L’évaluation des filières EFT
- Session : 2011-2012
- Année : 2012
- N° : 208 (2011-2012) 1
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Question écrite du 10/01/2012
- de DISABATO Emmanuel
- à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports
Les Entreprises de formation par le travail (EFT) assurent la formation de stagiaires en recourant à une pédagogie spécifique. Elles offrent une formation générale et technique adaptée aux besoins individuels en lien avec la réalisation d'un travail productif. Les stagiaires bénéficient en outre, d'un accompagnement psychologique et social.
Comme Monsieur le Ministre le sait, le recours à une pédagogie adaptée, basée sur l'apprentissage par le travail par niveau progressif, permet au public d'acquérir de réelles compétences. Cette pédagogie alliée à l'accompagnement social, est un tremplin vers le monde du travail. La souplesse des horaires permet une adaptation en douceur aux exigences de la vie sociale et professionnelle.
Les EFT sont agréées par la Région wallonne et fonctionnent sous forme de filières. En effet, chaque EFT dispose de différentes filières réparties en heures de formation. Elles reçoivent ainsi une subvention de la Région pour chaque filière. Il semblerait que certaines filières soient plus porteuses que d’autres. Dans ce cadre, certaines filières se voient accueillir un grand nombre de stagiaires alors que d’autres ont les plus grandes peines du monde à trouver des personnes désireuses de suivre un module de formation. Il est important de signaler que ces filières qui connaissent des difficultés demeurent très importantes.
Je souhaiterais savoir comment Monsieur le Ministre compte évaluer les EFT ? Envisage-t-il le travail global ou une évaluation plus spécifique pour chaque filière ?
Réponse du 10/05/2012
- de ANTOINE André
Une triple question est posée que je pourrais résumer comme suit :
Comment amener des candidats à la formation vers des filières de formation « porteuses » (métiers en demande – filières vertes…) ?
Comment évaluer la pertinence des filières de formation et vérifier qu’elles répondent bien aux besoins à la fois des personnes et des entreprises ?
Comment évaluer les résultats des filières de formation, pour l’ensemble d’un secteur ou, plus spécifiquement filière par filière ?
Les deux premières questions me semblent générales et peuvent être appliquées à tous les organismes et réseaux de formation. La troisième est spécifique au secteur des EFT OISP.
1° En ce qui concerne la sensibilisation des publics aux métiers porteurs, la promotion des offres de formation qui y correspondent et l’orientation des publics vers ces offres (dans le respect de leur personnalité et de leur potentiel), je soutiens plusieurs initiatives qui ont été prises dans le cadre du plan Marshall 2.vert ;
* via les Carrefours Emploi Formation, l’organisation de séances d’information et de sensibilisation aux métiers techniques, métiers « verts » et métiers en demande. Cette action a déjà permis d’informer et de sensibiliser 32.000 personnes pour la plupart demandeurs d’emploi.
* via le Forem et l’IFAPME, et très prochainement les OISP/EFT, d’organiser les essais métiers afin de permettre à des demandeurs d’emploi de s’essayer à la pratique d’un ou de plusieurs métiers avant de faire un choix de formation ou de recherche d’emploi. Aujourd’hui, 1.740 demandeurs d’emploi ont eu l’occasion de profiter de ce dispositif.
Je compte beaucoup sur ce travail de fonds pour que de plus en plus de demandeurs d’emploi s’orientent, en connaissance de cause, vers les métiers et fonctions qui leur correspondent et qui sont susceptibles de leur offrir de réelles perspectives d’emploi.
Je suis cependant bien conscient que ce travail ne permettra pas de résoudre à lui seul les difficultés de recrutement que connaissent certains opérateurs. En effet, d’autres facteurs interviennent : le volume d’offres disponibles sur le territoire ou la concurrence entre opérateurs, la pénibilité de certains métiers, les pré-requis nécessaires que ne possèdent pas certains publics… ces autres facteurs doivent également être pris en compte.
2° En ce qui concerne la pertinence de l’offre en regard des besoins, et suite à l’évaluation du secteur des EFT OISP je retiens la recommandation faite par Comase de travailler à un meilleur équilibrage territorial de l’offre de formation et de fournir, aux opérateurs mais également à tous les acteurs impliqués dans l’agrément et le financement de l’offre de formation, un cadastre de l’offre existante en Wallonie, un état des besoins du public et une analyse, régulièrement mise à jour, des emplois disponibles pour les publics « peu qualifiés ». La mise en œuvre progressive de ce projet est actuellement à l’étude dans le cadre des groupes de travail qui font suite à l’évaluation du secteur.
3° Enfin, toujours dans la poursuite des travaux liés à l’évaluation du secteur des EFT OISP et la conception d’un nouveau décret, la question de l’évaluation des actions de formation est centrale.
Comme l’honorable membre l’évoque, une double évaluation est nécessaire. D’abord une évaluation par type d’action mise en œuvre par le secteur : orientation, formation transversale de base et alphabétisation, formation « métiers » et une évaluation de chacune des filières. Dès lors seront précisés dans le prochain décret les critères et indicateurs d’évaluation des filières de formation - dont les EFT – en fonction de leurs objectifs.
Ce travail, auquel sont associés l’administration et le secteur, doit permettre à chaque EFT (mais aussi les OISP) d’évaluer les résultats de son action, et aux services d’inspection, de s’appuyer sur une grille d’évaluation qui, outre les éléments administratifs et quantitatifs, aborde les critères qualitatifs, pédagogiques et de résultat.
Je compte revenir prochainement sur ces questions, à l’occasion de la présentation d’une note d’orientation sur les évolutions envisagées dans le cadre d’un nouveau Décret des Organismes d’insertion socioprofessionnelle (dont les EFT) qui ne manqueront pas de préciser les options envisagées en matière d’évaluation.