/

L'habitat intergénérationnel

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 64 (2011-2012) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 14/10/2011
    • de de COSTER-BAUCHAU Sybille
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    D’ici à 2020, les 65 ans représenteront 19,1% des citoyens belges pour atteindre près de 25% en 2060. De plus en plus de ces personnes âgées sont confrontées à une grande précarité : maigres pensions, manque de places dans les maisons de repos,… D’un autre côté, de nombreux jeunes confrontés aussi aux problèmes de logement, de chômage,… Pourtant, une solution existe et qui « match » ces deux catégories de personnes : l’habitat intergénérationnel.

    Quels sont les moyens mis en place par la Région wallonne en vue de développer l’habitat intergénérationnel ?

    Quels sont les projets réalisés ou en cours de réalisation ?

    Y a-t-il des subventions pour ce type de projet ? Si oui, quel en est le montant ?
  • Réponse du 24/10/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    Le vieillissement de la population touche la Belgique comme l’ensemble des pays européens. 17,2% de la population belge a aujourd’hui plus de 65 ans. Plus d’un wallon sur 4 aura plus de 65 ans en 2050. Il apparaît aujourd’hui que les besoins en logements adaptés et en structure d’hébergement seront très importants dans les années à venir. On sait par ailleurs que le maintien à domicile des personnes âgées est d’une part un gage de bien-être pour la plupart d’entre elles ; d’autre part, il s’agit sans doute de l’option la plus réaliste sur le plan des finances publiques.

    Compte tenu de la conjoncture actuelle des jeunes ménages, je partage la volonté de l'honorable membre d’ouvrir une réflexion sur ce que l’on considère comme de nouveaux modes d’habiter, bien que l’habitat intergénérationnel soit finalement tout sauf une innovation. Il s’agit plutôt d’un retour à des pratiques qui ont longtemps eu cours, en Wallonie comme ailleurs, mais qui doivent dorénavant s’adapter à de nouvelles conventions en matière d’habitat et répondre à une certaine forme de choix, ce qui n’était sans doute pas le cas des générations cohabitantes des décennies passées.

    Favoriser la solidarité intergénérationnelle devient une opportunité pour la Wallonie, qui détient là une richesse humaine, une source incontournable d'apprentissage, de soutien et de conseils pour les plus jeunes. Les avantages de la cohabitation intergénérationnelle ne sont plus à démontrer.

    Comme le précise la Déclaration de politique régionale, le Gouvernement wallon ouvre les voies qui sont aujourd’hui citées dans la question. D’un côté, il s’est engagé à mettre davantage de logements décents et accessibles financièrement sur le marché locatif puisque tous les indicateurs montrent qu'il existe une pénurie de logements en Wallonie, couplée à une diminution de la taille des ménages candidats au logement (multiplication des familles monoparentales, allongement de la durée de vie).

    D’un autre côté, le gouvernement s’est fixé l’objectif d’assurer une véritable place pour les aînés, auxquels nous nous devons d’assurer respect et dignité, notamment en leur réservant une qualité de vie répondant à leurs intérêt et besoins. Dans ce contexte, le développement de solidarités complémentaires aux mécanismes des politiques sociales est à encourager, permettant du coup aux seniors de s’inscrire pleinement dans la vie économique, sociale, politique et familiale.

    Réunissant ces deux objectifs, un pas supplémentaire a été franchi par le gouvernement qui s’est posé comme priorité de promouvoir la solidarité dans le logement, à travers des formules comme l’«habitat kangourou» ou les ensembles intergénérationnels.

    Il faut souligner également que le Gouvernement wallon s’est chargé de plaider auprès du Gouvernement fédéral l'individualisation des droits sociaux, condition sans laquelle la cohabitation s’avère parfois impossible, pour les personnes les plus précarisées bénéficiant de revenus de remplacement.

    En termes d’aides financières, je rappelle que le Fonds du Logement octroie des prêts lorsque des personnes souhaitent effectuer des aménagements nécessaires à l’accueil, au sein de leur domicile, d’un parent vieillissant. Il faut toutefois noter que ces prêts doivent être complètement amortis, comme tous les prêts du Fonds du Logement, au moment où l’emprunteur atteint l’âge de 70 ans. Il n’est donc a priori pas un outil à destination des aînés qui voudraient eux-mêmes aménager leur logement en vue de le partager mais il constitue néanmoins un outil de développement de l’habitat intergénérationnel.

    D’autres formes de soutien sont apportées par la région, comme des subventions exceptionnelles pour le développement de ce type de projets. C’est le cas à Perwez, pour un projet en cours de réalisation par la SLSP Notre Maison.

    Dans le cadre de l’appel à projet Habitat durable, que j’ai lancé en 2010, le gouvernement a aussi décidé de soutenir d’autres initiatives, comme un habitat groupé intergénérationnel situé en plein centre du village de Charneux, dans la commune de Herve, pour lequel la commune a bénéficier d’un soutien de 200.000 euros. D’autres propositions m’ont été soumises dans le cadre de l’appel à projet Habitat durable 2011, et je suis certain qu’il s’agira là d’une nouvelle opportunité de confirmer cette volonté gouvernementale.

    Conformément à la perspicace étude menée sur l’habitat solidaire dans le cadre de la politique des grandes villes, je pense qu’il serait utile d’encadrer juridiquement ces formes d’habitat intergénérationnel afin de ne pas pénaliser la solidarité qui se met en place entre les différents occupants. S’il m’apparaît essentiel d’investir dans ces formes d’habitat, cela ne doit pas se faire n’importe comment. C’est pourquoi j’ai confié à l’UCP, mouvement social des aînés, une recherche sur l’habitat partagé. Une publication sur le sujet est ensuite prévue. J’ai bien l’intention de poursuivre l’analyse des pistes de réflexion sur ce type d’habitat solidaire, en collaboration avec les acteurs concernés. Je pense que la recherche réalisée par l’UCP devrait nous permettre d’avancer dans cette voie.