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L'impact des engrais azotés sur le plan environnemental

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 562 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 06/06/2011
    • de PREVOT Maxime
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    Le récent Rapport d'évaluation européenne pour l'azote révèle que les excès d'azote coûtent entre 70 et 350 milliards d'euros à l'échelle européenne.

    Cette étude menée par 200 chercheurs dans plus de 21 pays européens indique que ces coûts représenteraient plus du double des bénéfices qu'en retire l'agriculture. Ce qui donne à réfléchir sur nos modèles de production mais aussi de consommation.

    Cette étude insiste sur les impacts environnementaux dans l'eau, l'air et le sol. Elle met également en évidence le fait que plus de 100 millions d'européens seraient exposés à des niveaux d'azote dépassant les seuils réglementaires dans l'eau. Monsieur le Ministre peut-il nous indiquer s'il subsiste des dépassements de ces seuils en Région wallonne ? Si oui, à quels endroits particuliers ? Quelles mesures sont mises en œuvre pour y remédier ? Quel est l'impact escompté du PGDA ? Où en est son adaptation ?

    Si l'agriculture est régulièrement pointée du doigt, elle ne peut pas non plus être qualifiée de seule responsable. Les choix de consommation conduisent encore à une agriculture intensive avec des impacts collatéraux que le consommateur ne perçoit pas dans l'immédiat mais que, tôt ou tard, il sera amené à payer. Pour chaque Belge, cela représenterait entre 150 et 700 euros par an.

    Depuis 1995, l'utilisation d'engrais azotés aurait pourtant diminué de 20 %. Monsieur le Ministre peut-il nous confirmer cette tendance ?

    Cela étant, le tableau de bord de l'environnement en 2010 indique encore que la Wallonie se situerait à un niveau supérieur de 40 % par rapport à la moyenne européenne. Comment expliquer ce positionnement encore élevé malgré les efforts accomplis ? Que préconise Monsieur le Ministre pour amplifier les efforts et faire en sorte que nous arrivions à un niveau ambitieux davantage en phase avec les objectifs européens ?
  • Réponse du 27/06/2011
    • de LUTGEN Benoît

    Le Programme de Gestion Durable de l’Azote ainsi que l’encadrement des agriculteurs sur la question relèvent principalement de mon collègue Ministre de l’Environnement. Voici cependant quelques éléments de réponses aux interrogations de l'honorable membre.

    En Wallonie comme dans toute l’Europe, la protection de l’environnement, la concurrence mondiale et le prix des engrais azotés rendent inéluctable une adaptation des pratiques agricoles vers moins de gaspillage de l’azote, comme y incite l’étude que cite l'honorable membre.

    C’est pour cela que le Programme de Gestion Durable de l’Azote en Agriculture a été mis en place dès 2002. Ce programme fixe, pour tout le territoire de Wallonie, des impositions sur :
    - les quantités d’azote produites par type de bétail,
    - les conditions de stockage de l’azote organique à la ferme et au champ,
    - les quantités maximales épandables en fonction de l'affectation des terres agricoles,
    - les périodes autorisées pour l’épandage,
    - les conditions d’épandage sur les sols agricoles.
     
    Par ailleurs, il fixe des conditions complémentaires en zone vulnérable, plus strictes que sur le reste du territoire wallon, à savoir :
    - une quantité maximale d'azote épandable plus contraignante,
    - l’obligation d’implanter un couvert hivernal,
    - le contrôle des reliquats d'azote dans les sols en fin de saison (par la mesure de l’APL :Azote Potentiellement Lessivable),
    - des conditions d'épandage plus strictes en fonction des conditions climatiques, et
    - des conditions relatives au retournement des prairies permanentes.

    Le respect de ce texte implique des changements importants dans les politiques culturales et par conséquent, il faut aider à sa mise en place optimale en accompagnant les agriculteurs : c’est le rôle de l’ASBL Nitrawal créée à cet effet, et en améliorant les contrôles sur celui-ci.

    Nitrawal est une convention-cadre cogérée par les Départements de l’Agriculture et de l’Environnement. Cette association a pour objet d'accompagner les agriculteurs dans leur démarche pour protéger les ressources en eau de la pollution par le nitrate. Elle étend son action à l'ensemble de la Wallonie, en accordant la priorité aux zones vulnérables. L'équipe regroupe une quinzaine de spécialistes de la gestion de l'azote. Nitrawal offre aux exploitants agricoles wallons le conseil technique personnalisé et l'encadrement administratif qui leur sont nécessaires en vue de respecter les dispositions du Programme de gestion durable de l'azote en agriculture, dont notamment le respect des bonnes pratiques agricoles et la mise en conformité des infrastructures de stockage. Le but est d'améliorer l'utilisation de l'azote à toutes les étapes de la production. Les services de Nitrawal sont accessibles gratuitement à tous les agriculteurs wallons. 

    Au-delà de l’accompagnement, il y a aussi le contrôle. Neuf exploitations sur dix sont bien conformes aux normes en vigueur en ce qui concerne le taux de liaison au sol.

    D’autre part, il faut aussi souligner que les nappes phréatiques exploitées en Wallonie sont profondes, et les hausses en nitrates qu’on y constate sont très souvent le reflet des pratiques agricoles ayant prévalu il y a dix ans ou plus.

    Enfin, avec mon collègue le Ministre de l’Environnement nous travaillons à l’amélioration du dispositif en place, notamment en vue de la protection des eaux de surface.