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Les attaques de l'association Coalition nature vis-à-vis du SPW concernant la chasse au castor

  • Session : 2011-2012
  • Année : 2011
  • N° : 178 (2011-2012) 1

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  • Question écrite du 28/11/2011
    • de MOUYARD Gilles
    • à LUTGEN Benoît, Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture, de la Ruralité, de la Nature, de la Forêt et du Patrimoine

    La presse a récemment fait état d’un véritable conflit opposant le SPW et des associations regroupées au sein de la Fédération coalition nature concernant la problématique de la destruction du castor en Wallonie.

    En dénonçant le recours à la destruction de ces animaux sur certains sites, ces organisations pointent du doigt l’inspecteur général du DNF à qui elles reprochent des décisions arbitraires notamment en ce qui concerne la destruction de site d’implantation des castors mais également dans la délivrance de permis de destruction.

    Cette fédération, soutenue par Natagora, va plus loin que la simple déclaration puisqu’elle entend attaquer les décisions du SPW mais également réclamer des dommages à l’inspecteur général et des mesures disciplinaires à son égard.

    Le SPW quant à lui argumente en indiquant que ces opérations n’ont été que minimes et dans des cas nécessaires.

    Monsieur le Ministre dispose-t-il de plus d’informations sur ce dossier ? Quelle est sa position ?

    Cette problématique relève aussi la question de la réintroduction non naturelle des castors en Wallonie. Cette méthode n’est-elle pas à l’origine des problèmes rencontrés aujourd’hui à certains endroits ?
  • Réponse du 19/12/2011
    • de LUTGEN Benoît

    Le castor est le plus gros rongeur de Wallonie. Disparu de nos contrées à la fin du 19e siècle, il est de retour chez nous, suite à une réintroduction illégale en 1998.

    Cette espèce adapte son environnement (abattage d’arbres, construction de barrages) en fonction de ses besoins vitaux et pour améliorer sa circulation dans l’eau. Il agit ainsi directement et positivement sur l’écosystème et sur les possibilités de développement de nombreuses autres espèces.

    Moins de 15 ans après cette réintroduction, la population wallonne de castors est estimée à plus de 1 000 individus et plus de 250 sites permanents ont été répertoriés. Ce développement commence à montrer ses limites. La présence de castors peut provoquer des risques pour la sécurité :
    1° le creusement des terriers dans les berges des étangs avec un risque important de fuites allant jusqu’à la rupture des digues. Vous pouvez imaginer qu’en cas de rupture d’une digue d’un plan d’eau important, l’afflux massif et incontrôlé de masse d’eau vers l’aval peut mettre en péril la sécurité des biens et des personnes.
    2° l’installation de barrages : ceux-ci peuvent entraîner, en amont, des inondations d’habitations, de routes, de voies de chemin de fer et de terrains forestiers et agricoles.
    Ces barrages sont aussi susceptibles d’entraver le bon écoulement des cours d’eau, particulièrement en période de crues, entraînant des risques accrus d’inondations des propriétés.
    3° la coupe d’arbres à très haute valeur économique, de dimension parfois importante, tels des chênes, des aulnes glutineux, des peupliers….Outre la perte économique, cela peut présenter un danger pour la sécurité des personnes et des biens, notamment en bordure de voirie ou dans des endroits proches d’habitations.

    Au vu des difficultés de coexistence du castor avec son milieu, l’espèce, bien que protégée mais qui n’est plus menacée de disparition chez nous, comme à l’échelon européen, est gérée et ce d’autant que la régulation naturelle du castor est impossible en Wallonie dans la mesure où ses prédateurs comme l’ours brun, le loup, le lynx, ne sont pas présents chez nous.

    A l’instar d’autres pays européens, tel l’Allemagne en Bavière qui prélève, par piégeage et tir à l’arme à feu, plus de 500 castors sur une population estimée à 12 000, une régulation est permise en Wallonie.

    Dans ce contexte, le 22 juin 2010, le Conseil supérieur wallon de la conservation de la nature (6 représentants d’associations environnementales, 6 scientifiques et 6 représentants de Conseils tels que le Conseil supérieur wallon des Forêts, le Conseil supérieur de la Pêche, le Conseil wallon de l’Environnement pour le Développement durable,…) s’est prononcé favorablement sur une stratégie générale de gestion du castor.

    Cette stratégie s’articule dans un premier temps, sur la mise en œuvre de moyens de prévention. Lorsque ceux-ci se révèlent insuffisant pour protéger la sécurité des biens et des personnes, l’administration octroie des autorisations de régulation de castors.