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La participation de la Région wallonne à la commémoration du cinquantième anniversaire de la République Démocratique du Congo et notre coopération avec ce pays

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 87 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 17/06/2010
    • de DUPRIEZ Patrick
    • à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président du Gouvernement wallon

    En préparant cette question, j'ai largement hésité quant à la bonne assemblée pour l'accueillir.

    Même si, dans notre pays, ces compétences sont essentielles fédérales, nous savons que tant la Région wallonne que la Communauté française, mènent, à leur niveau, des politiques de coopération au développement et de relations internationales.

    Dans le meilleur des cas, Monsieur le Ministre-Président répondra donc ici muni de ses deux casquettes, mais, si nécessaire toutefois, je le réinterrogerai en Commission de la Communauté française sur ce sujet qui m'est cher et qui me semble particulièrement important.

    Ce 30 juin nous commémorerons en effet le cinquantième anniversaire de l’indépendance du Congo.

    L’histoire commune de la Belgique et de la RDC est marquée par l’intensité d’une relation parfois houleuse, ambiguë, mais particulièrement forte.

    Commémorer, célébrer, regretter,… Vu la réalité quotidienne vécue par les Congolais et les Congolaises, vu l'histoire récente ou plus ancienne de la RDC, on ne sait pas bien quel terme employer de façon adéquate, mais peu importe la sémantique.

    Je pense que nous sommes murs aujourd’hui pour regarder notre passé commun avec le recul et la lucidité qui permettent la nuance. Surtout, cet anniversaire nous invite à réinventer nos relations, à redessiner un futur commun, basé à la fois sur le respect mutuel, sur la reconnaissance de l’autonomie pleine et entière de l’Etat congolais mais aussi sur la spécificité de nos relations historiques.

    Au-delà de la dimension institutionnelle, les populations belge et congolaise se reconnaissent et s’apprécient. Celles et ceux qui ont eu l’occasion de voyager au Congo peuvent témoigner de l’immense attente de la population congolaise à l’égard des Belges. Une attente démesurée souvent, paradoxale parfois, nourrie de notre histoire commune et basée sur une (re)connaissance réciproque et sur une véritable amitié.

    La Belgique et ses entités fédérées, chacune dans leurs compétences, ont un rôle à jouer au Congo. Un rôle positif pour participer aux gigantesques défis à relever par cet Etat en (re)construction. Je vois plusieurs raisons pour cela.

    1° D'abord, parce que c’est l’intérêt de la population congolaise victime d’un des drames les plus effroyables de ces dernières décennies. Près de 4 millions de morts durant les guerres qui ont ravagé le pays depuis une quinzaine d'années, ...

    L’actualité de ces dernières semaines oblige de rappeler ici avec force que l’Etat de droit et la justice constituent des socles essentiels du développement. L’assassinat récent de Floribert Chebaya, président de "la voix des sans voix" montre combien la lutte contre la violence et le sentiment d’impunité doit constituer une priorité absolue en RDC.

    2° Ensuite, parce qu'il en va de notre responsabilité face à l’histoire au regard du passé colonial, des richesses du Congo qui ont construit la prospérité belge, de l’impact géographique, politique et culturel de la colonisation, des conditions déplorables de la décolonisation et des relations politiques et économiques qui ont suivi…

    C'est aussi notre responsabilité de nous intéresser à l'avenir du continent africain. Un continent qui a besoin de la stabilité et d'un développement soutenable du Congo. C'est à celui-ci que nous devons contribuer, humblement mais avec les moyens dont nous disposons. mais aussi face à l’avenir du continent africain qui a besoin de stabilité et d’un développement soutenable du Congo.

    3° Enfin, parce qu’il est aussi dans notre intérêt de petit pays, de Région, de Communauté francophone, de considérer notre relation privilégiée avec le Congo comme un potentiel, comme une ressource de prospérité partagée.

    Les échanges, les partenariats entre Belges et Congolais (Etat, régions, communautés, communes, entreprises, universités, associations, citoyens, scientifiques, artistes,…) peuvent bénéficier aux uns comme aux autres.

    Monsieur le Ministre-Président a annoncé il y a quelques mois qu'il répondrait à l’invitation de l’Etat congolais et participera aux commémorations du cinquantenaire.

    Je m’en suis réjoui car la majorité de la population congolaise ne comprendrait pas que les principales autorités belges ne soient pas présentes à cette occasion.

    Il y a quelques jours cependant, Monsieur le Ministre-Président a communiqué qu'il ne serait finalement pas présent à Kinshasa le 30 juin. Je souhaite évidemment comprendre les raisons de ce revirement d'attitude et suppose qu'il va nous les expliquer.

    Surtout, j'espère que même sans se rendre à Kin à la fin de ce mois, les Gouvernements wallon et de la Communauté française auront à coeur de marquer le coup de cette commémoration.

    Quelles que soient les difficultés, les errances, les lacunes de la démocratie congolaise actuelle, nous devons reconnaître le chemin parcouru ces dernières années et surtout considérer que notre place est au côté du peuple congolais qui célèbre l’anniversaire de son accession à l’autodétermination malgré les larmes qu’il peut déverser sur les avatars de son pays.

    La présence de Monsieur le Ministre-Président à Kinsasha le 30 juin aurait été porteuse de sens. Mais l'essentiel est le message que nous souhaitons délivrer au peuple congolais à l'occasion de cette commémoration.

    Quelle esquisse de relation et de coopération pour l’avenir en ce qui concerne les compétences de la Communauté française et de la Wallonie que Monsieur le Ministre-Président représente ?

    Quelles évolutions ou impulsion nouvelles pouvons-nous leur donner, avec quelles priorités ?

    Je souhaiterais entendre Monsieur le Ministre-Président à ce sujet de façon générale mais également l'interpeller sur quelques points particuliers.

    1. Les activités du Centre Wallonie-Bruxelles à Kinshasa

    La Région wallonne et la Communauté française disposent depuis quelques années d’une représentation à Kinshasa.

    Le rôle du Centre Wallonie Bruxelles à Kinshasa ne devrait-il pas être évalué ? Quelles orientations nouvelles ou renforcée Monsieur le Ministre-Président pense-t-il lui conférer ?

    En ce sens, et entre parenthèses, en 2007, une commission parlementaire fédérale rendait un rapport sur la coopération entre la Belgique et le Congo. Ne serait-il pas temps de procéder à l’évaluation de la mise en œuvre des recommandations de ce rapport pour ce qui concerne les compétences de la Région et de la Communauté ? Une mission en ce sens pourrait être confiée à WBI.

    Si le travail d’animation culturelle du Centre à Kinshasa est largement reconnu, il apparaît qu’il se cantonne à la capitale et n’intervient pas ou peu dans les autres régions où il ne semble même pas être un interlocuteur connu par les autres acteurs belges de la coopération.

    Concrètement, notre représentante à Kinshasa et Monsieur le Ministre-Président lui-même avez annoncé pour 2010 une grande opération autour du livre. Une bonne idée, a priori, au vu de l’importance du livre comme vecteur d’émancipation culturelle et d’éducation aujourd’hui inaccessible pour la plupart des congolais dans la plus grande partie du territoire.

    L’opération sera d’autant plus pertinente qu’elle pourrait privilégier des thématiques de développement essentielles comme l’agriculture et la gouvernance ,et toucher des zones moins accessibles aujourd’hui.

    Qu’en est-il de cette opération ? Quels partenariats sont envisagés sur place pour encourager la circulation des livres à une plus grande échelle sans dépendre, le cas échéant, d’un unique éditeur? Quelle politique d’édition et de diffusion pour cette opération ? Est-il prévu de soutenir la publication et la diffusion des auteurs congolais ?

    Un groupe de travail s'est réuni à ce sujet il y a plusieurs mois sans qu'aucune information n'ait circulé depuis sur ses conclusions et le suivi envisagé.

    Je serais donc heureux d'entendre Monsieur le Ministre-Président à ce sujet car, au vu de la situation actuelle du secteur de l'édition en RDC et au regard de la réalité économique dans le pays, je reste très dubitatif sur les chances de succès de l'opération.

    Il en va de l'édition ou de la diffusion du livre comme d'autres activités économiques. Cela ne marche que si des acteurs s'impliquent, prennent des risques, s'investissent personnellement, ...

    Il conviendra en tout cas d'éviter les marchés pipés ou les créations de structures nouvelles par opportunité ou par opportunisme et de privilégier le soutien aux initiatives qui marchent, même rares, même limitées.

    En ce sens, je voudrais attirer l'attention de Monsieur le Ministre-Président sur un autre enjeu lié aux compétences de notre Communauté et pour lequel des acteurs travaillent déjà et travaillent bien: le développement de l’information audiovisuelle et particulièrement de la radio.

    L’existence de radios d’information indépendantes et de radios communautaires est essentielle pour le développement de la démocratie au Congo et pour le maintien de l’unité nationale.

    Nous connaissons radio Okapi mais il existe toute une série de radios communautaires régionales qui jouent des rôles considérables dans la communication entre les personnes et communautés, mais aussi en termes d’éducation permanente et singulièrement de promotion de la démocratie.

    L’association internationale « Hirondelle » apporte un soutien à nombre de radios de même que la Monuc qui finance radio Okapi. Mais qu’en sera-t-il après le départ de la Monuc ? Notre Communauté ne pourrait-elle pas prendre des initiatives sur cette thématique essentielle ? La Communauté française a déjà mené des expériences intéressantes via les partenariats initiés par la RTBF avec des acteurs congolais.

    2. L’importance de la diaspora du secteur privé dans nos relations avec le Congo.

    Si les ONG et les institutions publiques jouent un rôle prépondérant dans les processus de coopération, il me semble qu’aujourd’hui un chantier s’ouvre pour l’implication des entreprises et des acteurs privés en général dans la reconstruction du Congo. Le Congo a besoin d’hommes et de femmes qui entreprennent pour créer de l’activité, valorisant durablement les ressources au service du développement durable et dans l’intérêt des collectivités locales.

    En ce sens, nul ne peut nier le dynamisme et la créativité des Congolais mais le développement de PME et de TPE souffre outre de l’insécurité juridique et physique, du manque de formation et de la difficulté d’accès au crédit.

    Je suis convaincu qu’un nombre important d’entrepreneurs belges, particulièrement mais pas uniquement d’origine congolaise, pourraient être impliqués dans des investissements positifs au Congo, de même que nos universités pourraient davantage participer à l’émergence de projets économiques durables.

    Lorsque j’étais au Kivu, au mois de janvier dernier, j’ai été interpellé de nombreuses fois par des acteurs politiques ou économiques locaux qui sollicitaient l’appui d’entreprises belges.

    « Ne pensez pas que les Chinois aient tout pris » disent-ils. « Le pays est immense. Les besoins sont gigantesques » : reconstruction des infrastructures, exploitation minière et forestière, valorisation des produits agricoles, transports publics, production énergétique, planification urbaine… de nombreux domaines peuvent mobiliser l’expertisent de nos entreprises.

    A Bukavu, par exemple, la chambre de commerce s’est mise à la recherche de partenaires internationaux pour reconstruire l’aéroport de Kavumu. Nos entreprises et l’AWEx sont-elles suffisamment conscientes des ces potentiels ?

    La semaine passée, encore, un parlementaire congolais me disait combien il était déçu de la frilosité des entreprises belges. Elles viennent voir, disait-il, mais n'osent pas investir ...

    Il y a des missions économiques au Congo, mais quels en sont les effets concrets ?

    II existe en Belgique une importante diaspora congolaise qui pourrait jouer un rôle considérablement plus important dans la relance de l’activité économique de la RDC et, de ce fait, dans la consolidation de la démocratie. Cette diaspora constitue un terreau humain important pour l’avenir de la RDC mais aussi pour des relations fructueuses entre la Belgique et celle-ci.

    C’est pourquoi il me semble utile de promouvoir la réalisation de projets de développement décentralisés en collaboration avec les Organisations de solidarité internationale issues des migrations (OSIM) présentes dans notre Région, éventuellement également avec la collaboration des communes porteuses de projets de coopération.

    C’est pourquoi il me semble aujourd’hui utile d’accorder une attention particulière à l’implication des privés et singulièrement de la diaspora dans notre coopération avec le Congo.

    Pour avancer dans cete direction, les Gouvernements de Monsieur le Ministre-Président pourraient-ils, par exemple, demander à WBI :

    1° d’entamer une réflexion sur le rôle du secteur privé dans la coopération au développement impliquant Région et Communauté;

    2° d’appuyer davantage, clairement, le groupe de travail spécifique sur la thématique « migration et développement » récemment créé par le Conseil Wallonie Bruxelles de la Coopération Internationale ?

    Il s’agirait, entre autres :

    - d’étudier les outils nécessaires au renforcement des collaborations entre partenaires d’ici et de là-bas visant à créer des TPE et PME ;
    - d’évaluer les dispositifs de soutiens financiers existants;
    - d’initier éventuellement des projets pilotes d’accompagnement de projets;
    - de mettre enfin en œuvre le point focal unique en Belgique pour tous les niveaux de pouvoir concernant la ligne budgétaire fédérale « migration et développement » mais aussi des moyens plus limités disponibles à WBI et à la DGO5 pour les projets de « migrants »…

    Les universités, l’AWEx, une association comme Ex-Change, qui stimule et soutient l’entreprenariat local au Sud en envoyant sur place des experts dans différentes disciplines pourraient évidemment être impliqués dans cette dynamique.

    3. La participation de la Région wallonne et de la Comunauté française aux commémorations du 50ème anniversaire

    Dans presque tous les domaines, la RDC est confrontée à des défis immenses : établir des registres d’état civil, implanter des pratiques de bonne gouvernance et de respect des droits humains, développer une agriculture basée sur la sécurité alimentaire, restaurer un système de santé et d’enseignement, baliser l’exploitation et la valorisation soutenables des ressources naturelles, des mines, de la forêt, de l’eau…

    Après des années de chaos, d’absence d’Etat, de guerre, des pas importants ont été faits mais la tâche est immense.

    A l’occasion du 50ème anniversaire de l’indépendance, valoriser, faire connaître, renforcer ce qui se fait de positif en RDC ce qui, en termes de coopération entre la RDC et la Belgique, me semble particulièrement utile pour casser le cercle vicieux du fatalisme qui enclave les esprits autant que le sont certains territoires.

    De même, profiter de l’éclairage offert par cet anniversaire pour approfondir la connaissance de notre histoire commune serait bienvenu.

    Dans une réponse à Pierre Migisha en février dernier, Monsieur le Ministre-Président avait listé une série d’activités soutenues par la Communauté française au Congo dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance.

    Qu’en est-il de ce qui est/sera organisé ici ? Quelles sont les activités organisées et/ou soutenues par le Gouvernement de Monsieur le Ministre-Président sur les territoires de la Wallonie et de Bruxelles à cette occasion ?

    En l'absence de délégation belge Wallonie-Bruxelles à Kinshasa fin de ce mois, comment Monsieur le Ministre-Président compte-t-il, lui-même, participer à ces commémorations ?

  • Réponse du 23/06/2010
    • de DEMOTTE Rudy

    La question de l'Honorable membre porte sur de très nombreux aspects de notre coopération avec la République démocratique du Congo. Le pays avec lequel la coopération internationale de la Wallonie et de la Communauté française est la plus conséquente, tant en termes de projets qu'en apport financier.

    CONCERNANT LA COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION BELGE QUI SE RENDRA FIN JUIN À KINSHASA

    Après concertation avec le Palais royal et conformément au souhait des autorités congolaises, notre pays sera représenté à la commémoration du cinquantième anniversaire de l'Indépendance par le Roi Albert II et par le Premier Ministre.

    Comme l'honorable Membre le souligne à juste titre, cette visite royale à Kinshasa suscite dans la population congolaise une attente énorme, sans doute quelque peu irrationnelle et démesurée et représente un signal politique particulièrement fort pour nos deux pays. Il a, dès lors, été décidé, en bonne intelligence, de ne pas aller au-delà de cette présence extrêmement symbolique dans le cadre d'un événement de nature essentiellement protocolaire.

    Personnellement, je souhaite que l'action de la Wallonie et de la Communauté française soit orientée sur la population congolaise et sur ses besoins énormes. C'est pourquoi, si je devais me déplacer prochainement en République démocratique du Congo, ce serait d'abord pour dire au peuple congolais que nous restons à ses côtés et souhaitons intensifier nos efforts de solidarité internationale.

    NOTRE COOPÉRATION AVEC LA RDC

    • Concernant le Cinquantenaire

    Comme je le disais en février dernier, l'implication de la Wallonie et de Bruxelles dans cet événement s'inscrit dans l'esprit du partenariat qui guide notre coopération avec la RDC. Concrètement, nous avons donc tenté de répondre, dans le cadre de nos moyens budgétaires, aux demandes formulées par la partie congolaise, en l'occurrence le Commissariat général au Cinquantenaire. Voici un aperçu de l'état de réalisation de plusieurs manifestations ainsi programmées.

    La tournée du chanteur Baloji et de son groupe la KATUBA à Kinshasa et dans cinq villes de l'intérieur du pays (Matadi, Goma, Lubumbashi Kisangani et Bukavu) vient de se terminer. Elle a rencontré un vif succès et a permis de renforcer la dynamique des partenariats noués entre la Wallonie, Bruxelles et les opérateurs culturels locaux.

    L'échange est également au cœur de l'exposition «Matonge-Matonge» qui présente une centaine de portraits en double regard de Matonge Ixelles et de Matonge Kinshasa. Notre intervention permettra son installation, à partir du 30 juin sur la Place de la Victoire, en plein cœur du Matonge kinois.

    Je citerai aussi la tournée hautement symbolique du spectacle « L'île » d'Athol Fugard, joué par un acteur congolais et un acteur rwandais. Ses représentations seront organisées au Congo (Kinshasa, Matadi, Kisangani, Goma et Bukavu) mais également au Burundi et au Rwanda.

    Nous avons également répondu positivement à la demande de l'Ambassade de la RDC à Bruxelles de contribuer à l'organisation, fin juin, d'un concert au pied de l'Atomium, en permettant notamment la participation d'artistes congolais.

    Enfin, dans le cadre du 150e anniversaire de l'Université de Liège, la participation d'intervenants congolais au focus « cinquantenaire Congo» sera prise en charge par la Wallonie. Ce focus vise à mettre en évidence les grands enjeux que sont pour le développement de la RDC, la gestion durable de son environnement, l'exploitation de ses ressources forestières et l'amélioration du fonctionnement de son secteur agricole.

    • En ce qui concerne la politique du livre

    Comme l'honorable Membre l'indique, l'importance du livre comme vecteur d'émancipation culturelle et d'éducation n'est plus à démontrer. A cet égard, la situation en RDC est effectivement dramatique.

    Dans la mesure où nous n'avons ni les moyens financiers, ni la vocation à nous substituer aux éditeurs ou aux libraires, nous avons opté pour une démarche d'accompagnement de la réflexion qui s'est mise en place il y a un peu plus de six mois. Le Cinquantenaire offre une opportunité intéressante de mettre l'accent sur l'accès au livre en RDC, notamment via l'organisation d'une foire du livre à Kinshasa que soutiendra WBI. Les travaux entamés par les opérateurs congolais du livre avec l'appui de la Délégation Wallonie-Bruxelles, se veulent plus larges et visent, à terme, la mise en place d'une véritable politique nationale du livre. Un état des lieux a permis d'identifier un certain nombre d'évolutions indispensables, notamment sur le plan législatif, au développement du secteur. La proposition qui a été formulée aux autorités congolaises vise à conférer au livre un statut particulier prenant en compte son utilité publique. A partir de là, une véritable politique fiscale devrait être mise en place dans le but de permettre aux opérateurs congolais du secteur d'être compétitifs à la fois sur le marché national et à l'international.

    • Concernant le soutien aux radios communautaires

    Dans ce domaine et celui des médias en général, nous accompagnons des initiatives visant au renforcement de l'Etat de droit et de la gouvernance. Compte tenu des moyens disponibles, nos interventions ont pour but prioritaire le renforcement des capacités des acteurs du secteur. C'est le cas, notamment, pour le projet « KWETU-KWENU » porté par l'asbl NO TELE et son partenaire de Bukavu « 3 Tamis », un projet qui concerne la formation aux techniques professionnelles ainsi que l'échange d'expériences et d'informations.

    • A propos de la Délégation Wallonie-Bruxelles

    Comme l'honorable Membre le sait, la Wallonie et Bruxelles sont présentes à Kinshasa depuis plus de 25 ans et ce, sans la moindre interruption. Même au cœur des graves moments de crise, nous avons voulu rester aux côtés du peuple congolais.

    Pour rappel, la Délégation abrite, outre la représentation diplomatique de la Wallonie, de la Cocof et de la Communauté française, les bureaux de l'APEFE ainsi que la bibliothèque du Centre culturel. Cette bibliothèque propose à ses quelque 3 500 abonnés adultes et enfants plus de 16 000 ouvrages en prêt ou en consultation. Le Centre culturel offre au public kinois deux espaces de création et d'animation: une salle de spectacle et une salle d'expositions et de rencontres. Depuis sa création, le Centre a mené une politique volontariste de décentralisation de ses activités et de soutien aux projets associatifs et culturels locaux. S'il est vrai que la situation politique conjuguée aux difficultés de déplacements à l'intérieur du pays a pu, à certains moments, limiter son action à Kinshasa et au Bas-Congo, il n'en est pas moins vrai que, ces dernières années, on constate un accroissement constant des activités menées par le Centre avec ses partenaires dans les provinces.

    Outre les récentes initiatives ci-dessus, on note également:
    - l'appui aux structures du Bandundu (festival de Gungu, musée de Gungu) ;
    - l'appui aux structures locales et au centre de jeunes de Matadi ;
    - l'appui aux structures locales de Goma (nord Kivu) ;
    - et la promotion des artistes locaux à travers les festivals du pays et de la sous-région.

    Tous ces partenaires accueillent chaque année des spectacles (musique et théâtre) que nous finançons ainsi que des films d'auteurs africains, wallons et bruxellois. Cette volonté de décentralisation qui répond aussi au souhait de nos partenaires congolais se traduit également dans le programme de travail issu de la Commission mixte qui s'est tenue à Bruxelles en 2008. Ce programme comprend ainsi, notamment, des projets à Kisangani, Bukavu, Bunia, Muanda ou encore Lubumbashi, ville dans laquelle nous disposons d'une antenne de représentation.

    Il convient également d'évoquer le programme de renforcement des capacités dont disposent les responsables des entités territoriales décentralisées. Un programme organisé en collaboration avec l'Association Internationale des Maires Francophones, à destination de Kinshasa, au Katanga, dans le Bandundu et, cette année dans les deux Kivu.

    D'une manière générale, même si la RDC est notre principal partenaire, nous devons garder à l'esprit que nos moyens demeurent modestes au regard de l'immensité du pays. Notre souci est donc d'éviter un saupoudrage qui ne peut conduire qu'à l'inefficacité.

    Concernant l'évaluation du travail de la Délégation à Kinshasa et de son Centre culturel, celle-ci fera partie d'un exercice global qui sera mené à l'automne prochain et permettra notamment d'identifier avec notre partenaire congolais les futurs axes de travail pour les trois années à venir.

    Concernant la coopération bilatérale indirecte et ses rapports à la migration

    La coopération au développement de la Wallonie et de Bruxelles vise à rencontrer les besoins des populations du Sud et à renforcer les capacités locales dans les pays partenaires. Elle valorise la décentralisation et la proximité des acteurs de terrain.

    Pour ce qui concerne l'encouragement à des projets d'« Organisations de solidarité internationale issues de la migration », le soutien à plusieurs d'entre eux a été initié dès 2003. Et ce dans le cadre d'initiatives s'inscrivant dans la dynamique de la diversité culturelle et de l'implication des migrants comme acteurs de développement.

    Plusieurs projets visant la participation multiculturelle dans des programmes de coopération au Sénégal, au Burundi, en République Démocratique du Congo ont été mis en œuvre. L'an dernier, un soutien a ainsi été apporté à des actions de solidarité pour le développement en RDC (aide à l'enfance en difficulté, développement de PME, festival Cœur d'Afrique à Kinshasa). Mais aussi au Sénégal, avec un projet de valorisation des transferts financiers des migrants.

    Le soutien au renforcement des organisations de solidarité internationale issues des migrations se poursuit via notamment le travail des associations qui se sont regroupées en une « Coordination Générale des Migrants pour le Développement ». Cette coordination met progressivement en place un lieu d'échanges et d'appui pour la participation des personnes issues de la migration à des projets communautaires de développement dans les pays subsahariens ou latino-américains. En outre, depuis 1998, WBI soutient des projets développés par des ONG issues de la migration.

    Ajoutons encore la prise en considération des questions liées à la migration et au développement par le Conseil Wallonie-Bruxelles de la Coopération internationale et ce depuis la tenue à Bruxelles, en 2007, du Forum mondial Migrations et Développement.

    Cette dimension fait donc aussi partie de nos axes de coopération, au même tire d'ailleurs que le travail de l'association Ex-Change que l'honorable Membre évoque. J'ai, en effet, demandé au début de cette année à l'administration de prévoir la mise en place d'un soutien structurel à cette association qui effectue des missions d'expertise et d'encadrement des acteurs du Sud pour favoriser la création d'activités économiques.

    Je souhaite également que le CWBCI se penche sur ce type d'initiatives tout en menant une réflexion sur le rôle du secteur privé dans la coopération internationale.

    Enfin, concernant notre politique commerciale par rapport à la RDC.

    Les efforts déployés dans ce domaine sont tout à fait indépendants de notre coopération internationale. Ceci étant, de nombreuses missions économiques sont organisées par l'AWEX en RDC. En moyenne, chaque année, l'AWEX organise une mission économique et commerciale plurisectorielle et privilégie les axes géographiques sollicités par nos entreprises.

    Concrètement, des missions ont été organisées à Kinshasa, dans le Bas Congo (Matadi - Inga - Boma), au Katanga (Lubumbashi - Likasi - Kolwezi) et dans le Kivu (Goma). En 2009, une délégation composée de 34 entreprises s'est rendue à Kinshasa, Boma, Moanda et Matadi. Cette année, une mission est programmée en novembre et vise les secteurs de l'énergie, de l'eau, de l'assainissement, des mines, de l'agriculture, de la pêche et de l'élevage. Les marchés visés sont Kinshasa, le Katanga et le Kivu.

    Des missions d'opérateurs congolais sont également invitées régulièrement en Wallonie. En 2010, une délégation sera reçue à la foire de Libramont et une autre visitera les entreprises wallonnes du secteur de l'environnement et plus particulièrement des énergies renouvelables.

    En outre, l'AWEX, le Centre pour le Développement de l'Entreprise et l'APEFE ont mis sur pied un programme de rapprochement entre entreprises wallonnes et congolaises.

    Nos relations avec le partenaire congolais sont donc à la fois riches et extrêmement variées. Elles visent d'abord et avant tout à améliorer le bien-être des populations locales, vers lesquelles se dirige toute mon attention. Et j'espère avoir démontré qu'en dépit de l'exigüité relative de nos moyens, de nouvelles pistes de réflexion et de coopération sont régulièrement explorées. Elles concernent Kinshasa mais aussi d'autres villes et régions de cet immense et magnifique pays avec lequel nous avons tant à partager.