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"La Belgique, deuxième pays le plus cher en électricité !"

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 211 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 22/11/2011
    • de EERDEKENS Claude
    • à NOLLET Jean-Marc, Ministre du Développement durable et de la Fonction publique

    « La Belgique, deuxième pays le pus cher en électricité ! », Ainsi titrait « L'Echo» dans son édition du 27 octobre 2011.

    Il est évident que la libéralisation ratée de l'électricité en Belgique réalisée par les gouvernements fédéraux et régionaux durant la législature 1999-2004 porte une très lourde part de responsabilité dans le dérapage du prix de l'énergie qui fragilise les ménages les plus défavorisés ainsi que les bas et moyens revenus. Cette situation handicape aussi la compétitivité des entreprises wallonnes.

    Depuis plus de 2 ans, toutes les conditions sont réunies pour une aggravation du coût de l'énergie en Wallonie pour les entreprises et les ménages.

    Selon la CREG, la fermeture des neuf derniers réacteurs nucléaires en Allemagne va entraîner à l'horizon 2022 une hausse de l'électricité en Belgique de 20 % par rapport au prix actuel sur la seule fermeture de neuf réacteurs nucléaires extérieurs à la Belgique et qui concernent la seule Allemagne.

    A-t-on pu chiffrer le coût à la hausse de la non prolongation des réacteurs nucléaires en Belgique et notamment des trois réacteurs en place à Tihange si, effectivement, ils doivent cesser leurs activités à la date prévue par la loi fédérale sur l'arrêt des réacteurs nucléaires?

    Quel sera le coût supplémentaire en Wallonie de cette décision fédérale belge s'ajoutant à la décision de l'Allemagne?

    A-t-on pu chiffrer le coût pour le citoyen consommateur d'énergie au niveau de son ménage et pour les entreprises de la multiplication des énergies dites « alternatives », qu'il s'agisse de panneaux photovoltaïques ou d'éoliennes que l'on voudrait d'ici une dizaine d'années multiplier par quatre pour en porter le nombre à 1.000 en Wallonie?


    Est-il concevable, compte tenu des mesures prises sur le plan énergétique par la Wallonie, que nous connaissions dans 10 ans un prix de l'électricité qui soit pour les Wallons et les entreprises wallonnes deux à trois fois supérieur au prix pratiqué en France?

    Monsieur le Ministre est-il conscient que la situation actuelle avec les décisions que l'on prend au quotidien vont, à terme, précipiter les Wallons et les Wallonnes dans une chute de leurs revenus et les entreprises wallonnes dans une absence de compétitivité par rapport à des pays étrangers moins dogmatiques sur le plan de l'énergie?
  • Réponse du 12/12/2011
    • de NOLLET Jean-Marc

    Il faut préalablement rappeler que l’Etat fédéral est compétent pour les matières dont l’indivisibilité technique et économique requiert une mise en œuvre homogène sur le plan national. Le cycle de combustible nucléaire fait partie de ces matières.

    En ce qui concerne l’impact sur le prix du KWh en Wallonie de la décision du Gouvernement de centre-droite allemand de fermer sept réacteurs nucléaires, de ne pas remettre en marche un réacteur qui était déjà à l’arrêt et, enfin, de fermer l’ensemble des autres réacteurs d’ici 2022, je renvoie l'honorable membre vers ma réponse à sa question écrite n°90 du 24 octobre 2011 sur le même sujet.

    En ce qui concerne l’impact sur le prix du KWh à la suite de la fermeture des réacteurs nucléaires belges, il faut souligner que le prix de vente de l’électricité ne dépend pas du coût de production de l’électricité nucléaire. Dans le contexte de libéralisation actuel au niveau européen, les prix de marché de gros (wholesale) suivent des valeurs fixées par les coûts de production variables de la centrale de production marginale. Or, les centrales nucléaires sont techniquement incapables d’assurer la production de pointe, ou production marginale, et assurent donc la production de base. La production de pointe, ou marginale, est principalement assurée par des centrales au gaz. C’est donc sur la base de la production d’électricité avec le gaz qu’est fixé le prix de gros, pas sur la base des coûts du nucléaire.

    A terme, c’est donc avant tout l’augmentation du coût des combustibles fossiles (due à leur raréfaction) qui va être déterminante pour le prix de l’électricité. La sortie du nucléaire ira de pair avec une augmentation de l’efficacité énergétique et un développement massif des énergies renouvelables, qui offrent la seule réponse structurelle pour prévenir une envolée des prix de l’électricité. Ne l’oublions pas : un jour ou l’autre, que l’on le veuille ou non, les réacteurs nucléaires devront fermer et des capacités de remplacement devront être construites et le réseau devra être adapté.

    Par ailleurs, le prix d’achat de l’électricité n’est qu’une des composantes du prix final de l’électricité. Il faut y ajouter le prix du transport, de la distribution et des taxes et redevances.

    Récemment, la presse s’est fait l’écho d’une actualisation par la CREG d’une étude de septembre 2010 relative à ‘l’impact de l’arrêt de centrales nucléaires sur le prix de vente de l’électricité au client final domestique’. Les calculs présentés sont malheureusement basés sur une formule obsolète de prise en compte des coûts des « combustibles ». Cette formule génère, en effet, une rente pour le secteur nucléaire en poussant fallacieusement les prix à la hausse. La CREG la définit d’ailleurs elle-même comme non pertinente et la plupart des fournisseurs ne l’utilisent pas ou plus.  De plus, la CREG calcule l’impact qu’aurait une fermeture immédiate des 3 plus anciens ou de la totalité des réacteurs nucléaires sur les prix payés par les consommateurs résidentiels. Il s’agit de scénarios qui diffèrent nettement du cadre prévu par la loi de sortie du nucléaire de 2003 qui fixe une fermeture progressive des réacteurs.  Enfin, les conclusions de l’étude de la CREG ne sont valables que pour les clients d’Electrabel.

    Rappelons qu’en choisissant bien son fournisseur d’électricité (cf. simulateur tarifaire de la CWaPE), ce sont plusieurs dizaines d’euros que l’on peut épargner chaque année sur sa facture d’électricité.