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Le suivi par la Région wallonne des recommandations de l'Agence internationale de l'énergie (IEA)

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 476 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 24/03/2011
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    Un communiqué de presse de l'Agence internationale de l'énergie (AEA) en date du 9 mars 2011 constate que, bien que la loi de 2003 concernant la sortie du nucléaire a été amendée en postposant la sortie de 10 ans, les autres dispositions sont restées inchangées et impliquent de gros investissements en matière d'infrastructure, de dépendance d'importation de combustibles fossiles et un accroissement de GES. Elle recommande à la Belgique :

    " Belgium is therefore encouraged to reconsider its nuclear phase-out policy, as part of a comprehensive long-term energy and climate strategy, taking into account security of supply, economic efficiency and reduction of greenhouse gas emissions. " .

    Cette sécurité d'approvisionnement avait déjà fait l'objet d'une publication (Paula Souto Pérez, Joris Soens, Edwin Haesen, Ronnie Belmans, Johan Driesen. THE ROLE OF RENEWABLE ENERGY TECHNOLOGIES IN SECURING ELECTRICAL SUPPLY IN BELGIUM. K.U. Leuven - ESAT/ELECTA. 2006 Appendix 3) effectuée pour le compte de la Politique scientifique fédérale et faisait partie des rapports finaux consacrés aux «Modes de production et de consommation durables (PADD 2) (Cfr http:/www.belspo.be/belspo/home/publ/rappCPgen_fr.stm).

    A la base, l'objectif était de fixer le «capacity credit of wind power », c'est-à-dire le potentiel « classique », tous vecteurs confondus, pouvant être remplacé par la totalité de la capacité éolienne.

    « Intuitively, it is understood that the economical and ecological value of wing power are not quantified by its total energy delivery as such, but rather by the amount of conventional generation capacity that can be replaced by wind power. ».

    Les résultats de l'étude, pour le scenario de base, aboutissent à un taux de substituabilité de 18 %. Il en résulte que le remplacement des 5.800 MW de puissance nucléaire, nécessiterait une capacité de 5.800/0,18 = 32.000 MW à savoir 1.6000 éoliennes de 2 MW. On imagine difficilement l'installation de ces 1.6000 éoliennes dans notre petit pays densément peuplé.

    Dans une réponse datée du 1er mars 2011 à plusieurs questions parlementaires, Monsieur le Ministre a déclaré :

    « L'électricité verte passera du statut d'énergie marginale à celui d'énergie substantielle dans le mix électrique de la Wallonie. C'est un signal fort permettant au fédéral d'aborder la sortie progressive de l'énergie nucléaire au niveau belge de manière plus assurée et plus sereine. ».

    Monsieur le Ministre peut-il expliquer comment on doit comprendre la compatibilité de cette assertion avec la recommandation de l'AIE, d'une part, et les 160.000 éoliennes, d'autre part ?
  • Réponse du 14/04/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    Il semble utile de faire remarquer à l'honorable membre que la question a peu de sens dans une analyse strictement régionale, et qu'il convient de l'envisager dans une perspective nationale.

    Il est bien connu que les éoliennes n'ont pas la même disponibilité que les centrales nucléaires. De ce fait, il est tout à fait évident qu'on ne peut envisager un parc électrique qui substitue aux centrales nucléaires uniquement des éoliennes pour une puissance équivalente. Personne ne considère cette solution comme réaliste ou même souhaitable. Les recommandations de l'AIE n'envisagent d'ailleurs en aucun cas de freiner le développement des sources renouvelables, notamment les éoliennes.

    En effet, les éoliennes sont une partie de la solution de l'approvisionnement électrique qui doit s'orienter vers une plus grande diversification. Dans le cas de la Belgique, le parc futur qui se passera de nucléaire devra faire appel à différentes technologies de production électrique: les TGV alimentés au gaz naturel, des centrales à biomasse (qui peuvent toutes deux afficher des taux de disponibilité équivalents à ceux des centrales nucléaires), des centrales hydroélectriques, des parcs éoliens (on shore et off shore), du photovoltaïque, ... Il ne faut pas non plus oublier la nécessaire maîtrise de la demande d'électricité qui est un des moyens les plus efficaces (et les moins onéreux) de limiter le besoin de capacité électrique supplémentaire.

    Le développement des sources d'électricité renouvelable en Wallonie constitue un signal important dans le cadre de la loi sur la sortie progressive du nucléaire. La fermeture des 3 premiers réacteurs nucléaires (Doel 1 et 2, Tihange 1) à l'horizon prévu par la loi de 2003 (d'ici 2015) peut être envisagée avec sérénité. En effet, outre l'apport des sources renouvelables d'électricité, les projets de cogénération de qualité et de centrales turbine-gaz-vapeur à haut rendement, entre autres, dépassent largement la production nucléaire à remplacer. A l'horizon post-2020, il convient de renforcer les mesures d'utilisation rationnelle de l'électricité, de consolider le développement des sources renouvelables et de la cogénération, ainsi que de moderniser substantiellement nos réseaux de transport et de distribution.

    Ces efforts doivent être conjugués à ceux des autres entités intra-belges, afin de concrétiser d'ici les échéances prévues la Loi de 2003, dans les meilleures conditions possibles. C'est dans cette optique qu'avec mes homologues bruxellois, flamand et fédéral Evelyne Huytebroeck, Freya Van den Bossche et Paul Magnette, nous nous sommes mis d'accord pour mener une réflexion commune sur la levée des obstacles aux investissements dans les capacités de production hors nucléaire, ainsi que sur la construction de scénarios qui permettraient que la consommation d'énergie de chaque citoyen belge tende, d'ici 2050, vers 100 % de sources d'énergie renouvelables. Plusieurs études, notamment à l'échelle européenne, montrent qu'il est possible d'y parvenir.

    Par ailleurs, il faut savoir que la CWaPE étudie précisément à l'heure actuelle les éventuelles modifications qu'il faut apporter aux réseaux de distribution pour les rendre capables d'absorber une part croissante de renouvelable par nature plus intermittente. Les actions envisagées portent tant sur la production (comment gérer en temps réel les capacités excédentaires ou déficitaires ?) que sur la consommation (comment accumuler les excédents de puissance disponibles à certains moments, quelles consommations peut-on délester et à quelles conditions ?).

    Enfin à un horizon plus lointain et dans un cadre européen qui dépasse très largement la seule Wallonie, il est possible qu'il faudra renforcer certaines capacités de transport d'électricité au niveau européen pour acheminer vers le continent une part croissante d'éolien off-shore ou encore pour échanger les excédents de puissance renouvelable entre le nord et le sud de l'Europe.