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Une récente étude épinglant l'impact des ondes électromagnétiques sur les abeilles

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2010
  • N° : 176 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 13/12/2010
    • de DUPRIEZ Patrick
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Je reviens sur la problématique de la disparition des abeilles sous un angle quelque peu différent de ce que nous avions déjà eu l’occasion d’aborder ensemble.

    J’aimerais faire part à Monsieur le Ministre d’une récente étude, menée en Inde, mettant en avant l’impact des ondes électromagnétiques sur la santé et le comportement des abeilles. Une telle conclusion vient par ailleurs confirmer des études précédentes déjà menées sur la question, notamment par l’Université de Landau en Allemagne.

    Dans le cas d’espèce, l’étude a consisté à installer deux téléphones portables dans une ruche, et de mesurer par la suite différents paramètres : la surface du couvain, l’activité de ponte de la reine, l’activité des butineuses, ainsi que la croissance de la colonie. Et ce donc, tant dans les ruches contrôles que dans les ruches soumises au téléphone portable.

    Ils se sont ainsi aperçus que la présence du téléphone portable « en activité » avait des impacts sur l’activité de vol des abeilles (ils ont observés une diminution de 33% de celle-ci), une perturbation du retour à la ruche des butineuses (diminution de 22%), ou encore une diminution de la collecte de pollen par ces mêmes abeilles butineuses (de l’ordre de 27%). Des diminutions du nombre de cadres, de la surface totale du couvain, de la surface dévolue au stockage du miel ainsi qu’au stockage du pollen ont également été observées.

    Monsieur le Ministre a-t-il connaissance de ces études interpellantes à plus d’un titre? Qu’en pense-t-il ?

    Elles sembleraient confirmer, d’une part, l’impact des ondes électromagnétiques sur l’environnement au sens large, et donc non seulement sur la santé de l’homme, comme de nombreuses études tendent à le démontrer, mais également sur la faune - et peut-être également la flore -, qui nous entourent. En effet, outre ces études sur les abeilles, je tiens à attirer votre attention sur le fait qu’une autre étude a récemment épinglé l’impact des ondes électromagnétiques sur les œufs et les têtards de grenouilles. Dans ce cas, l’expérience a consisté à exposer durant un certain temps - 2 mois - des œufs et têtards de grenouilles à des rayonnements électromagnétiques Hautes Fréquences artificielles micro-ondes provenant de plusieurs antennes relais de téléphonie mobile situées à une distance de 140 mètres. Un groupe était directement exposé, tandis que l’autre était protégé par une cage de Faraday. Il a été constaté une très nette différence entre les deux groupes et plus particulièrement, dans le groupe exposé, il a été constaté une faible coordination des mouvements, une croissance asynchrone, ainsi qu’une très forte mortalité (de l’ordre de 90%).

    Il semble donc de plus en plus évident que le Ministre de la Nature qu'est Monsieur le Ministre a de fort bonnes raisons de soutenir son collègue en charge de l’environnement, pour la définition d’un seuil de normes d’émissions d’ondes électromagnétiques suffisamment bas pour tenir compte de leurs effets sur l’environnement, en ce compris sur la faune qui nous entoure.

    Mais ces études sont également assez interpellantes au regard de la problématique de la disparition des abeilles.

    A cet égard, Monsieur le Ministre peut-il nous dire si cette question de l’impact des ondes électromagnétiques sur les abeilles fait partie du champ des recherches financées par la Région wallonne dans le cadre du Plan Maya ? Comment compte-t-il l’intégrer dans son Plan Maya ?

    En effet, cet élément, même s’il n’est sans doute pas la cause unique de la disparition progressive des abeilles, pourrait être un des paramètres qui affecte l’immunité globale de celles-ci, et dont il est donc important de tenir compte pour pouvoir apporter des réponses concrètes à cette problématique.
  • Réponse du 21/12/2010
    • de LUTGEN Benoît

    Les abeilles perçoivent les champs magnétiques terrestres par l’intermédiaire de cristaux de magnétite présents dans leur abdomen. Elles utilisent ces champs pour s’orienter dans le temps et dans l’espace. Elles sont donc probablement influencées par les champs électriques et magnétiques autres que ceux d’origine naturelle.

    Mais dans les deux études évoquées, les sources d’émission des ondes (station DETC pour l’Université de Koblenz-Landau, 2 GSM de 900 MHz pour la Panjab University) étaient placées directement dans les ruches, à côté ou sous les cadres de celles-ci, exposant les abeilles à des intensités maximales, non rencontrées en conditions naturelles. En outre, dans l’étude allemande, l’abeille n’a été utilisée que comme bio-indicateur modèle devant permettre d’expliquer l’effet non thermique des champs électromagnétiques à haute fréquence sur l’être humain, en particulier sur les zones de l’apprentissage et de la mémoire du cerveau de celui-ci (le fonctionnement de la zone du cerveau de l’abeille, appelée « corps champignon », présente en effet des similitudes avec celui du cerveau humain et ce corps présente l’avantage d’être utilisable expérimentalement car stimulable par des ondes à hautes fréquences).

    Un effet existe bien – les abeilles sont perturbées dans leur comportement bâtisseur et ne reviennent pas dans leur ruche – mais de là à en conclure que le « smog électromagnétique » dans lequel nous baignons est une cause du phénomène de dépérissement des colonies, il y a un pas que je ne franchirai pas !

    Anton IMDORF et ses collaborateurs de la Station de recherche Agroscope de Liebefeld en Suisse rapportent, dans une revue de février 2010 consacrée au développement des colonies chez l’abeille mellifère, que, d’après les connaissances actuelles, un impact mesurable (en conditions réelles) des signaux radioélectriques issus de la téléphonie mobile sur le développement des colonies est plutôt improbable. Ils notent cependant qu’ils manquent d’études fiables en la matière et qu’il en est d’ailleurs de même pour les radiations telluriques et des rivières souterraines.

    Il ne semble donc pas pertinent de faire de cette piste un sujet d’investigation particulier dans l’étude qui sera menée dans le cadre du plan Maya ; cela risquerait de diluer les efforts qui seront portés sur deux autres thèmes jugés prioritaires, à savoir les virus et les pesticides. Cependant, il serait dommage de ne pas profiter de cette recherche pour récolter incidemment des éléments qui permettraient de confirmer ou d’infirmer l’importance de cette piste. Aussi, l’environnement des ruchers échantillonnés fera-t-il l’objet d’un recensement systématique des émetteurs GSM qui pourraient s’y trouver.