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Le taux de mortalité en Wallonie

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 18 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 12/10/2010
    • de de COSTER-BAUCHAU Sybille
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    Selon des chiffres de 2004, le taux de mortalité pour 100.000 habitants était de 869 pour la Flandre et de 993 pour la Wallonie, soit une différence de plus de 100 unités entre le Nord et le Sud du pays. De plus, le taux wallon se situe bien au-dessus de la moyenne européenne (941 décès pour 100.000 habitants)

    Comment peut-on expliquer cette si grande différence entre la Flandre et la Wallonie ?

    Quelles sont les causes de mortalité en Wallonie ? Sont-elles identiques en Flandre ?

    Ces chiffres ont-ils évolué depuis 2004 ? Dispose-t-on de chiffres plus récents ?
  • Réponse du 04/11/2010
    • de TILLIEUX Eliane

    Il est démontré que les taux de mortalité sont directement liés aux conditions socio-économiques: plus on vit dans la précarité, plus on risque de mourir jeune. Je n'ai pas retrouvé les chiffres que l'honorable Membre mentionne, et dont elle ne cite pas la source, mais les différences régionales sont bien connues.

    Les taux de mortalité dits « bruts» ne sont cependant pas d'une grande utilité, car ils recouvrent deux aspects: d'une part, le risque de mourir et, d'autre part, la structure par âge de la population. Ainsi, la région de Bruxelles a un taux brut inférieur à celui de la Flandre même si, toutes autres choses étant égales, le risque de mourir y est peut-être plus grand. La moyenne d'âge des bruxellois étant inférieure à celle de la Flandre, on observe donc proportionnellement moins de décès. Le fait que le taux européen soit plus bas pourrait refléter en partie le fait que la population européenne est plus jeune que la nôtre s'il s'agit de taux bruts.

    Les derniers chiffres de mortalité globale dont on dispose grâce à la DGSIE sont ceux de 2007. Les taux bruts observés sont de 9.10 décès pour 1000 habitants en Flandre, 10.44 en Wallonie et 8.87 à Bruxelles. En 2004, ils étaient de 9.34 en Flandre. 10.62 en Wallonie et 9.85 à Bruxelles.

    Les chiffres que l'honorable Membre mentionne sont probablement des taux standardisés: ces taux ne reflètent pas les décès réels, mais une estimation de ce que l'on aurait observé si les populations avaient eu la même structure par âge et par sexe. On prend dans ce cas de figure une population de référence qui peut être la Belgique, la Région wallonne. la population européenne ou encore celle de Tombouctou.

    La seule utilité de ces taux est la comparaison. Bien entendu, si on choisit comme population de référence une population dont la structure se rapproche de la nôtre, les taux standardisés seront plus proches des taux réellement observés.

    En résumé, on peut donc dire que le risque de mourir est effectivement plus élevé en Wallonie qu'en Flandre. Cependant il existe des disparités importantes à l'intérieur de nos régions: le risque de mourir en Brabant wallon est par exemple assez proche des valeurs flamandes. Les plus grandes différences observées sont cependant les différences entre hommes et femmes: en Wallonie en 2004, même si on a relevé un nombre quasi équivalent de décès chez les hommes que chez les femmes (17.709 hommes pour 17.730 femmes), ces chiffres rapportés à 1.000 personnes représentent un taux brut de 9.56 femmes pour mille et 9.87 hommes pour mille. Si l'on neutralise par calcul l'effet de la structure par âge de la population (soit une neutralisation du fait qu'il y a dans notre société plus de femmes très âgées) et que l'on compare le taux de mortalité des hommes et des femmes à âge égal, on voit que ce taux standardisé est de 12.69 pour mille chez les hommes et de 7.70 chez les femmes! Les différences de genre sont donc bien plus fortes que les différences géographiques. Il en va de même pour les différences socio-économiques: en Hainaut par exemple, 28% des hommes meurent avant 65 ans. C'est donc bien sur ces disparités socio-économiques qu'il convient d'agir plutôt que de travailler sur une polarisation nord sud.

    Grâce aux efforts récents importants de la Communauté française pour résorber le retard accumulé précédemment, nous disposons actuellement des chiffres par cause de décès pour 2004. Les chiffres pour 2005 et 2006 ne devraient pas tarder à être disponibles selon nos informations. Les chiffres de 2005 sont en effet à la DGSIE pour harmonisation des fichiers flamands, bruxellois et wallons et les chiffres 2006 doivent leur arriver incessamment.

    Les causes de décès restent malheureusement extrêmement stables depuis les années 1990 et, comme le montre le tableau de bord de la santé en Wallonie, les causes de décès sont à peu près les mêmes en Wallonie et en Flandre. Trois quart des décès sont expliqués par les cancers, les maladies cardiovasculaires et les maladies respiratoires.

    La dimension positive de ces chiffres est qu'il est possible d'agir efficacement pour prévenir ces maladies ou diminuer leurs conséquences en agissant sur la qualité de l'alimentation, l'activité physique et sur la consommation de tabac et d'alcool.


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    Sources:

    http://www.statbel.fgov.be
    http://www.iph.fgov.be/epidemio/spma/index.htm
    Tableau de bord de la santé en Wallonie
    Tableau de bord de la santé en Hainaut