/

Les chiffres sur les investissements étrangers en Wallonie

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 322 (2010-2011) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 28/06/2011
    • de MOUYARD Gilles
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, des P.M.E., du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

    A la faveur de sa réponse à ma question orale sur « les contradictions dans les données concernant l’investissement étranger en Wallonie » du 31 mai dernier, Monsieur le Ministre m’indiquait trois raisons pouvant justifier l’importante différence entre les chiffres dispensés par l’AWEx, d’une part, et par IBM et Ernst & Young d’autre part :
    - les transferts d’activités ;
    - l’exclusion de certains secteurs d’activité ;
    - l’annonce dans les médias de certains dossiers

    Monsieur le Ministre peut-il me détailler les différences entre les trois études dans ces catégories?

    J’ai également eu connaissance d’une réunion de travail entre les acteurs de ces différentes études statistiques. En a-t-il été informé ? Quelles en ont été les conclusions ?
  • Réponse du 19/09/2011
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Pour rappel, les chiffres de l'AWEx et de la DGO6 pour l'année 2010 font état de 68 dossiers réalisés pour un montant investi de 256.604.151 euros, générant la création de 1 733 emplois directs.

    Or, dans son étude publiée le 12 mai 2011, IBM recensait 36 projets pour la Wallonie avec création de 780 emplois. Plus tard, le 25 mai 2011, Ernst & Young comptabilisait, pour sa part, 31 dossiers pour la Wallonie avec création de 730 emplois et 217,5 millions investis.

    Les sources de données prises en compte tant par IBM que par Ernst & Young dans leur calcul statistique proviennent essentiellement d'une base de données « European Investment Monitor» (EIM) détenue et alimentée par le consultant britannique Oxford Intelligence, qui reprend les investissements annoncés par les entreprises - via voie de presse - durant la période considérée, les informations provenant des agences régionales d'investissement (FIT -ABE- AWEx) et d'autres sources d'informations diverses telles que la presse spécialisée.

    Un certain nombre de dossiers sont effectivement exclus des résultats compilés, pourtant pris en compte par les agences régionales dont, à titre d'exemple:
    - les dossiers d'investissement purement financiers qui ne génèrent pas d'emplois nouveaux (fusions et acquisitions);
    - les dossiers d'investissement constituant, selon l'analyse du consultant, un transfert de siège d'activité d'une région vers une autre. Les dossiers d'origine flamande ou bruxelloise sont exclus. Il est à noter que, dans le cadre de ces transferts d'activité, les emplois qui sont renseignés dans les statistiques de l'Agence sont uniquement les nouveaux emplois, à l'exclusion des transferts qui sont neutralisés;
    - certains secteurs d'activités: tourisme (hôtels et attractions), services spécifiques, commerce de gros;
    - extensions d'activité sans création d'emploi ;
    - certains dossiers, en fonction de leur date d'annonce dans la presse, sont repris chez les consultants et ne figurent pas dans les statistiques régionales. L'AWEx, appliquant une méthodologie stricte, impose qu'un acte légal formel soit disponible pour comptabiliser les projets.

    Bien que prenant leurs Informations à la même source (base de données Oxford Intelligence), les chiffres comptabilisés par IBM sont différents de ceux présentés par Ernst & Young. Il semblerait que les critères d'IBM soient plus larges dans la prise en compte de certains dossiers, Ernst & Young se montrant plus restrictif dans la sélection des dossiers présentés.

    Ces deux consultants ne publient pas de listes détaillées de leurs projets, et renvoient vers les listes disponibles (achetées en commun par les trois Réglons) chez Oxford Intelligence. Actuellement, on ne peut que regretter la difficulté à trouver une cohérence et une constance dans les chiffres publiés par les consultants.

    La Région wallonne a donc demandé des éclaircissements auprès des deux consultants.

    IBM n'a pas souhaité réagir, se retranchant derrière une méthodologie propre et son souci de confidentialité par rapport aux autres régions.

    Ernst & Young a été rencontré à deux reprises, de façon à mieux comprendre les divergences de lecture des statistiques. Il a été confirmé à cette occasion qu'Ernst & Young rétribue le consultant britannique Oxford Intelligence pour collationner les informations, à la fois auprès des agences de développement, mais également en consultant la presse et tout autre moyen d'information. Il a été également précisé que chaque Agence transmet des informations différentes à Oxford Intelligence.

    A titre d'exemple, l'investissement d'AGC de vingt-cinq millions d'euros à Louvain-la-Neuve, porteur de 450 nouveaux emplois, n'a pas été comptabilisé, car considéré comme un simple transfert d'activité. A l'opposé, la « délocalisation » de Jumet vers Gosselies du centre de R&D d'AGC (1,3 millions d'euros) porteur de quarante-neuf emplois, est lui repris dans les chiffres des consultants. L'investissement d'AGC à Louvain-la-Neuve n'a pas été comptabilisé. parce qu'il s'agit essentiellement d'un regroupement d'activités aujourd'hui dispersées, il faut cependant noter que le client annonce, outre le transfert de personnel des différents sites existants, la création d'un nouveau centre de recherche qui occuperait cent emplois.

    Outre cet exemple, vingt-trois dossiers repris dans les listes de l'AWEx, pourtant bien internationaux, n'ont également pas été repris, le tout comptabilisant 255 emplois. Ces dossiers auraient été écartés suite à l'absence de confirmation du client investisseur, à défaut de temps ou de personne de contact.

    Le consultant reprend de plus à l'actif de la Flandre huit projets d'extension Immobilière attribués avec, à la clé, la création de quatre cents emplois et pour la Région wallonne, deux projets similaires permettant la création de cent emplois. Il s'agirait d'une information presse qui n'impliquerait pas nécessairement de création d'emploi.

    Il faut remarquer encore que la moitié (54 sur 108 listés) des dossiers comptabilisés par le consultant au crédit de la Flandre ne comporte aucune Information relative aux montants investis et à la création d'emploi. Ceci est en flagrante opposition avec la méthodologie d'analyse annoncée et rend l'étude peu documentée, voire peu crédible.

    En conclusion, à l'issue de ces réunions, il a été décidé que l'AWEx compléterait les informations transmises à Oxford Intelligence, en transmettant les coordonnées d'une personne de contact pouvant confirmer l'investissement, ainsi que ses caractéristiques.

    Par ailleurs, une réunion d'analyse et de commentaires éventuels sera prochainement organisée avec Oxford Intelligence pour passer en revue les informations transmises et permettre leur validation.