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La crédibilité internationale du GIEC

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 433 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 25/03/2010
    • de EERDEKENS Claude
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    La presse internationale a fait état d’accusations lourdes de conséquences à l’égard du Président du GIEC.

    Celui-ci avait annoncé imprudemment la fonte des glaces de l’Himalaya pour 2030. C’était une erreur. Or, le GIEC est à la base de la politique environnementale et énergétique de la Région wallonne.

    La Commission en charge de l’Aménagement du territoire a d’ailleurs reçu le Professeur Van Ypersele, Vice-Président du GIEC, climatologue réputé dont le sérieux et la rigueur n’ont jamais été valablement mis en doute. Or, les cris d’alarme du GIEC ont été relayés par la classe politique wallonne, à tort ou à raison … Seul l’avenir pourra le certifier.

    Dès lors que les constats et rapports du GIEC constituent le « nouveau testament » pour les politiques wallons, Monsieur le Ministre est-il au courant de la mise en cause récente par la presse internationale du Président indien du GIEC, le Dr Rajendra K. Pachauri qui vient de diffuser un roman intitulé « Retour à Almora ».

    Le quotidien indien « Times of India » a qualifié cet ouvrage de « roman de gare de la spiritualité ».

    Monsieur le Ministre a-t-il été mis au courant que cette œuvre littéraire a été éditée par Monsieur le Président Mukesh Ambani, Président de Reliance Industries et première fortune indienne dans le secteur du pétrole et du gaz ?

    Monsieur le Ministre est-il au courant que le 10 mars 2010, le lancement de ce livre a été financé par le pétrolier BP ?

    Comme le signalait l’éditorial du Figaro du 12 mars 2010 « Le chef de file des climatologues n’est pas grillé, mais carbonisé. ».

    Devant cette évidence, la position de Monsieur le Ministre est-elle de continuer ou non à accorder une confiance aveugle au GIEC ?
  • Réponse du 16/04/2010
    • de HENRY Philippe

    Je remercie l'honorable Membre pour cette question et la suivante (n°434), preuves toutes deux de sa lecture assidue de cette publication française qu'est le Figaro.

    Le GIEC ou groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat est un organe intergouvernemental qui a pour mission d'évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d'ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d'origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d'éventuelles stratégies d'adaptation et d'atténuation.

    L'une des principales activités du GIEC consiste à procéder, à intervalles réguliers, à une évaluation de l'état des connaissances relatives au changement climatique. Ces évaluations sont principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue. Ainsi, sont examinés les articles les plus récents relatifs aux changements climatiques; publiés et c'est important de le souligner, par des revues scientifiques soumises à une « évaluation par les pairs » (en anglais « peer review », ce qui signifie « revu et accepté par les pairs », c'est-à-dire d'autres experts scientifiques dans ce domaine. C'est une démarche de validation appliquée pour toutes les publications scientifiques reconnues, quel que soit le domaine).

    Sont impliqués dans cette tâche : plus de 130 pays, 450 auteurs, 800 auteurs contributeurs et 2.500 experts.

    Le dernier rapport d'évaluation a été publié en 2007. Je rappelle qu'il a valu au GIEC le prix Nobel de la Paix. Ce rapport comprend en réalité 4 publications distinctes : les rapports de plusieurs centaines de pages de 3 groupes de travail et un rapport de synthèse.

    La publication du groupe de travail sur les impacts, l'adaptation et la vulnérabilité, rapport de 938 pages, contenait effectivement, dans son chapitre sur l'Asie, un (!) paragraphe sur la disparition des glaciers de l'Himalaya, qui a fait l'objet de controverses. Il apparaît cependant à l'examen, que la partie discutée ne porte pas sur la reconnaissance de la récession des glaciers, qui est communément admise par les scientifiques, mais sur la superficie des glaciers de l'Himalaya. Cette erreur serait due à une faute dactylographique. Elle ne remet en rien en cause les conclusions du GIEC, même si je m'étonne que le Figaro n'en ait pas fait mention.
    Je ne peux que regretter cette situation qui vise clairement à affaiblir la crédibilité du GIEC. Pour ma part, il garde toute ma confiance.