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Les inquiétudes des producteurs wallons de pierre bleue

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 747 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 06/04/2011
    • de PREVOT Maxime
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    Les producteurs wallons de pierre bleue souffrent depuis de nombreuses années de la concurrence des producteurs étrangers, notamment chinois.

    Les représentants du secteur déplorent que les pouvoirs publics fassent bien souvent le choix de produits importés plutôt que de produits belges pour leurs travaux. Outre l’aspect qualitatif, ce choix comporte également un coût environnemental non négligeable. Une étude de l’ULG évalue l’impact d’un mètre carré de pierre bleue belge à 6 kg contre 33 kg pour une pierre bleue chinoise.

    Enfin les producteurs wallons regrettent l’attitude des autorités du Nord du pays qui privilégient systématiquement les produits d’importations.

    Monsieur le Ministre envisage-t-il des mener des actions afin de promouvoir ce produit auprès des autorités locales ?

    Envisage-t-il de mettre en place une information afin d’informer les pouvoirs locaux des conséquences environnementales de leurs choix ?

    Peut-il envisager une pondération des subsides en fonction du coût environnemental de matériaux choisis ?

    En collaboration avec le Ministre-Président et le Ministre de l’Economie, Monsieur le Ministre envisage-t-il de promouvoir ce produit auprès des pouvoirs publics au Nord du pays ?
  • Réponse du 03/05/2011
    • de HENRY Philippe

    L'honorable membre connait mon attachement à la problématique de l'activité extractive wallonne. Au carrefour de mes compétences ministérielles, le secteur carrier est rapidement devenu pour moi un enjeu majeur.

    Le secteur de la roche ornementale souffre aujourd'hui d'une absence de reconnaissance du secteur public, mais également du privé.

    D'un coté la population n'est que trop peu sensibilisée aux enjeux d'acheter durable, de l'autre les grands chantiers urbanistiques wallons ne valorisent que très peu les matériaux issus de notre terroir et de nos entreprises.

    Depuis 20 ans déjà, le Gouvernement wallon a confié à l'ASBL Pierres et Marbres de Wallonie, la tâche de promouvoir les roches ornementales wallonnes. Outre, la présence aux salons et foires, professionnels ou grand public, l'ASBL a également pour mission de représenter les intérêts de ses membres vis-à-vis des interlocuteurs publics ou privés et de participer à toute initiative visant à renforcer et à favoriser la mise en œuvre des pierres naturelles wallonnes.

    C'est ainsi que l'ASBL s'est investie, il y a une dizaine d'années dans la problématique de la prescription et de l'utilisation de nos matériaux dans les travaux subsidiés à travers, notamment, sa participation à la révision des cahiers des charges, la définition de critères de réception des travaux et la formation des agents chargés de la réception des chantiers.

    Il en a découlé une prise de conscience certaine au niveau régional. Mais, ces actions se sont heurtées aux effets de la libre circulation des biens et service ainsi qu'à la mondialisation alors galopante.

    Cela n'a cependant pas empêché l'ASBL de multiplier les démarches et réflexions allant dans le sens d'une véritable politique de développement et d'achats durables visant l'insertion de clauses sociales, éthiques et environnementales dans l'attribution de nos marchés publics.

    La responsabilité des pouvoirs publics relève également dans l'information aux clients potentiels. Je pense pour le moment à deux pistes d'actions:
    - une réflexion sur l'attribution de marché public et corollairement la rédaction des cahiers des charges ;
    - une réflexion sur un outil promotionnel de ce type de matériaux.

    Les roches ornementales wallonnes sont par excellence des matériaux durables parfaitement intégrés à nos milieux ; de part :
    - leur résistance: certains de nos bâtiments publics ou privés, anciens ou nouveaux témoignent à merveille de leur acclimatation à nos contrées nordiques, à leur résistance au gel, à leur faible indice de détérioration dans le temps... .
    - leur faible coût énergétique : la proximité des lieux de production et de consommation permet de gérer au mieux les énergies grises liées au transport du produit.
    - leur mode d'extraction respectueux de l'environnement: le secteur wallon fait preuve ces dernières années d'innovation en matière de respect de contraintes environnementales (technique, transport, biodiversité ... ). Il convient dès lors de les accompagner dans cette démarche.

    Dans le panel de matériaux qui s'offre aujourd'hui au particulier (mais aussi architectes ou urbanistes), il est très difficile d'identifier la provenance ou de mesurer la qualité de la pierre achetée.

    A travers la mise en place d'une forme de label je compte bel et bien sensibiliser les acteurs à cette réalité. Voici plusieurs années que le secteur en parle, j'ai donc d'initiative proposé à « Pierre et Marbre de Wallonie » de se saisir de cet important dossier dans le cadre de leur subvention.

    Le calendrier relatif à ce chantier a donc démarré en janvier dernier, les premières pistes sont attendues pour la fin de l'année. J'ai la volonté de voir le label être mis en place sous cette législature.

    En ce qui concerne les marchés publics, je compte interpeller mes collègues du gouvernement dans les prochaines semaines pour lancer une discussion sur le sujet.