/

Une filière française pour les biocarburants extraits de micro-algues

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 761 (2010-2011) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 29/08/2011
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    La France est en train de se mettre sur pied une filière française pour les biocarburants extraits de micro-algues.
    La volonté des chercheurs industriels français est de travailler ensemble pour être parmi les meilleurs au monde d'ici 5 ans.

    N'y a-t-il pas une opportunité à saisir pour la Wallonie en matière de créations d'emplois et de production énergétique ?
    Il s'agit en fait pour la Wallonie de s'intégrer dans les nouvelles générations de carburants verts.

    Les carburants de la première génération sont les agrocarburants déjà sur le marché étant le biodiesel tiré du colza, du soja, du tournesol ou de la palme ou encore le bioéthanol extrait de la betterave et de la canne à sucre, du blé et du maïs.
    La deuxième génération des carburants verts est attendue après 2020 et pourrait valoriser toute la matière végétale.
    Toujours selon cet article publié dans « Le Monde » des 24 et 25 juillet 2011, la troisième génération des carburants verts est encore à l'étude et veut exploiter la capacité des micro-algues car elles se multiplient rapidement et accumulent des huiles et des sucres.

    Il apparaît de cet article que les promesses des micro-algues sont immenses. Le phytoplancton marin qui se développe par photosynthèse peut accumuler des huiles ou des sucres beaucoup plus efficacement que les végétaux terrestres. On peut espérer obtenir entre 20 et 30 tonnes d'huile par hectare et par an contre 6 tonnes avec le palmier et un peu plus d'une tonne avec le colza, assure le directeur du laboratoire français de biologie et de biotechnologie des algues à l'Ifremer.

    Il s'agit en France d'un projet de chercheurs et d'ingénieurs français regroupés au sein du projet « Green Stars » car ces « étoiles vertes marines » seront peut-être les biocarburants du futur.
    Il s'agit d'un projet mis sur place à Poitiers.

    La Région wallonne a-t-elle décidé ou non d'investir dans la recherche et dans ce secteur à titre expérimental de façon à pouvoir déployer sur le sol wallon dans des installations adéquates des bassins de transformation de micro-algues comme cela se fait près de Poitiers ?

    Nos universités ont-elles été mobilisées à l'effet de prendre le train en marche ?




  • Réponse du 22/09/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    De façon générale, il convient de rappeler de manière synthétique les 3 générations de biocarburants. La première génération, également dénommée agro-carburants, consiste en des carburants produits essentiellement à partir de produits de l'agriculture (blé, betterave, colza, ... ). La deuxième génération vise principalement les biocarburants produits à partir de matière lignocellulosique (plante entière). La troisième génération est un terme utilisé pour désigner les biocarburants produits à partir d'algues et autres procédés biologiques. Pour simplifier, on dit parfois biocarburant conventionnel (bioéthanol/biodiesel de première génération) et biocarburants non-conventionnels pour tous les autres.

    Les biocarburants de deuxième génération et de troisième génération, sont à des stades différents de développement. D'après le récent rapport spécifique du GIEC sur les énergies renouvelables, les biocarburants de deuxième génération (ligno-cellulosiques) sont à un stade pré-commercial dans certains pays. Les biocarburants de troisième génération (algues et autres procédés biologiques) sont encore en phase de recherche et développement.

    Plusieurs initiatives illustrent l'émergence de la thématique « algues » en Belgique et ce, depuis 2008. Dans le cadre de la tâche 40 de l'AIE, la Wallonie a participé à une évaluation du potentiel des algues comme ressources biosourcées de vecteur énergétique. Avant d'aboutir à des concepts intégrés tels que les bioraffineries, il est essentiel d'avancer dans la recherche et le développement.

    C'est pourquoi, nos équipes de chercheurs ne restent pas inactives. Au sein des universités, l'équivalent de 5 personnes à temps plein a été identifié comme travaillant directement à cette thématique. Il faut également ajouter une série de chercheurs qui travaillent sur des matières connexes mais dont les résultats pourraient être utilisés pour le développement de micro-algues.

    On retrouve actuellement trois projets de recherche financés ou cofinancés par la Wallonie. Le premier, BEMA pour Bio Energy from Micro Algae consiste à faire les études de systèmes de culture et de récolte de micro-algues pour permettre la séquestration de CO2 et valoriser au mieux la production de lipides pouvant servir de biocarburant ainsi que d'autres éléments à haute valeur ajoutée. L'objectif principal est de mettre au point un prototype de photobioréacteur qui puisse faire la preuve de la production de biomasse algale à grande échelle. Les partenaires du projet sont l'ULg, l'UCL, N-Side (spin-off de l'UCL), Wetlands Biosciences (société à Louvain-la-Neuve) et LHOIST.

    Le second, BIOVAMAT vise à développer des photobioréacteurs efficaces pour la production de molécules à haute valeur ajoutée, basés sur une technologie innovante de mise en œuvre de matériaux nanoporeux. Enfin, le projet ALGOCAR consiste en une recherche sur la conception, simulation et optimisation d'un photobioréacteur de production intensive de biomasse algale pour la production de biocarburant de troisième génération. Le thème suscite également de l'intérêt dans le cadre de l'appel à projets GREENOMAT que j'ai lancé en novembre 2010.

    L'exploitation industrielle intensive de cultures d'algues comme source d'énergie émerge lentement du stade expérimental et en est encore à ses débuts pour la production énergétique. Les travaux de recherche dans ce domaine sont nécessaires notamment pour obtenir des procédés économiquement viables.

    En Belgique, le développement d'une filière « algues » ne sera envisageable qu'après, entre autres, l'identification de la ressource la plus adaptée (sélection des macro/micro algues), l'étude des conditions de culture (culture offshore, photobioréacteurs, récolte dans des bassins, ... ) et la mise au point des procédés d'extraction et de valorisation économiquement viables. Une des pistes privilégiées actuellement, dans le but de réduire les coûts de production des biocarburants d'origine algale, réside dans une production en synergie avec d'autres molécules ou produits à haute valeur ajoutée, que ce soit en chimie verte, phytoremédiation du CO2, nutrition, etc. Une autre piste est de cultiver Les micro-algues, consommatrices de CO2, à partir d'une source de CO2 industrielle; ces processus permettraient à la fois de diminuer les émissions de CO2 et la production de molécules aux diverses finalités.