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Le fléau de l'alcool sur les campus universitaires

  • Session : 2010-2011
  • Année : 2011
  • N° : 393 (2010-2011) 1

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  • Question écrite du 20/09/2011
    • de PECRIAUX Sophie
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de la Santé, de l'Action sociale et de l'Egalité des chances

    La presse fait état d’un phénomène qui n’est pas nouveau, le fléau de l’alcool sur les campus universitaires.

    L'alcool sévit sérieusement sur les campus. Et son usage n'est pas sans effets sur la vie estudiantine. 

    Le Professeur Lorant, de l'Institut de recherche santé et société de l'UCL vient de coordonner une vaste étude menée auprès de 6 992 étudiants de l'UCL, interrogés sur base volontaire et via le web. Un échantillon non représentatif, certes. Mais qui permet de mieux appréhender ce phénomène à l'échelle d'un campus.

    L’enquête est révélatrice : plus d'un étudiant sur huit boit au moins quatre fois par semaine.

    L'alcool, on le sait, est néfaste pour la santé. C'est le 3e facteur de risques en termes de mortalité et d'invalidité, derrière l'hypertension et le tabagisme ; il peut mener à la dépendance, il agit sur les fonctions cognitives, etc.

    Et pourtant, pour huit étudiants sur dix interrogés, cette consommation est « sans conséquences négatives » sur leur vie.

    L'étude le confirme : pour certains l'alcool est un lubrifiant social, un facilitateur de relations, il permet de faire plus facilement connaissance (65 %) ; de blaguer de façon plus aisée (54 %) ; d’engager davantage la conversation (60 %)…

    Depuis plusieurs années, l'UCL a pris à bras-le-corps le problème. « Mais il faut aller plus loin encore, conclut le Pr Lorant : les politiques doivent s'emparer de ce problème de santé publique majeur. Il y a urgence. »

    Pour avoir participer activement avec mes collègues aux tables rondes que Madame la Ministre a organisées sur le sujet, je sais à quel point ce problème retient son intérêt.

    A-t-elle été mise au courant des résultats de cette étude, si oui quel est son avis sur la question ?

    Cela ne relèverait-il pas d’une approche conjointe avec sa collègue de la Santé de la Fédération Wallonie-Bruxelles et le Ministre de l’Enseignement supérieur afin d’aider les différentes universités à combattre ce fléau ?
  • Réponse du 14/10/2011
    • de TILLIEUX Eliane

    L’Université Catholique de Louvain-la-Neuve a mené, dès 2009, une large enquête  destinée à approfondir la connaissance et la compréhension de la consommation d’alcool chez les étudiants. Cette initiative, menée par huit mémorants, a vu le jour pour développer les actions sur le campus et mettre en place de nouvelles mesures de sensibilisation.

    Les résultats découlant de cette étude ont, bien entendu, retenu toute mon attention : l’impact néfaste du « binge drinking » sur la santé pouvant provoquer des dommages durables sur les cellules cérébrales, le manque de conscientisation des étudiants aux conséquences négatives liées à une forte consommation d’alcool, la tendance de la population estudiantine à boire plus pour « faire comme les autres », etc.

    Depuis plusieurs années, l’Université prend diverses mesures de prévention en rapport avec l’abus d’alcool, telles des formations à destination des responsables d’animation et des responsables de baptêmes, ainsi que des campagnes de sensibilisation, notamment avec l’appui du service « Univers Santé ».

    C’est pour ces différentes raisons que, depuis 2010, j’ai choisi de soutenir la mise en place d’une recherche-action développée par l’ASBL « Sésame ».
    Cette initiative concerne les jeunes fréquentant les festivals namurois, ainsi que les étudiants de l’enseignement supérieur et universitaire de la Ville de Namur.

    Il s’agit particulièrement de faire émerger une prise de conscience par rapport aux risques liés à la consommation d’alcool par les étudiants et d’éviter l’apparition de consommations régulières et excessives.

    Un comité d’accompagnement a été mis en place, afin d’évaluer les avancées de ce projet et l’impact qui en résultera auprès des étudiants.

    Plus largement, nous finançons des opérateurs actifs dans le domaine de la réduction des risques à destination des publics jeunes, dans le cadre d’évènements festifs où la consommation d’alcool est un phénomène omniprésent : Espace Synapse à Mons, Carolo Contact Drogues à Charleroi pour son projet « Safe Party » et Modus Vivendi pour son projet « Quality Night » ; pour ne citer qu’eux.

    L’axe relatif à la réduction des risques, comme l'honorable membre peut le constater, constitue une de mes priorités en matière d’assuétudes.

    Enfin, l’étude menée par l’UCL démontre surtout la nécessité d’accroître les actions de prévention à destination d’un large public.

    Comme l'honorable membre le sait et sans faire abstraction de la répartition des compétences, une politique globale et intégrée basée sur les trois piliers que constituent : la prévention, la réduction des risques et le traitement est une nécessité.

    Ainsi, mes homologues en charge de la santé à la Fédération Wallonie-Bruxelles et à la Commission Communautaire francophone et moi-même, avons décidé, à la suite de la conférence de consensus du 10 juin 2011 relative aux assuétudes, de mettre en place une « cellule politique francophone  santé-assuétudes », afin de tendre vers une harmonisation des politiques en la matière.

    Lorsque celle-ci sera effective, et en fonction des thématiques traitées, elle pourra élargir sa composition aux responsables politiques en charge d’autres matières. L’enseignement aura bien évidemment une place charnière dans les actions à mener au profit du public jeune.