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L'amélioration de la filière photovoltaïque en Wallonie

  • Session : 2009-2010
  • Année : 2010
  • N° : 423 (2009-2010) 1

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  • Question écrite du 02/07/2010
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique
    La filière photovoltaïque offre une possibilité incontestable de produire de l'électricité verte et est sans le moindre doute une filière importante pour les énergies renouvelables.

    Cependant, la filière photovoltaïque peut présenter suivant les produits offerts aux consommateurs des résultats qui sont à ce point contrastés que l'on pourrait parler de division 1 pour certains produits offerts à la consommation et de 4ème provinciale ou paroissiale pour les produits de qualité inférieure.

    De surcroît, les produits qualifiés de performants aujourd'hui pourraient demain être d'une médiocrité totale et être relégués de la division 1 à la première provinciale ou pire.

    Quel est l'état de la recherche à ce propos en Wallonie et a-t-on pu pour l'ensemble des produits photovoltaïques offerts sur l'ensemble du marché wallon établir un classement de l'empreinte C02 et des performances énergétiques ?

    Dans la négative, pourquoi cela n'a-t-il pas été fait et quand pourra-t-on obtenir cette information pourtant élémentaire pour les investisseurs, qu'ils soient des ménages ou des entreprises ?

    Dans beaucoup de pays étrangers, l'empreinte C02 pas forcément positive du photovoltaïque a fait couler beaucoup d'encre.

    A-t-on pu au sein du Gouvernement wallon, de l'Administration wallonne ou dans les universités wallonnes analyser les performances des nouvelles technologies photovoltaïques utilisant des cellules à films minces (thin films) dont !a production s'avère moins énergivore et qui affiche un meilleur rendement ?

    Il s'agit en effet d'utiliser des films très fins de matériaux semi-conducteurs à base de silicium (cristallin ou non cristallin) ou de cuivre dont l'épaisseur ne dépasse pas 1 à 2 microns alors qu'un cheveu fait environ 75 microns.

    Quand peut-on espérer que cette analyse sera faite en Région wallonne ?

    Monsieur le Ministre est-il au courant des recherches menées actuellement en Allemagne par un laboratoire de Stuttgart ZSW en matière de recherche sur les cellules CIS (cuivre indium sélénium) ?

    Cette nouvelle technologie germanique atteindrait des performances pour l'heure inégalées.

    Cette information est-elle exacte et qu'attend la Wallonie pour prendre le train en marche ?
  • Réponse du 27/07/2010
    • de NOLLET Jean-Marc

    La filière photovoltaïque mondiale a, dans son ensemble, réalisé d'énormes progrès, avec plus de 50 années de recherches et 30 années d'industrialisation. Ces progrès se sont principalement concrétisés par une baisse des prix continuelle qui devrait se poursuivre lors des décennies à venir. Ainsi, suivant cette évolution, les panneaux qui seront vendus dans 10 ans représenteront un investissement abordable sans l'intervention des aides publiques.

    Les experts mondiaux s'accordent également à dire qu'il faut soutenir la diversification de la filière et le développement d'un portefeuille de technologies plutôt que de choisir l'un ou l'autre type de panneaux. En outre, les applications du photovoltaïque doivent répondre à des besoins différents qui varient considérablement par leur type ou leur taille et sont donc mieux servis par un panel de technologies plus varié. Actuellement, il existe plus de 13 technologies commercialisées, qui sont réparties entre deux grandes familles ou générations: les panneaux au silicium cristallin (part du marché 75%) et les panneaux dits « couches minces » (part du marché 25%).

    Ci-dessous, l'honorable Membre trouvera un tableau mettant en évidence les différentes technologies photovoltaïques actuelles et leur efficacité respective.
    ______________________________________________________________
    Couches minces Modules Record en
    laboratoire
    ______________________________________________________________
    Dye Sensitized 3 - 5 % 11,0 %
    Silicium Amorphe Multijonctions (a-Si) 4 - 6,5 % 13,2 %
    Silicium Microcristallin sur verre (CSG) 5 - 8 %
    Micromorphe 8 - 9 %
    Tellure de Cadmium (CdTe) 6 - 10 % 16,5 %
    Cuivre Indium Sélénium (CIS) 6 - 12 % 19,5 %
    ______________________________________________________________
    Silicium Cristallin
    ______________________________________________________________
    Silicium Ruban 11 - 14 % 18,0 %
    Silicium Polycristallin (p-Si) 11 - 14 % 20,3 %
    Silicium Monocristallin (m-Si) 12 - 16 % 21,6 %
    Silicium Monocristallin haute performance 16 - 20 % 24,7 %
    ______________________________________________________________
    Concentration
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    Cellules triple-jonctions GalnP/GaAs/Ge 25 - 35 % 41,1 %
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    Les panneaux CIS (pour cuivre indium sélénium) mentionnés dans la question font partie de la seconde génération et sont développés depuis la fin des années 1970 en laboratoire. En revanche, leur commercialisation a seulement débuté en 2000. Les différentes marques de panneaux CIS sont actuellement distribuées et installées en Wallonie. Ces panneaux sont caractérisés par un rendement moindre mais un rendu visuel uniforme comparés aux panneaux en silicium cristallin. Il est vrai que les cellules du type CIS présentent des rendements potentiellement très élevés. Cependant la fabrication de ces cellules recourt à une multitude de technologies différentes de dépôt de couches qui rend difficile l'intégration de toutes ces étapes dans un processus industriel avec des rendements de production satisfaisants. De plus, les matériaux constitutifs sont chers et peu disponibles à long terme. Par exemple, les réserves mondiales d'indium sont estimées à 5000 tonnes.

    Le Service public de Wallonie a soutenu lors de la précédente décennie des projets de recherches impliquant différentes technologies dans le cadre des programmes mobilisateurs, avec plus de dix sujets d'étude qui ont été traités. Parmi ceux-ci un projet qui s'intéresse en particulier au développement d'une méthode de découpe des panneaux couches minces. Notons également la recherche industrielle dans les cellules Dye Sensitized et les cellules solaires plastiques (non encore commercialisées); malgré des rendements peu élevés, ces technologies proposent potentiellement un coût de fabrication nettement inférieur aux autres types de cellules, d'où leur intérêt. Enfin, il faut aussi mentionner la recherche dans les systèmes optiques à concentration solaire, à destination de l'exportation vers les pays ensoleillés.

    La diversité des cellules et des technologies est un atout pour la filière photovoltaïque mais le choix peut effectivement s'avérer complexe pour un investisseur potentiel, ménage ou entreprise. Des études et des comparaisons entre les différents types de panneaux existent tant sur le plan des performances que de l'empreinte CO2 mais les résultats dépendent énormément du lieu d'implantation, du schéma de distribution et principalement de la qualité du montage de l'installation. Il est donc très important de ne pas tirer de conclusions trop hâtives sur les résultats.

    Le Service public de Wallonie a débuté en 2008 l'étude d'une des plus grandes installations de test de panneaux photovoltaïques en Europe. Equipée de trente champs de 2 kWc et reprenant l'intégralité des technologies existantes et à venir, l'installation photovoltaïque du centre Perex à Daussoulx devrait permettre aux professionnels wallons d'étudier très précisément la production des installations solaires sous nos latitudes. Les travaux devraient débuter fin de l'année 2010.