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La consommation et la production de pellets

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 609 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 20/05/2011
    • de PECRIAUX Sophie
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    En 2003, avec les certificats verts, la Région wallonne a mis en place un mécanisme de financement favorisant la production d'électricité verte, mais a ignoré la chaleur renouvelable.

    Pourtant, la directive européenne "énergie-climat" de 2008 met sur un pied d'égalité le kWh d'énergie renouvelable électrique et thermique.

    Avec la flambée des prix pétroliers, le pellet granulé de sciure de bois compactée est appelé à jouer un rôle majeur en tant que vecteur de chaleur dans un monde en quête d'énergie renouvelable. En effet, le bois est une énergie renouvelable dérivée du soleil : la photosynthèse chlorophyllienne transforme le CO2 de l'air en oxygène et en carbone qui est stocké dans des molécules de cellulose et de lignine. Le bois contient 50 % de carbone. Son pouvoir calorifique (4,7 kWh/kg) est moindre que celui du pétrole (11,6 kWh/kg) ou du charbon (8 kWh/kg), mais son bilan CO2 est neutre puisque sa combustion restitue le CO2 capturé quelques années auparavant lors de la croissance de l'arbre.

    Contrairement aux énergies éolienne et photovoltaïque, la biomasse capte, mais surtout stocke l'énergie. Les pellets constituent un combustible assez "fluide" pour être manipulé et transporté facilement.

    La Région wallonne en produit aujourd'hui 320.000 tonnes, soit 130.000 TEP (tonne équivalent pétrole) à comparer aux 5,8 millions de tonnes de pétrole et aux 4 millions de TEP de gaz qu'on y importe et brûle, chaque année.

    La centrale des Awirs fonctionnait autrefois au charbon, mais un investissement de 6,5 millions d'euros a suffi à l'adapter au pellet. Un placement extrêmement rentable pour Electrabel : pour sa production "verte" aux Awirs.

    Pour produire la même quantité d'électricité qu'aux Awirs dans une centrale turbine-gaz-vapeur (TGV), il faudrait environ 95.000 TEP de gaz dont la combustion produirait 275.000 tonnes de CO2. C'est donc l'économie de CO2 que les pellets brûlés aux Awirs permettent de réaliser.

    En Région wallonne, des centaines de milliers de chaudières brûlent plus de 1,6 million TEP de mazout produisant près de 5 millions de tonnes de CO2.

    Imaginons d'en remplacer une partie par des chaudières à pellets. Si celles-ci brûlaient les 400.000 tonnes de pellets actuellement utilisées aux Awirs, cela permettrait d'éviter l'importation de 200.000 tonnes de pétrole et la production de 600.000 tonnes de CO2.

    D'un point de vue environnemental, on économiserait donc 600.000 tonnes de CO2 contre 275.000 tonnes en brûlant ces pellets aux Awirs.

    Il apparaît que la rentabilité des Awirs tient au soutien que la Région wallonne lui octroie sous forme de certificats verts.

    Ne pourrait-on détourner une partie de cette aide pour un soutien à l'investissement dans des chaudières à pellets pour les habitations qui n'ont pas accès au gaz ?

    Cette mesure bénéficierait directement à plus de 400.000 logements et collectivités en leur permettant de se chauffer moins cher.

    On pourrait également réaliser davantage d'investissements dans les énergies renouvelables, dont le bénéfice économique profiterait directement à tous les consommateurs wallons qui investiront dans les énergies renouvelables et les économies d'énergie.


    Que pense Monsieur le Ministre de ces propositions faites par un membre de l'Académie royale de Belgique, classe "technologies et société" ?

    Ne pourrait-on, étant donné la superficie importante des forêts en Wallonie, favoriser la production de cette forme d’énergie ?
  • Réponse du 14/06/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    A l'instar de l'honorable Membre, j'ai également pris connaissance de l'article de Laurent Minguet. Celui-ci critique essentiellement l'aide à la production via les certificats verts, accordée à Electrabel pour la centrale des Awirs reconvertie à la biomasse sous forme de pellets.

    L'utilisation optimale de la biomasse est une question essentielle dans le cadre de la stratégie d'énergies renouvelables à l'horizon 2020. En effet, cette ressource est certes renouvelable, mais également limitée. Il convient donc d'en optimaliser l'utilisation dans le cadre de l'objectif de tendre à 20% d'énergie renouvelable dans la consommation finale d'énergie, avec les apports respectifs de la part wallonne de l'éolien off-shore, des renouvelables dans le transport et de la chaleur issue de sources renouvelables. Sur ce dernier point, l'expertise menée par CapGemini a montré tout l'intérêt des utilisations 'chaleur' ou 'cogénération' de la biomasse, ce qui en limite la disponibilité pour des applications purement électriques.

    Mais il convient d'apporter une vision nuancée de ce constat. Dans l'optique d'un mix électrique post-nucléaire et décarboné, de grandes installations de production d'électricité à partir de biomasse pourraient jouer un rôle dans l'équilibrage des flux d'électricité sur le réseau, car la biomasse se stocke relativement facilement. Il est évidemment essentiel, pour garantir la neutralité carbone, que la biomasse provienne de forêts gérées durablement et n'implique pas d'effets secondaires sur les changements d'utilisation du sol. Pour la biomasse importée, il faut également tenir compte des coûts logistiques liés aux différents modes de transport et de transbordement de la matière première. A cet égard, des installations situées en bordure de voies d'eau sont à privilégier.

    Le système des certificats verts a été mis en place en vue de répondre à une Directive européenne de promotion de l'électricité verte et à un objectif de production d'électricité à partir de SER. A cet égard, il n'est pas juridiquement admissible de modifier les règles du jeu en cours de route. Un nouveau système ne pourrait donc s'appliquer qu'aux nouvelles installations.

    Un critère d'utilisation optimale de la biomasse est actuellement en cours d'examen entre les partenaires gouvernementaux, dans le cadre de l'adaptation du mécanisme des certificats verts. Mais il est clair que ce débat relatif à la valorisation énergétique de la biomasse doit porter plus largement que sur l'électricité et englober la production de chaleur et de carburants pour le transport. Un mécanisme de soutien à la chaleur renouvelable est en cours de réflexion.