier temps et de véhicules électriques dans un second temps.

    La Wallonie a malheureusement raté le train des constructeurs de véhicules hybrides ou électriques qui se construiront un peu partout dans le monde, là où les constructeurs automobiles ont obtenu un soutien important de leur Gouvernement.

    Puisque la construction automobile n'a plus, en Belgique et en Wallonie, d'avenir, la récente fermeture d'Opel en est la démonstration, il faut aussi constater que la Wallonie a raté le train de la construction des batteries lithium-ion qui pourraient demain se substituer aux batteries nickel-métal.

    En effet, le passage aux véhicules de la nouvelle génération hybride ou électrique suppose la mise au point de batteries fondamentalement différentes de celles que l'on utilise pour les véhicules classiques.

    Pour préparer les voitures de demain, de nombreux groupes automobiles dont Toyota s'efforcent d'obtenir la garantie de l'exploitation de gisements de lithium.

    C'est ainsi que Toyota investit en Argentine et, d'autre part, la Bolivie est également courtisée par de nombreux investisseurs. C'est en effet en Amérique latine que se trouvent pour l'instant les réserves les plus intéressantes de ce métal très léger.

    Pour quelle raison la Wallonie n'a-t-elle pas tenté d'attirer sur son territoire une entreprise susceptible de fabriquer les batteries électriques de l'avenir?

    Faut-il considérer que, comme pour les panneaux photovoltaïques, la Wallonie est définitivement larguée et qu'elle sera dépendante pour tous les stades de la fabrication des voitures électriques de demain de pays étrangers, essentiellement d'Asie?
  • Réponse du 12/03/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    La question soulevée par l'honorable Membre est vaste, et il est donc illusoire de prétendre à une réponse exhaustive dans le cadre des questions parlementaires. J'évoquerai donc les éléments qui me paraissent pertinents au stade actuel de la réflexion.

    Il est vrai que la Belgique et, a fortiori la Région wallonne, n'a pas pu faire émerger un grand constructeur automobile belge à l'aube du XXIème siècle; il est donc a priori plus difficile de mener une politique proactive visant à faire émerger une filière industrielle liée aux véhicules électriques et hybrides.

    Cette situation est le fruit de l'évolution historique du tissu socio-économique belge; celui-ci possède d'autres atouts et un pays de la taille de la Belgique ne peut développer, pour chaque secteur, un acteur capable de concurrencer avec les acteurs issus de pays de plus grande taille. En tant que petite économie ouverte, la Belgique a pris pleinement sa place dans l'économie mondiale et en particulier dans l'économie ouest-européenne, en se spécialisant notamment dans les produits semi-finis. A titre d'exemple illustrant le cas de l'automobile, citons le groupe UMICORE, issu de la société « La Vieille Montagne » et « l'Union Minière », devenu un groupe international et qui s'est spécialisé, entre autres, dans le domaine des matériaux à base de cobalt utilisé pour les batteries lithium-ion.

    Dire pour autant que la Wallonie est totalement absente de la nouvelle vague liée aux véhicules hybrides et électriques me semble exagéré. J'en veux pour preuve la spin-off « Green Propulsion » de l'Université de Liège, qui est active dans le domaine de la motorisation électrique et hybride, notamment avec le soutien de la Région wallonne. Disposant de bancs d'essai à la pointe, elle peut évaluer différentes technologies de moteur et assurer le développement et l'optimisation de véhicules prototypes. La société collabore étroitement - au-delà de la simple sous-traitance - avec grand nombre de constructeurs européens, principalement dans les domaines du transport urbain et du sport automobile. Dans le domaine des hybrides rechargeables plus particulièrement, Green Propulsion est un des centres de R&D indépendants les plus productifs en Europe avec à son actif pas moins de 7 topologies et leurs stratégies de gestion innovantes. Actuellement, elle travaille notamment sur un projet de charge rapide de batteries.

    Concernant le lithium même, il est vrai qu'il n'y a pas de gisement en Région wallonne. L'accès aux ressources de matières premières est un problème global qui ne peut être résolu par une approche régionale.

    Concernant la voiture électrique, de gros efforts de R&D sont encore nécessaires pour arriver à une solution satisfaisante en matière d'autonomie des technologies de batteries actuelles, y compris les lithium-ion, d'adaptation du réseau électrique pour le chargement des batteries, de durée du chargement, ...

    Je tiens enfin à rappeler qu'à travers la Déclaration de Politique Régionale (DPR), le Gouvernement s'est engagé à « soutenir des opérations-pilotes pour les véhicules électriques dans les zones urbaines ( ... ) » ainsi qu'à « appliquer une fiscalité environnementale favorable aux véhicules électriques ( ... ) ». Il convient donc d'envisager l'apport de voitures électriques en tant qu'alternative intéressante dans les villes. Mon cabinet mène une réflexion commune avec le cabinet de mon Collègue Philippe Henry, en vue d'aboutir à une note d'orientation sur le sujet. Des rencontres sont en cours, aussi bien avec certaines grandes marques automobiles désirant commercialiser d'ici peu des voitures électriques en Belgique, qu'avec des entreprises développant différents systèmes de bornes de recharge. Le lien avec le développement de réseaux électriques intelligents, qui figure également en bonne place dans la DPR, est évident et fera l'objet d'une analyse approfondie. Il faudra veiller à ce que le bilan sociétal global du développement d'un parc de véhicules électriques en Région wallonne soit évalué et démontre une valeur ajoutée réelle, aussi bien sur les plans économique, social qu'environnemental.