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La résistance de nos installations d'électricité aux tremblements de terre

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 714 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 29/03/2011
    • de EERDEKENS Claude
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    A-t-il été mené en Wallonie une étude sur la résistance des centrales électriques, au charbon, au gaz, de même que les centrales nucléaires ou des éoliennes aux tremblements de terre?

    Jusqu'à quelle magnitude les réacteurs des centrales nucléaires et nos éoliennes peuvent-ils résister sans dommage?

    L'éventualité d'un tremblement de terre a-t-elle été prévue dans le cahier des charges dans la construction du réacteur nucléaire de Tihange et de la construction de nos éoliennes implantées sur le territoire wallon?
  • Réponse du 03/10/2011
    • de HENRY Philippe

    En préalable, je rappelle que pour ce qui concerne la résistance des centrales nucléaires, cette matière est de la compétence de l’Agence fédérale de Contrôle nucléaire qui dépend de l’autorité du pouvoir fédéral.

    Pour ce qui concerne les autres installations, c’est la norme européenne qui s’applique. L'Eurocode 8 est une norme pour la conception de constructions résistant aux séismes. Cette norme est entrée en application début 2011 dans tous les états de l'U.E (Code de construction en Europe - Conception et dimensionnement des structures pour la résistance au séisme – Partie 1 : Règles générales – Actions sismiques et exigences générales pour les structures). Suivant l'Eurocode 8, il faut prendre en compte les éléments suivants dès la conception des bâtiments. Le contrôle vise, notamment, les aspects particuliers :
    - l'aléa sismique, plus précisément l'accélération maximale au sol pouvant survenir sur une période de 475 ans. Ceci est calculé au niveau national;
    - les conditions locales du sol : on a défini 5 types de sol qui amplifient les ondes sismiques de différentes manières. C'est la responsabilité du concepteur de vérifier dans quel type de sol les fondations sont creusées ;
    - la catégorie d'importance du bâtiment selon son assignation: p.ex., les écoles et hôpitaux doivent pouvoir supporter une charge sismique plus grande que les constructions ordinaires.

    L'endommagement et l'effondrement de bâtiments représentent le plus grand risque. Le risque sismique peut être diminué en construisant dans des zones moins dangereuses ou en appliquant des normes de construction adaptées. Des régions avec un aléa sismique élevé peuvent donc présenter un risque sismique faible, par exemple, parce qu'elles sont peu habitées, et, au contraire, des régions avec un aléa sismique modéré présenteront un risque sismique élevé si la densité de population est forte et les constructions de mauvaise qualité.

    La Belgique est un pays caractérisé par une faible intensité sismique générale. Dans le cadre de la nouvelle norme européenne de l’Eurocode 8, les régions de Liège et de Mons constituent les deux principales zones d’activité tectonique du territoire.

    La Belgique se trouve dans une zone "intraplaque", à savoir à l’intérieur d’une plaque tectonique, alors que le Japon, par exemple, se trouve dans une zone "interplaque", à la jonction entre deux plaques. S’il est clair que la grande majorité des tremblements de terre a lieu à la frontière des plaques, il n’en demeure pas moins qu’un certain pourcentage de séismes a lieu à l’intérieur des plaques.

    Comme tout bâtiment, les éoliennes sont soumises aux normes de l’Eurocode 8. Aussi, il faut savoir que le chantier de construction d’un parc est supervisé par un bureau de contrôle technique pour la construction (tel que SECO, par exemple).

    Les éoliennes sont conçues pour résister à des vitesses de vent exceptionnelles ; or, il faut savoir que le danger pour les éoliennes généré par les séismes dans nos régions est inférieur à celui provoqué par les vents exceptionnels. Les dernières tempêtes que nous avons essuyées sur notre territoire ainsi que le comportement des éoliennes au Japon lors du tremblement de terre du 11 mars dernier en sont autant de preuves tangibles. Pour information, relativement au Japon, à peu près tout a été emporté par le passage du tsunami consécutif au tremblement de terre, à l’exception notable des éoliennes japonaises ; un petit miracle confirmé par les professionnels nippons du secteur ; d’après eux, aucune installation n’a souffert de la catastrophe, la production d’électricité ayant pu être assurée sans interruption, …excepté là où les câbles avaient été coupés ou arrachés.

    D’autres exemples nous parviennent du monde entier : plus près de chez nous, l’association italienne des producteurs d’énergies renouvelables informe que les quatre parcs éoliens actifs dans les Abbruzzes ont été épargnés par le dramatique tremblement de terre du 6 avril 2010, centré sur l’Aquila. Les fondations et les mâts ont résisté aux secousses sismiques d’une magnitude de 6,3 sur l’échelle de Richter.

    De plus, toutes les éoliennes répondent à la norme européenne IEC 61400-1 intitulée : « Eoliennes – Partie 1 : Exigences de conception » et qui spécifie les exigences de conception essentielles pour assurer l’intégrité technique des éoliennes. Elle a pour objet de fournir un niveau de protection approprié contre les dommages causés par tous les risques pendant la durée de vie prévue. Cette norme concerne tous les sous-systèmes des éoliennes tels que les mécanismes de commande et de protection, les systèmes électriques internes, les systèmes mécaniques et les structures de soutien. Elle s’applique aux éoliennes de toutes dimensions.

    En conséquence, on peut estimer que étant donné l’activité tectonique plutôt faible dans notre région, étant donné les normes de construction propres aux éoliennes, étant donné que les éoliennes répondent aux normes de l’Eurocode 8, étant donné que dans nos régions, le risque associé à un séisme est inférieur à un risque lié à des vents exceptionnels, étant donné les précédents en la matière de par le monde, on peut penser que les éoliennes édifiées sur le territoire de la Wallonie répondent suffisamment aux critères de sécurité en matière de séisme.