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"En Wallonie, la géothermie profonde ne démarre pas"

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 1078 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 30/08/2011
    • de EERDEKENS Claude
    • à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité

    « L'Echo» du 22 juillet 2011 faisait état qu'en Belgique et donc en Wallonie, la géothermie profonde ne démarre pas.

    Sous la signature du journaliste Frédéric Thérin qui s'était rendu dans une ville allemande qui s'est lancée dans une expérience de géothermie profonde, à savoir la Ville de Unterhaching, la Wallonie qui avait fait figure de précurseur n'avance plus dans ce dossier, le journaliste de commencer l'un de ses articles par les mots « Un joli gâchis ... ».

    Selon cet article, cette expérience réalisée à Saint-Ghislain l'avait été il y a près de 20 ans, mais depuis ces forages, plus rien n'a été fait.

    La Wallonie ne possède en effet pas de cadastre de ses sous-sols ce qui empêche tout projet de géothermie profonde d'envergure.

    Monsieur le Ministre peut-il confirmer ces informations alarmistes et cette passivité de la Région wallonne dans le dossier de la géothermie profonde ?
    Pour quelles raisons n'a-t-on pas réalisé et ne réalise-t-on pas le cadastre des sous-sols à l'effet de vérifier la possibilité de l'exploitation de l'énergie provenant de la géothermie profonde ?
  • Réponse du 03/10/2011
    • de HENRY Philippe

    Le forage de Saint-Ghislain était, à l'origine, un forage d'exploration géologique de 5.000 m de profondeur. Il a rencontré un gisement d'eau à plus de 70°C à 2.500 m. Cette eau est artésienne et jaillit naturellement au-dessus du niveau du sol. Par la suite, trois autres forages ont été exécutés dans les environs en vue d'exploiter cette eau chaude. Deux sont actifs. Il ne s'agit donc pas d'un système géothermique classique "pompage - échangeur de chaleur - réinjection". Après récupération des calories, l'eau est rejetée en surface. A ce jour, ni les débits ni la température n'ont varié. En outre, si certains forages ont pu traverser la nappe chaude de Saint-Ghislain, ils ne sont pas arrivés, à l’époque entre autres pour des raisons techniques, à atteindre d'éventuelles nappes plus profondes.

    Les données relatives à la constitution du sous-sol sont collectées dans le cadre du Programme de Révision de la Carte géologique de Wallonie (1990–2018) et dans le cadre de la collecte des "Thématiques sous-sol" associées à la Carte (il ne s'agit pas d'un "cadastre du sous-sol"). Cette cartographie est très précise aux abords de la surface (échelle de 1/10.000), mais n'est déjà plus qu'interprétative dans les premières centaines de mètres. Plus bas, le peu de données disponibles ne permet pas une cartographie réellement représentative, à l'exception des bassins houillers. La modélisation des structures plus profondes nécessite des forages carottés et diagraphiés ainsi que des profils géophysiques, très coûteux (budget de centaines de milliers à quelques millions d'euros).

    Au stade actuel des connaissances, il est impossible de chiffrer le potentiel exact de la géothermie profonde en Wallonie. En effet, une connaissance précise du sous-sol profond est encore inexistante car très peu de forages profonds ont été réalisés à ce jour.

    Un des géologues de la Carte géologique recense les sondages et puits de mines décrits. Ce travail, en cours de finalisation, reprend 40 sondages et 89 puits de mines de plus de 1.000 m, 12 et 1 de plus de 1.500 m et seulement 11 sondages de plus de 2.000 m, 6 de plus de 2.500 m et 2 atteignant 5.000 m (Saint-Ghislain et Havelange). Une telle compilation des données n'existait pas jusqu'ici. L'essentiel des données profondes est concentrée sur les bassins houillers du Hainaut et de Liège-Herve (dont 424 puits de mines de plus de 500 m). Hors du sillon houiller, on ne compte que 14 sondages de plus de 1.000 m, 10 de plus de 1.500 m, 8 de plus de 2.000 m et les 6 de plus de 2.500 m et 2 de 5.000 m. Ce travail doit servir à divers projets : Carte géologique, géothermie, stockage souterrain de CO2, recherches et captage de gaz, etc.

    Afin de palier ce manque d’information relative au potentiel géothermique profond, le Ministre en charge de l’Energie a demandé à son administration de lancer un marché public afin d’établir la cartographie du potentiel wallon de la géothermie profonde. Le Service Géologique de Belgique en partenariat avec l’ULg et un bureau d’étude spécialisé dans les forages ont remporté ce marché en 2011.

    De même, un consortium porté par Ecorem travaillant en partenariat avec le Service Géologique de Belgique et le VITO a été chargé en décembre 2010, suite à un marché public non européen lancé à la demande du Ministre en charge de l’Energie, de la mission suivante :
    - identification des obstacles au développement de la géothermie profonde en Wallonie ;
    - formulation de pistes de solution pour y remédier.

    Par ailleurs, en sa séance du 14 juillet 2011, le Gouvernement wallon a notifié une note d’orientation relative à la géothermie profonde.