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Les maisons et bâtiments passifs en Wallonie

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 480 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 24/03/2011
    • de de COSTER-BAUCHAU Sybille
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    L’écologie est au cœur de la politique wallonne avec le Plan Marshall 2.Vert. Des efforts et des aides de la Région wallonne sont consentis en vue de permettre aux citoyens de construire « vert » ou de rénover « vert ».

    Quelle est la définition d’une maison passive ? Quels sont les critères qui définissent ce type de maison ?

    Quel est le nombre de maisons dites « écologiquement passives » en Wallonie ?

    Quelles sont les politiques menées par la Région wallonne pour favoriser le développement de ces maisons ?

    Quel est le nombre de bâtiments appartenant à la Région wallonne qui répondent aux critères de bâtiments « passifs » ?

    Quel serait le coût pour mettre aux normes de « passivité » l’ensemble des bâtiments de la Région wallonne ?

    Quelles seraient les économies réalisées  pour la Région wallonne,  tant au niveau financier qu’écologique (réduction du CO2) ?
  • Réponse du 14/04/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    Un bâtiment passif est un bâtiment qui consomme très peu d'énergie. Son isolation est très poussée, de même que l'étanchéité à l'air de son enveloppe. Cela permet de diminuer les pertes de chaleur et par conséquent, cela engendre un très faible besoin de chauffage en hiver.

    Les critères actuels pour être reconnu comme maison passive sont :
    - le besoin net en énergie pour le chauffage doit être inférieur ou égal à 15 kWh/m2.an;
    - l'étanchéité à l'air est telle que le taux de renouvellement d'air mesuré à une différence de pression de 50 Pa est inférieur ou égal à 0.6 h-1 ;
    - le pourcentage de surchauffe (c'est-à-dire avec une température >25°C) dans le bâtiment doit être inférieur à 5 %.

    Pour le secteur tertiaire, les critères actuels sont:
    - le besoin net en énergie pour le chauffage doit être inférieur ou égal à 15 kWh/m2.an;
    - le besoin net en énergie pour le refroidissement doit être inférieur ou égal à 15 kWh/m2.an;
    - la consommation en énergie primaire ne peut excéder 90 - 2.5 x compacité;
    - l'étanchéité à l'air est telle que le taux de renouvellement d'air mesuré à une différence de pression de 50 Pa est inférieur ou égal à 0.6 h-1 ;
    - pour la surchauffe, il faut respecter la norme NBN 15251 et le nombre d'heures ou la température excède 25° C est limité à 5 % du temps de travail.

    Par contre, il n'y a pas de définition de maison "écologiquement passive". Une maison passive est par définition plus écologique qu'une autre vu qu'elle économise l'énergie, cependant sa réalisation peut encore être plus ou moins écologique suivant les matériaux retenus, leur provenance, leur durabilité, ....

    Le nombre de logements certifiés passifs en Wallonie était de 67 au 28 février 2011. 3 bâtiments tertiaires sont également certifiés passifs.

    Afin de favoriser le développement de l'application de ces critères aux bâtiments neufs, la Wallonie subsidie l'asbl Plate-Forme Maison Passive. Celle-ci informe le public, conseille et guide les professionnels qui souhaitent construire un bâtiment passif. Des formations, des guidances, des visites de site, etc sont régulièrement organisées. C'est également la Plate-Forme Maison Passive qui certifie les bâtiments qui répondent aux critères. Une prime à destination des propriétaires qui font bâtir un logement passif est en outre octroyée par la Wallonie.

    Il n'y a actuellement, et je le regrette bien, encore aucun bâtiment appartenant au Service Public de Wallonie (SPW) qui soit certifié passif. Le budget nécessaire pour mettre l'ensemble du parc immobilier existant du SPW au standard passif n'a pas non plus été chiffré mais il serait vraisemblablement démesuré. Une telle démarche ne serait par ailleurs pas optimale. S'il est plus que nécessaire d'améliorer la performance énergétique des bâtiments existants ainsi que la gestion de leurs systèmes, ces travaux doivent s'envisager dans une optique d'amélioration globale du parc en examinant les possibilités individuelles de chaque bâtiment. En agissant de la sorte, il sera possible de tirer le meilleur de chaque situation sans coûts trop importants pour le SPW. Par contre, la Wallonie a réservé des moyens pour de la construction de logements passifs dans le secteur public dans le cadre de l'AEE.

    A ce jour, il n'existe pas encore d'études sur les économies financières et écologiques réalisables au niveau du parc des bâtiments du SPW.

    Cependant, dans le cadre d'une étude menée par la Faculté Polytechnique de Mons, Pôle Energie, Frédéric Renard et Marny Di Pietrantonio ont procédé à « l'analyse économique d'une maison passive existante ». Cette étude s'est attelée à la comparaison d'un bâtiment passif et d'une habitation traditionnelle répondant au K55 et munie des équipements techniques standards tant pour évaluer les surcoûts que pour chiffrer les économies financières d'énergie. Globalement, les surcoûts ont été estimés à 15 % du montant de la construction traditionnelle.

    Ils tiennent compte des surcoûts positifs: pour le renforcement de l'isolation de l'enveloppe, le recours à du triple vitrage, la production d'eau chaude via boiler solaire (non obligatoire pour être reconnu passif), la ventilation double flux avec récupérateur de chaleur ainsi que pour le niveau élevé de l'étanchéité à l'air et du surcoût négatif du chauffage puisque les besoins en chaleur sont minimes par rapport à un chauffage classique. Ce pourcentage de 15 % du coût de la construction traditionnelle est hors primes et incitants fiscaux.

    Cette étude a montré les résultats suivants :
    - au niveau des consommations, la maison passive a une facture énergétique annuelle 4 fois moins élevée;
    - au niveau de la quantité de CO2 émise annuellement, la maison passive en émet 8 fois moins que la maison traditionnelle ;
    - d'un point de vue économique, sans tenir compte des incitants financiers, le temps de retour se situe aux alentours des 15 ans et si l'on intègre les incitants financiers dans le calcul, le temps de retour descend à 7 ans.

    Bien sûr si la durée de vie moyenne de l'habitat est connue, certains autres paramètres choisis dans cette étude peuvent fluctuer différemment : l'évolution du prix des vecteurs énergétiques, les taux d'intérêt, d'inflation et d'actualisation peuvent diverger. Néanmoins, il reste que la rentabilité de l'investissement à moyen terme ne fait pas de doute et que l'indépendance énergétique de la maison passive est d'autant plus importante que les coûts énergétiques augmentent.