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Le retard dans le développement d'une offre de mobilité alternative

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 582 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 17/02/2011
    • de PREVOT Maxime
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Depuis de nombreuses années, les autorités des pays voisins ont pris des initiatives afin de permettre aux acteurs industriels de lancer des plans solides consacrés à la mobilité alternative, en particulier les voitures électriques.

    Notre pays, à tous les niveaux de pouvoir, a préféré, jusqu’à présent, miser uniquement sur des mesures fiscales.

    Il en résulte un retard manifeste dans les développements, par le secteur privé, d’initiatives en faveur de la mobilité alternative. Je pense notamment ici à l’utilisation par les entreprises de voitures électriques. Celle-ci est, notamment, freinée par l’absence de bornes de recharge.

    Des initiatives privées ont malgré tout vu le jour dans notre pays mais principalement en Flandre.

    On peut constater dans les pays voisins que les initiatives dans ce domaine permettent des développements encore plus brillants sur le plan de l’intégration et particulièrement intéressants, mais nous sortons ici de votre champ de compétences, dans le domaine de l’énergie.

    Monsieur le Ministre envisage-t-il de prendre, en collaboration avec les autres membres du gouvernement, des initiatives afin de promouvoir les véhicules électriques ?

    A ce titre, le Service public de Wallonie ne pourrait-il pas montrer l’exemple en ce domaine ?

    Les parkings dépendant du SPW et des OIP ne pourraient-ils pas participer au développement du réseau de bornes de recharge ?

    En ce domaine, Monsieur le Ministre ne pourrait-il prendre l’initiative de mettre en place des incitants à l’attention du secteur privé afin de l’encourager à installer des bornes de recharge, je pense notamment ici aux propriétaires de stations-service ?

  • Réponse du 17/03/2011
    • de HENRY Philippe

    La Wallonie n'est pas restée inactive en matière de véhicules électriques. Le régime actuel d'Eco-Bonus prévoit une prime maximale de 600 euros lors de l'achat d'un véhicule neuf dont le prix catalogue HTVA et hors options n'est pas supérieur à 20 000 euros. Cependant, les véhicules hybrides et les véhicules électriques bénéficient d'un seuil d'application porté à 30 000 euros.

    Actuellement, le Service Public de Wallonie ne dispose pas de véhicules électriques dans son parc automobile. Les choses devraient changer cette année, à l'initiative de mon collègue Jean-Marc Nollet en charge de la Fonction publique, en effet, durant ce semestre, un nouveau marché public sera lancé pour acquérir des véhicules exploitant les technologies électriques. Sont particulièrement visées les navettes de documents et de marchandises entre les différentes implantations du· SPW à Namur et Jambes, qui correspondent à des distances aisément compatibles avec l'autonomie proposée par les véhicules actuellement sur le marché.

    Le choix du calendrier de travail ne tient pas du hasard, puisque plusieurs constructeurs commercialiseront en Belgique leurs nouveaux modèles électriques fin de cette année, voire seulement au début de l'année prochaine. Les parkings accueillant ces véhicules devront être équipés afin de permettre leur recharge. Ce marché sera ouvert aux OIP et communes qui sont conventionnés avec le SPW, leur ouvrant ainsi la possibilité de bénéficier, à leur guise, des mêmes conditions financières que la Wallonie, une fois la procédure d'appel d'offres finalisée.

    Le Gouvernement wallon a par ailleurs décidé en 2009 d'accorder un subside aux communes pour encourager l'acquisition de véhicules électriques utilitaires, et ce à hauteur d'un subside de 1 835 000 euros et concerne 81 communes. J'ai mis en place une procédure d'achat groupé pour leur permettre de bénéficier de prix concurrentiels et d'une qualité technique optimale; 45 communes sur 81 ont adhéré à la procédure d'achat groupé, ce qui montre bien qu'elle répond à une attente.

    Par ailleurs, la Région wallonne compte étudier de manière globale le concept de réseau intelligent adapté à notre situation. Pour ce faire, le Plan Marshall 2.vert a prévu, dans. l'axe V, mesure 5.3 un budget de 6,8 mos € à cet effet.

    Au niveau énergétique, l'initiative REDI (Réseaux de distribution intelligents) a été lancée en janvier 2011 pour étudier l'impact des véhicules électriques sur les réseaux; l'évolution vers des réseaux intelligents tenant compte des heures de recharge des futurs véhicules électriques figure parmi les thèmes abordés.

    L'honorable membre évoque la question des bornes et de leur rareté. Il est évident que le secteur privé a un intérêt majeur de voir les pouvoirs publics investir massivement dans des bornes dont le retour sur investissement n'est pas encore facile à estimer.

    En dehors de l'intérêt politique ou marketing de communiquer sur ce sujet par l'annonce de plans très ambitieux, plusieurs éléments relativisent l'urgence de développer un réseau de bornes publiques:
    - les expérimentations en cours à l'étranger montrent que les utilisateurs privés rechargent leur voiture à la maison plutôt que d'emporter des câbles et de rechercher des bornes en ville. Le coût de la recharge nocturne à la maison est en effet nettement réduit. D'ailleurs, les producteurs estiment que la grosse majorité des points de chargement seront à la maison (90-95 %), et que le chargement se fera surtout la nuit ;
    - il n'existe pas encore de normalisation européenne de ces équipements;
    - les projections quant à la progression des véhicules électriques restent extrêmement divergentes d'un acteur à l'autre, ainsi que les projections relatives au nombre de bornes de rechargement nécessaires, leur rythme de croissance, leur localisation ... Pour 2011, la FEBIAC annonce à peine la vente de quelques dizaines de véhicules en Belgique;
    - d'un point de vue technique, la question de la puissance disponible est fondamentale. L'installation de bornes de recharges doit se faire sans déstabiliser le réseau de distribution au niveau local.


    Si les véhicules électriques constituent un enjeu économique certain, une voie d'avenir en matière énergétique, et une opportunité d'améliorer la qualité de l'environnement urbain, il convient de la recadrer dans une politique globale de la mobilité axée sur la réduction de la demande de transports.

    Le véhicule électrique n'apporte en soi aucune solution en matière de mobilité. Au contraire, grâce à une réduction du coût au kilomètre, elle pourrait avoir un effet pervers de favoriser l'hyper-mobilité individuelle ce qui, dans le contexte de réseaux souvent proches de la saturation, ne ferait qu'aggraver les choses.

    Par contre pour les flottes captives, et singulièrement urbaines, l'électricité ouvre des perspectives intéressantes.